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La gare de Cornavin, un noeud à tensions

L’afflux de pendulaires crée de sérieux engorgements aux heures de pointe. Et suscite autant d’agacement que de fortes réactions politiques.

Chaque matin, c’est le même capharnaüm à la gare de Genève: les pendulaires arrivant à Cornavin jouent des coudes et perdent de précieuses minutes pour quitter les quais. Des bouchons humains se forment devant les nouveaux escaliers en granit de l’aile ouest, trop étroits pour absorber la foule aux heures de forte affluence depuis leur inauguration en août 2011. «Nous ne pouvions pas les construire plus larges, car un espace suffisant doit être garanti en surface entre les escaliers et les voies», explique Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF.

Des voyageurs descendant n’hésitent donc plus à appuyer sur le bouton d’arrêt des escalators venant en sens inverse pour les bloquer puis les emprunter. Une pratique devenue quotidienne, au grand dam des personnes voulant gagner les quais, plus particulièrement celles qui sont accompagnées de bébés dans leur poussette. Si les CFF indiquent ne pas avoir été informés de ce procédé, ils se sont cependant engagés à «suivre cela de près», commente Jean-Philippe Schmidt. «Nous avions déjà constaté ce phénomène il y a quelques années…»

La situation est particulièrement tendue sur le quai numéro 1, qui ne dispose pour l’heure que d’une seule sortie et d’un ascenseur. Dans l’autre sens, les voyageurs pressés d’aller prendre le train s’étonnent de l’absence d’horloge dans le hall et accélèrent le pas. Pour ne rien arranger, le matériau choisi — du granit jaune importé d’Inde — peut devenir glissant en cas de mauvais temps. Plusieurs cas d’accidents avaient été relatés par la presse en février dernier. «Nous avons fait examiner le sol par des experts indépendants, il est conforme aux normes du Bureau de prévention des accidents (BPA)», réagit Jean-Philippe Schmidt. Quant aux horloges, elles devraient faire leur retour au premier semestre 2013.

«Nous sommes conscients qu’il y a des soucis, mais faire passer 115’000 personnes chaque jour dans une gare en chantier n’est pas facile, se défend le porte-parole. Nous demandons un peu de patience à nos voyageurs.» Selon ce dernier, les embouteillages devraient se résorber avec la mise en service de l’aile est à la fin de 2013, qui ouvrira des voies d’accès supplémentaires. Le changement d’horaire national du 9 décembre dernier pourrait en outre mieux répartir les flux, avec une hausse du nombre de trains en provenance de Lausanne.

Ces arguments ne rassurent pas l’actuel maire de Genève, Rémy Pagani, qui avait déjà fait recours contre le projet de rénovation en 2009. II estime que ce chantier à 110 millions de francs, entièrement financé par les CFF a été lancé dans la précipitation: «La transformation n’a pas été réfléchie à long terme, dit-il. Ces dernières années, le nombre de passagers s’est accru de manière considérable et cela n’a pas été anticipé. Or il va continuer d’augmenter, avec l’ouverture de deux voies supplémentaires et l’arrivée du CEVA.» Uniquement entre Lausanne et Genève, le nombre de voyageurs devrait en effet doubler d’ici à 2030, à 100’000 personnes par jour, après avoir déjà doublé entre 2000 et 2010, selon les CFF.

La conseillère d’Etat genevoise Michèle Künzler, en charge de la mobilité, se veut optimiste. «Il faut sortir de cet esprit de grogne permanent et voir les améliorations qu’apporte cette rénovation, comme l’accès facilité au quai numéro 1 depuis les autres plateformes. Les travaux ne vont pas sans soucis, mais je trouve la première partie de la nouvelle gare magnifique. L’important, maintenant, c’est de continuer à se battre pour son extension.»
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.