Son activité professionnelle consiste à prendre des personnes inconnues dans ses bras. Un type de soins peu connu qui comporte pourtant de nombreux avantages pour la santé.
Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans PME.
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«Les gens ne se donnent même plus la main pour se dire bonjour», déplore Katia Siciliano, 54 ans, qui a fait du toucher son métier. La câlinothérapie consiste à prendre rendez-vous, comme on le ferait pour un massage sportif, pour être pris dans les bras tendrement. «Mon espace de consultation est aménagé autour d’un grand lit, couvert de coussins, explique la thérapeute dont le cabinet se situe à Ballaigues, dans le canton de Vaud. La câlinothérapie repose sur une qualité de toucher particulière. C’est un type de contact similaire à celui destiné à un enfant.»
Un entretien préalable permet à la thérapeute de s’assurer que la personne a bien compris les limites de la séance. Katia Siciliano fait partie des rares câlinothérapeutes actifs en Suisse. Son activité génère un revenu d’environ 60’000 francs par an. «La pratique est davantage répandue outre-Atlantique, c’est d’ailleurs à distance grâce au site américain Cuddlist.com qui dispense des formations en ligne que je me suis professionnalisée. En Suisse, il y a encore beaucoup de gêne à recourir à ce type de soins.» La thérapie n’est d’ailleurs pas encore reconnue par les assurances. Les 120 francs que coûtent la consultation d’une heure ne sont donc pas remboursés.
Pourtant, les bienfaits des câlins sont prouvés scientifiquement: baisse de la tension artérielle, efficience du système de défense immunitaire ou encore amplification de l’estime de soi, grâce à la stimulation de la création d’ocytocine au contact de l’autre. «Si chaque individu recevait huit câlins par jour, dont un d’au moins 20 secondes, on éviterait la prise de nombreux médicaments!» Les personnes qui ont recours aux soins proposés par Katia Siciliano sont des adultes hommes ou femmes, de tous les âges. «Je reçois des individus touchés par la dépression, un cancer, un AVC, mais la raison qui les mène chez moi n’a pas vraiment d’importance. Je ne travaille pas dans la psychiatrie.» La thérapeute reconnaît que la démarche de se faire câliner est particulièrement exposante. «La pratique implique un lâcher prise qui peut réveiller certaines blessures. Il arrive que les câlins entraînent des larmes. La tendresse est un outil puissant.»