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Les Verts dans les choux

À trois mois des élections fédérales, les écologistes sont donnés comme les grands perdants. Un comble si l’on sait que le réchauffement climatique est devenu la préoccupation numéro un des Suisses.

C’est mal parti pour un siège vert au Conseil fédéral. Strapontin pourtant réclamé à hauts cris par les écologistes depuis le départ annoncé d’Alain Berset. Sauf qu’à trois mois des élections, un sondage de l’institut Sotomo, réalisé pour la SSR, place les Verts dans le camp des perdants, avec un recul de 3% par rapport au score – certes exceptionnel – obtenu en 2019 (13,2%, contre 10,2% aujourd’hui d’intentions de vote).

Le même sondage indiquant que la préoccupation numéro un des Suisses, devant la hausse des primes maladies, la sécurité et l’immigration, reste le réchauffement climatique et la transition énergétique, il semble difficile de ne pas penser – même avec toute la bienveillance du monde –, que la formation écologiste soit un tantinet à côté de la plaque.

On peut avancer plusieurs explications à cette glissade des Verts. L’écologie punitive a certes beaucoup de la tarte à la crème, du reproche facile et automatique, mais elle rebute, au-delà du cliché, sans doute bon nombre de citoyens qui n’ont pas les moyens de la vertu énergétique.

Sans doute aussi que les écologistes ont dépensé beaucoup d’énergie et de salive sur des thèmes électoralement peu porteurs. On peut le déplorer, mais si l’on en croit la même enquête, l’égalité des sexes ne semble empêcher de dormir que 5% des Suissesses et des Suisses.

On écartera en revanche le soupçon que la naïveté, ou la bêtise, comme on voudra, de la position verte dans la crise ukrainienne – consistant à refuser, par anti-américanisme génétique et pacifisme de principe, toute livraison d’armes à l’Ukraine et de faire ainsi le jeu de l’agresseur russe –, ait pu jouer un rôle dans cette dégringolade.

Dans le camp des gagnants, on retrouve en effet aussi bien l’UDC (+1,5%) ouvertement pro-russe, qu’un PS (+1%) devenu, après une spectaculaire conversion, et avec Le Centre, la formation la plus en pointe sur le soutien militaire à apporter à l’Ukraine. Au point qu’il n’y ait bientôt plus que ses deux conseillers fédéraux pour défendre la position d’une neutralité aveugle et tremblotante.

On en conclura que le citoyen se moque à peu près des postures et déclarations des partis en matière de politique internationale, pensant, peut-être à tort, que cela n’a aucune influence sur sa petite et quotidienne existence.

L’espoir en tout cas des Verts de chiper un siège aux cousins PS semble s’évanouir. Peuvent-ils pour autant avoir désormais plutôt en point de mire le deuxième siège PLR? Les libéraux-radicaux figurent en effet dans le camp des perdants avec une baisse – certes encore minimale – mesurée à 0,5%, l’effet sans doute Credit Suisse, et le prix à payer pour être identifié comme le parti de la finance.

Si le PLR peut se targuer, contrairement aux Verts, de subir une baisse qui se situe encore dans la marge d’erreur du sondage (évaluée à 1,2%), les voilà n’empêche désormais à portée d’arbalète du Centre (14,6% d’intentions de vote contre 14,3%). Or le PLR a souvent expliqué que, par souci de cohésion gouvernementale, il était juste que les trois formations arrivant en tête aux élections fédérales disposent chacune de deux sièges.

Le changement le plus probable de la formule magique actuelle (2 UDC, 2 PLR, 2 PS et un Centre), si changement il y a, serait donc – plutôt que l’entrée des Verts au gouvernement –, un siège supplémentaire pour le Centre au détriment du PLR.

Les formations données pour l’heure gagnantes y vont chacune de leurs explications qui valent ce qu’elles valent, sur leur progression. L’UDC met en avant sa lutte contre «l’afflux migratoire» et «la dictature verte», le Centre son changement de nom – comme si les mots «démocrate» et «chrétien» étaient des repoussoirs électoraux –, et le PS son «approche pragmatique».

Les Verts, eux, veulent s’accrocher au fait que «le dérèglement climatique constitue – selon ce sondage – la préoccupation première de la population, et n’est toujours pas incarné au Conseil fédéral».

Sauf que, comme l’a démontré la victoire en votation d’une loi Climat très édulcorée, les Suisses semblent préférer pour le moment une approche timorée et même «non incarnée» de la crise climatique, plutôt qu’un radicalisme de fin du monde.