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Le casse-tête de la migration vers la téléphonie IP

Dans quelques mois, le réseau téléphonique de Swisscom passera entièrement sur internet, ce qui implique diverses adaptations pour les entreprises. Guide pratique.

Une petite révolution attend les PME suisses en matière de téléphonie: à partir de janvier 2018, l’ensemble du réseau téléphonique de Swisscom va passer par internet. «Cette échéance a été imposée par l’opérateur afin de pouvoir optimiser l’utilisation du câble en cuivre», explique Arno Freudenreich, directeur de SITIS, une société genevoise spécialisée dans l’informatique, les télécommunications et la sécurité.

Actuellement, on trouve en effet de la voix (analogique ou ISDN) qui passe par le câble en cuivre en parallèle aux données pour internet. «Le spectre utilisé par la voix est très grand. La supprimer permet d’augmenter considérablement la vitesse de transmission des données sur un même fil de cuivre, poursuit ce spécialiste. Par ailleurs, la technologie VDSL2, utilisée par Swisscom pour contrer l’avancée de la fibre, où il n’y a pas le monopole du dernier kilomètre, est très sensible aux perturbations. Or, la voix analogique en est une.»

La technologie VoIP (pour «voice over internet protocol») permet notamment de filtrer les appels publicitaires, d’afficher le nom pour un appel entrant ou de bloquer les numéros indésirables. Mais cette migration implique des coûts non négligeables pour les entreprises:
Si certains terminaux téléphoniques actuels peuvent être équipés d’un adaptateur, un combiné IP neuf coûte entre 100 et 250 francs. Le passage à la téléphonie par internet implique aussi de changer de central téléphonique (compter entre 50’000 et 100’000 francs) ou de le virtualiser, c’est-à-dire de gérer les accès par l’intermédiaire d’une interface web, pour un coût mensuel d’environ 10 francs par utilisateur. Un central téléphonique virtuel n’est rien d’autre qu’un central téléphonique déporté via internet et mutualisé parmi des milliers de clients. Ces machines sont redondantes et dimensionnées pour des charges très fortes. Le risque de panne est donc plus faible qu’avec un central physique.

Bloggeur spécialisé dans les télécommunications, Xavier Studer recommande à chaque entreprise d’analyser en détail les différentes offres disponibles sur le marché en fonction de sa taille et de ses besoins propres. «Au-delà de l’installation, il faut aussi tenir compte des tarifs de communication, de la partie concernant internet et de la sécurité en cas de panne. En effet, de plus en plus souvent lorsque l’accès à internet tombe, tout est bloqué dans l’entreprise. Cela peut impliquer des pertes importantes, même pour les petits indépendants. Il peut donc se révéler judicieux d’opter pour différentes solutions au lieu de se fournir uniquement chez un seul opérateur.»

Chez UPC Suisse, les frais de la migration pour une société d’une centaine de collaborateurs peuvent aller de 5’000 à 30’000 francs selon la bande passante, le type de ligne fixe ou le modèle de téléphone choisi, ceci que l’on opte pour un central téléphonique compatible IP ou que l’on virtualise son central, explique le porte-parole Julien Grosclaude.

L’échéance approchant, voici cinq conseils essentiels pour assurer cette transition dans les meilleures conditions.

1. S’adresser à un spécialiste
Il convient de s’adresser à un véritable professionnel des télécommunications. Selon Arno Freudenreich, les électriciens ont tendance à vendre le produit le plus simple à installer et se reposent généralement sur un ancien modèle de vente. «Tous n’ont pas encore compris le fonctionnement de la téléphonie sur IP et adapté leurs prix au marché», dit-il.

2. Comparer les offres et tester
Il faut éviter de se jeter sur la première solution proposée par l’opérateur actuel et comparer plusieurs offres. Demander une démonstration de la solution et une mise à disposition d’appareils de tests peut se révéler judicieux. On peut ainsi vérifier si le câblage interne est adapté et s’il existe des problèmes de qualité sur le réseau. «Même avec le meilleur des opérateurs vous aurez des soucis si vous ne contrôlez pas votre infrastructure, poursuit le spécialiste. C’est un point trop souvent négligé par les vendeurs, soucieux de toucher leur commission et non de la satisfaction du client.»

3. Oser la virtualisation
Plusieurs grandes entreprises ont décidé de se passer d’un central téléphonique physique au profit d’un central virtuel. Un choix particulièrement adapté lorsque la société dispose de plusieurs succursales. Avec un central Virtual PBX (ou Cloud PBX), le service informatique peut gérer l’ensemble des sites à distance. Cette solution permet de réduire les coûts d’achat de centraux téléphoniques onéreux pour passer à une solution au paiement mensuel. «De nombreuses entreprises utilisent déjà des solutions de leasing pour leurs postes informatiques, cela peut aussi s’appliquer aux téléphones.»

4. Se méfier des solutions low-cost
La téléphonie sur IP présente de nombreux avantages, mais aussi certains risques, tant il est facile d’intercepter les conversations à l’aide d’un simple ordinateur. Il faut donc veiller à ce que les appels et les données personnelles restent en Suisse. Certains opérateurs passent l’ensemble du trafic sur un réseau séparé d’internet. Si ce n’est pas possible, il convient de choisir une solution où les appels sont chiffrés de bout en bout.

5. Opter pour une solution ouverte
«De nombreux fabricants proposent des solutions sur IP, mais utilisant un protocole propriétaire, souligne Arno Freudenreich. Cela crée un lien forcé au fabricant et empêche souvent de changer facilement de prestataire. Le standard SIP permet d’éviter cela. La plupart des opérateurs l’utilisent et passer d’un opérateur à un autre avec un téléphone ou Central SIP est généralement aisé.»

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«Des économies d’environ 5% en adoptant la téléphonie IP»

Spécialisée dans le marketing direct, la Fondation BVA à Lausanne est passée fin 2016 à la téléphonie IP afin de remplacer son ancien central téléphonique. Parmi les avantages observés, le responsable des services informatiques Christian Racine mentionne une ligne plus stable ainsi qu’une configuration et une installation plus rapide et simplifiée. «L’inconvénient majeur est que l’ensemble de nos communications passe par internet et qu’en cas de coupure plus rien ne fonctionne. Cela peut être assez dommageable au niveau commercial, mais peut être compensé aujourd’hui grâce aux téléphones portables.» Concernant l’incidence budgétaire pour cette entreprise employant environ 120 collaborateurs en situation de handicap répartis dans différents ateliers productifs, elle s’est élevée à environ 9’000 francs pour l’installation, le matériel et la formation. «Depuis le changement nous observons globalement une baisse des frais liés à la téléphonie d’environ 5%», note le responsable.

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Une version de cet article est parue dans PME Magazine.