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«Lausanne tient une place importante sur la planète échecs»

Georges Bertola, ancien joueur suisse de haut niveau, continue de propager, depuis Lausanne, la bonne parole du «roi des jeux».

Les échecs sont-ils un jeu ou plus que ça ?

Georges Bertola: Cette discipline, née au VIe siècle en Inde et arrivée en Occident quatre siècles plus tard, n’est pas tout à fait un jeu, car le hasard n’y a pas sa place. Ce n’est pas non plus tout à fait une science, malgré sa complexité. On dit que c’est le « roi des jeux et le jeu de rois » tant il y est finalement question de stratégie. Aujourd’hui, c’est presque plus un sport. Avec les progrès de l’informatique, on ne peut plus ajourner une partie et certaines peuvent donc durer sept heures!

Comment êtes-vous devenu un spécialiste de la question?

J’ai découvert les échecs à 13 ans grâce à un camarade. Son père, prof de maths, s’était mis en tête de faire de lui un bon joueur. Ce fut une révélation. De nos jours, 13 ans, c’est déjà trop âgé pour espérer devenir un maître. Les meilleurs jouent déjà huit heures par jour à la préadolescence ! Malgré cela, j’ai atteint un bon niveau suisse avec 2200 points Elo (système international d’évaluation des joueurs d’échecs comparable aux points ATP pour le tennis, ndlr) à ma grande époque. Les meilleurs joueurs mondiaux tournent désormais à 2800 points et les ordinateurs à 150 de plus.

Comment en êtes-vous venu à écrire sur ce jeu?

En 1972, le championnat du monde a vu s’affronter, en Islande, le challenger américain Bobby Fischer au tenant du titre, le Russe Boris Spassky. À partir de cet événement quasi géopolitique, la presse suisse a commencé à vouloir écrire sur les échecs. Mais vu qu’il n’y avait pas de journaliste véritablement connaisseur, on a fait appel à moi. Je possède désormais à mon domicile de Bussigny l’une des plus grandes bibliothèques sur le sujet, riche de 15 000 ouvrages.

Quelle place a Lausanne sur la planète échecs?

Une place importante, car c’est là que se trouve la Fédération internationale des échecs (FIDE), qui fêtera son centenaire en 2024. Six éditions du Lausanne Young Masters avaient aussi été organisées au début des années 2000. Dix des meilleurs joueurs du monde actuels y ont participé ! En 1998, le Russe Anatoli Karpov est devenu champion du monde à Lausanne face à l’Indien Vishi Anand. Et en 2020, le FIDE Women’s Grand Prix a réuni les meilleures joueuses mondiales dans la capitale vaudoise. Notons encore que notre syndic Grégoire Junod lui-même joue aux échecs.

Quelles sont les tendances actuelles?

Le centre de gravité du jeu s’est déplacé en Asie. On trouve d’excellents joueurs en Inde, en Chine et même en Ouzbékistan. La triche est malheureusement devenue bien plus courante grâce à l’informatique et l’aide de complices. Malheureusement aussi, les gens jouent aujourd’hui souvent en ligne plutôt qu’en face à face, ce qui n’empêche pas certains clubs, comme celui d’Échallens, de rester dynamiques. Le niveau féminin a explosé. Judit, l’aînée des sœurs hongroises Polgár, a par exemple tutoyé un temps le top 10 mondial. La série Netflix Le jeu de la dame a popularisé notablement notre jeu, même si on est encore loin du boom consécutif au mythique duel Fischer – Spassky.

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Ses adresses

Le Musée Olympique (Quai d’Ouchy 1, Lausanne): «Tous les grands joueurs d’échecs internationaux qui viennent me voir demandent à le visiter. C’est un incontournable. Cette popularité inattendue montre que les échecs sont vus par beaucoup comme un sport.»

La Croix d’Ouchy (Avenue d’Ouchy 43, Lausanne): «J’aime l’ambiance un peu brasserie et la cuisine de ce restaurant lausannois incontournable. Son emplacement entre le centre et le lac est idéal.»

Le stade de la Pontaise (Route des Plaines-du Loup 7, Lausanne): «Le meeting Athletissima reste un must. Son fondateur, Jacky Delapierre, a un réseau incroyable dont il m’a fait profiter pour des manifestations d’échecs. Une telle figure manque en Suisse romande pour notre jeu.»

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 11).