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Un jour sans satellites

Nous sommes devenus «spatio dépendants» sans en mesurer vraiment les conséquences. Et si l’on commençait à s’intéresser sérieusement à ces engins célestes?

Que savez-vous des satellites? A quelle altitude se déplacent-ils? Combien sont-ils? Qui en a la responsabilité? A quoi servent-ils? Notre ignorance à leur égard est abyssale.

Ram S. Jakhu, le modérateur de la session de l’Open Forum du WEF intitulée «Une journée sans satellites» a raison: «Les gens ne savent pas grand chose de ces engins. Pourquoi? Parce qu’ils sont invisibles», constate-t-il en guise d’ouverture d’un débat captivant.

Invisibles mais indispensables au fonctionnement de notre «village» devenu global, ils évoluent en orbite géostationnaire, à quelque 36’000 kilomètres de la terre. Près de 90% d’entre eux sont au service des télécommunications (GPS, téléphonie, télévision, radio, internet). Les satellites météorologiques, les satellites d’alerte avancée et les relais pour les activités spatiales constituent les 10% restants.

Une panne des satellites aurait de graves conséquences. Les transports, la téléphonie mobile, les infrastructures internet, les systèmes financiers, l’industrie, l’agriculture s’en trouveraient affectés.

Géraldine Naja, de l’Agence spatiale européenne, s’emploie à décrire des usages insoupçonnés de ces objets volants: le «disaster management» (prévision des incendies de forêt, sécheresse du sol, éruptions volcaniques, tornades et ouragans), la gestion grâce au «rapid mapping» des équipes de secours lors de tremblements de terre ou d’inondations, l’éducation qui tombe du ciel, en Inde principalement, ou encore les conseils médicaux prodigués à distance dans des régions périphériques.

Michel de Rosen, CEO d’Eutelsat, propriétaire de 28 satellites, illustre l’impact dramatique d’un arrêt des écrans. En Afrique, 20% des emplois en dépendent et à l’échelle mondiale, le coût serait énorme. «N’oublions pas les conséquences militaires», renchérit Brian Weeden de Secure World Foundation. Et de rappeler le rôle joué par «Sentinelle Sat» au Sud-Soudan: quand les satellites montrent du doigt les exactions d’un régime.

Evoquer les conséquences d’un jour sans satellites n’est pas un scénario de pure science fiction. Le risque de panne est loin d’être nul. Les signaux émis par les satellites peuvent facilement être brouillés par un parasitage volontaire ou par des interférences naturelles (comme la récente éruption solaire). L’automne dernier, des Canadiens en ont fait l’cialis dosage information.

Avec la multiplication des satellites, l’orbite terrestre commence à être bien encombrée. Outre les satellites actifs, elle est envahie de débris provenant d’anciennes fusées ou de vieux satellites prisonniers de l’attraction. Une déchetterie en apesanteur enrobe notre planète.

«Or, une pièce de quelques centimètres peut gravement endommager des satellites, somme toute très vulnérables. La fragilité de l’espace nous confronte à nos responsabilités», relève Ray Johnson, de Lockheed Martin Corporation. Le sujet est d’actualité, avec des satellites canadiens menacés en ce moment par des tadalafil proper dosage.

En cas de défection partielle ou totale des moyens spatiaux, notre société technologique ne pourrait tout simplement plus fonctionner. Nous sommes devenus «spatiodépendants», admettent les quatre débatteurs.

L’absence de contrôle démocratique entraîne des déséquilibres: faute de posséder leurs propres satellites, les Etats se transforment eux-mêmes en satellites des grandes puissances.