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«Oblivionaire» et les autres mots de juin

Le langage révèle l’époque. Notre chroniqueuse s’interroge ce mois-ci sur l’usage des termes «oblivionaire», «capsule» et «ventre».

Oblivionaire

Ce nouveau mot anglais a été inventé par Rohana Khattak, une Pakistanaise de seize ans habitant Islamabad. Il lui a permis de remporter un concours organisé par le «New York Times». Ce printemps, cialis 4cpr riv 10mg à des étudiantes et étudiants de créer des néologismes, pour combler l’absence de mots permettant d’évoquer des situations et des sentiments partagés par tout un chacun en ce moment.

Un oblivionaire (de «oblivious», inconscient et «billionnaire», milliardaire) désigne une personne riche qui choisit d’ignorer les inégalités présentes dans le monde et contribue à les creuser. Une définition pas si éloignée de celle des «hommes de Davos» que l’on doit à l’économiste Samuel Huntington et reprise par Peter Goodman dans son ouvrage consacré aux participants au World Economic Forum. Pour le journaliste américain, auteur de «Davos Man. How the Billionaires devoured the World», «l’homme de Davos» appartient à la catégorie des «milliardaires qui sont persuadés que leurs affaires transforment le monde pour le meilleur, mais dont l’effet est de créer les conditions permettant de redistribuer les profits à ceux qui en ont le moins besoin». Sa fin, et celle des oblivionaires, serait-elle proche? Le magazine britannique «The Economist» s’interroge.

Capsule

Prononcer le mot capsule, ça fait déjà pschitt. Sa consonance a sans conteste quelque chose d’énergisant. Cela explique-t-il son succès au sortir de la pandémie? Déjà au bénéfice de plusieurs acceptions, capsule (du latin «capsula», petite boîte) s’enrichit de nouvelles significations qui éclosent dans des registres très divers.

On connaissait les capsules qui ferment les bouteilles, les capsules solubles de médicaments, les capsules d’un véhicule spatial et –«what else?»–, celles de Nespresso. S’y ajoutent désormais les capsules vidéo et audio, les capsules collection de mode, les capsules de carburant, les capsules temporelles, les capsules informatiques et toutes celles que vous avez ou allez repérer prochainement. Car le marketing mise sur les capsules, à l’image d’Audemars Piguet qui vient de présenter sa collection capsule dans une pseudo capsule spatiale déposée en primeur à la gare de Zurich, avant qu’elle ne s’envole pour de grandes capitales. Et si on modifiait l’appellation de cette chronique en «Capsules lexicales de juin» pour bénéficier d’un effet pschitt?

Ventre

Cet été, nous assisterons à une parade de ventres à l’air. Tendance «bellycious» oblige! Il y a une vingtaine d’années, la mode nous avait déjà réservé ce genre de nudité dévoilée par de minuscules t-shirts. Aujourd’hui, ce sont plutôt les «crop tops» et les soutiens-gorge portés comme des hauts qui font apparaître les nombrils. Mais personne ne parle plus d’indécence. Les regards se désexualiseraient-ils? Le Tribunal de police de Lausanne vient d’acquitter six militantes féministes qui avaient manifesté seins nus, en ne retenant pas l’accusation d’habillement contraire à la décence publique.

La génération Z imite les influenceuses qui déballent à tout-va leurs ventres plats et toniques. Les femmes lambda, quant à elles, n’y voient pas un aspect libérateur, mais plutôt un prix à payer. Un «Kardashian stomach», c’est pas donné! Difficile pour elles d’assumer avec insouciance leurs «imperfections» anatomiques. TikTok s’en est fait l’écho avec des messages jugeant sexistes et discriminatoires l’exhibition de cette nudité abdominale.