LATITUDES

Vers l’interdiction du capuchon

Des stades de foot suisses aux émeutes londoniennes, capuchon rime avec baston et contestation. Des voix s’élèvent pour réclamer l’interdiction de cet accessoire qui permet de ne pas être identifié. Histoire.

Emeutiers, hooligans, gangsters, religieux, rappers ou fashionistas, tous portent un capuchon. Partie d’un sweat noir, entouré de fourrure sur des parkas, le capuchon assure des fonctions diverses.

Du latin «capuce», il était destiné originellement à embellir la tête des femmes puis à réchauffer celles des hommes ou à signaler leur appartenance à une congrégation. Les rebelles en ont fait une pièce maîtresse de leur garde-robe. On pense bien sûr aux rappers, mais aussi à Guillaume Tell. Notre héros national ne portait-il pas une tenue à capuche? «Ils n’avaient pas d’uniformes, juste des capuches de parka tombées sur le visage. Ils couraient de ruelles en jardinets, un fusil d’assaut ou un pistolet en main», relève le journaliste Sorj Chalandon en parlant des combattant irlandais de l’I.R.A. (dans le livre «Mon traître»).

Les images des banlieues parisiennes enflammées, en 2007, montraient déjà des jeunes encapuchonnés. Cela leur permettait de détourner l’interdiction de port de la cagoule tout en cachant néanmoins leur visage et leurs cheveux. Au Royaume-Uni, le port du capuchon, devenu symbole de menace, a été interdit («hoodie ban») dès le début des années 2000 dans des écoles ou des centres commerciaux.

Que de vols sont commis, depuis quelques années, par des voleurs au crâne et au visage dissimulés par des capuchons. Du quai des Bergues à Genève à la gare de Porrentruy, les récents cambriolages de magasins ont été le fait de personnes signalées comme «portant un capuchon». Pas étonnant dès lors que cette pièce de vêtement soit devenue l’attribut par excellence du délinquant aux yeux de tout un chacun.

Cet été, les émeutiers londoniens sont venus renforcer ce cliché. «La manière de s’habiller est politique. Elle permet aux gens de se façonner une image qu’ils imposent aux autres. Cacher son visage et ses cheveux n’est pas anodin: les cagoules des paramilitaires d’extrême droite, les bandanas ou les casquettes rabattues sur les yeux reflètent une volonté d’anonymat et un refus de l’identification. Aujourd’hui, la capuche est clairement associée à la nouvelle génération de reclus du Royaume-Uni», a souligné Kevin Braddock dans le quotidien «The Guardian».

Le phénomène a traversé la Manche et n’épargne pas la Suisse. Les actes graves commis le 2 octobre dernier au stade du Letzigrund l’ont été par des hooligans vêtus de capuchons noirs. Depuis, les cantons examinent comment renforcer leur arsenal de lutte contre ces voyous. Parmi les mesures envisagées figure l’interdiction de port du capuchon. Une réponse logique à ce moyen aisé d’éviter d’être identifié, de se fondre dans la masse, de déjouer les omniprésentes caméras de surveillance et d’échapper à des sanctions.

Interdits peut-être dans certains lieux chauds, les capuchons n’en seront pas moins très présents cet automne car ils s’inscrivent dans tout un ensemble de vêtements choisis par les jeunes, plus particulièrement les garçons, pour se rendre invisibles. Détournés par les uns avec sur le thorax le slogan «J’ai survécu aux émeutes de 2011», adulés par d’autres qui se constituent en communauté des «amoureux des capuchons», tous les capuchons ne signifient pas que ceux qui les portent sont prêts à faire un «mauvais coup». David Cameron semblait l’avoir compris en lançant avant les émeutes un cialis dosage sizes à un peu plus d’amour à l’égard des «hoodies», ces révélateurs d’un malaise social.