LATITUDES

Elle manie l’art de raconter la recherche scientifique

Doctorante à l’EPFL, la Genevoise Sophie Rivara représentera la Suisse à Montréal lors de la finale du concours «Ma thèse en 180 secondes».

Rendre un sujet de thèse sexy, c’est un sacré défi. Mais Sophie Rivara maîtrise cet art oratoire d’un genre spécial, puisqu’elle défendra la Suisse lors de la finale internationale du concours «Ma thèse en 180 secondes» le 6 octobre prochain à Montréal. En trois minutes chrono, grâce à un «storytelling» plein d’humour, cette chercheuse de 29 ans y présentera sa thèse au titre imprononçable sur l’immunité innée, ou plutôt le fonctionnement de certains anticorps capables de détecter l’ennemi pathogène sur la base de simples anomalies – une première étape nécessaire au déploiement de la réponse immunitaire du corps humain.

Ce show, public, lui a déjà valu de gagner la finale suisse à Genève et elle compte bien réitérer la prouesse face à 23 autres finalistes. Depuis dix ans, cette compétition internationale de vulgarisation scientifique organisée par les universités francophones du globe voit s’affronter des centaines de doctorants lors de joutes verbales endiablées, à cheval entre les concours d’éloquence et les conférences TED. Objectif: populariser la recherche scientifique, trop souvent confinée aux laboratoires et autres revues académiques. La récompense est avant tout symbolique. Si elle gagne, c’est l’assurance d’une «gloire éternelle», plaisante Sophie Rivara depuis son labo de l’EPFL. Et cela permet de consolider son réseau professionnel, plaide celle qui se verrait bien journaliste scientifique une fois son doctorat en poche – à la fin de l’année, si tout va bien, et en jonglant finement entre les expériences cellulaires, la chorale, la voile et des répétions en vue de sa toute première pièce de théâtre.

Rien ne destinait l’énergique Confignonnaise, amoureuse des langues et des défis, à travailler durant cinq ans sur la réponse immunitaire du corps humain après une maturité en grec et allemand. Toujours «intéressée par tout», elle a pris le chemin de l’immunologie car «c’est un domaine fascinant aux applications utiles et concrètes». Mais il lui tarde désormais de découvrir d’autres sujets sur lesquels communiquer. «Au final, je m’intéresse à un détail de l’immunité innée, que j’essaie d’expliquer de façon cool, et ça me rappelle pourquoi ce que je fais est intéressant pour le public! À l’avenir, j’aimerais continuer à raconter la science plutôt que la faire. Raconter ces histoires qui commencent souvent dans des petits labos et finissent parfois en Prix Nobel!»

Où la rencontrer

Les vignes du coteau de Bernex: «J’adore y aller, c’est le spot parfait pour admirer toute la cuvette genevoise.»

Le Perchoir: «En dehors du labo, mon QG sur le campus de l’EPFL et un rooftop tout à fait sympathique.»

Théâtre du Vide-Poche à Lausanne: «Je monterai sur scène pour la première fois dans une pièce intitulée ADN, mais ça n’a rien à voir avec la recherche.»

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans la Tribune de Genève.