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2014, un millésime qui sent déjà le bouchon

Ou en tout cas le réchauffé: initiative UDC xénophobe, retour du loup, Gripen, caisse unique et …réintroduction du bison d’Europe. En 2014, gare au grand bond en arrière.

Comme un goût de reviens-y, diront les accros. Les autres trouveront simplement que 2014, politiquement, est un millésime qui sent déjà son réchauffé. Au menu en effet une énième initiative UDC aussi indigeste que les précédentes et toujours alimentée par un délire, quand ce n’est pas un calcul, xénophobe. Sus donc à l’immigration de masse et haro sur une libre circulation, prétendument mortifère pour la Suisse.

La peur sera encore au rendez-vous un peu plus tard dans l’année avec l’initiative Ecopop, émanant de sensibilités vertes et conservatrices — l’assemblage soulèverait déjà presque l’estomac — et qui entend, rien que ça, limiter la démographie. Au motif, en gros, qu’une Suisse si belle, si propre, si petite, ne saurait être que souillée par des hordes d’habitants supplémentaires.

Ces deux seuls exemples esquissent déjà pour 2014 le profil d’un pays qui n’aime pas les gens. Qui préfère voir d’emblée l’origine et le nombre de ses habitants comme un problème plutôt qu’une invite à imaginer des solutions. On connaît le fameux dicton stalinien: pas d’hommes, pas de problèmes.

Pas bien nouveaux non plus les votes qui s’annoncent sur le Gripen et la caisse unique, toutes affaires qu’on pensait, naïvement, tranchées et derrière soi. Et que dire alors de l’initiative de Franz Weber «Sauver Lavaux»? Troisième du nom et qui vous a un petit air années 70 et Gardarem lou Larzac. Même si on pourrait y voir également la ténacité d’un vieillard encore si vert. Ou l’appétit sans fond de promoteurs jamais rassasiés qui, là où Ramuz invoquait «La Beauté sur la Terre», répondent: laisse béton.

En 2014, il faudra aussi compter avec les gâte-sauces habituels, les empêcheurs de vivre et de respirer en rond et en large. Ceux qui, sous mille et un prétextes saugrenus et moralisateurs, nous veulent du bien malgré nous et ne cherchent, plus sûrement, qu’à tirer jouissance de leur sport préféré: la promulgation d’interdits.

Nous ne sommes qu’en janvier et déjà les premiers censeurs sont à l’attaque, emmenés par un ancien arbitre de football. Le conseiller d’Etat vaudois Philippe Leuba siffle en effet la fin des récréations nocturnes avec une modification de la loi sur les auberges et débits de boissons, interdisant désormais aux commerces de quartiers la vente d’alcool à l’emporter entre 20h et 6h. Pour répondre à une demande des autorités lausannoises, certes. Que certains aimeraient voir aussi déterminées dans la gestion de commerces beaucoup moins licites agrémentant les nuits et même les pleins jours de la capitale vaudoise.

En attendant, fier du devoir accompli, le Conseil d’Etat se tape sur le ventre et cède au plaisir toujours renouvelé d’enfoncer une porte béante, jugeant répondre par sa décision à un «constat unanime et partagé: les jeunes consomment trop d’alcool, en particulier les soirs de week-end dans les villes». Plus de bouteilles, plus de problème? Boira bien qui boira le dernier.

Enfin, pour rester sur l’air du «plus ça change moins ça avance» — à moins que ça ne soit le contraire — un personnage indéboulonnable autant qu’indécrottable s’accroche déjà, toutes griffes dehors, pour rester sur le devant d’une scène qu’il occupe sans discontinuer depuis bientôt 20 ans: le loup.

Qui n’a même pas attendu la nouvelle année pour agrandir son territoire et tenter une première réapparition depuis «quelques centaines d’années» sur le Plateau suisse. Plus précisément dans le Nord-vaudois, sur le territoire des communes de Corcelles-sur-Chavornay et de Suchy. Où, soit dit en passant, existe aussi un projet avancé de réintroduction du bison d’Europe. Un animal disparu de nos contrées depuis le….12ème siècle. Goût de reviens-y, on vous dit, et nostalgie à tous les étages.

A quand la réouverture des cavernes et le replantage des pilotis?