LATITUDES

Retrouver un second souffle

Les opérations pour les affections complexes des voies respiratoires sont uniquement réalisées dans trois centres hospitaliers en Europe. À Lausanne, le chirurgien Kishore Sandu opère des personnes du monde entier.

La pandémie de Covid-19 et notamment les complications liées à la maladie ont amplifié le nombre d’altérations des voies respiratoires. Chez l’adulte, une intubation prolongée aux soins intensifs peut entraîner une sténose sévère, c’est-à dire un rétrécissement des voies aériennes qui empêche de respirer, de parler et de s’alimenter correctement. Chez les enfants, les affections complexes des voies respiratoires peuvent être issues soit d’une malformation congénitale, soit être acquises suite à un accident ou une intubation prolongée.

Pour le docteur Kishore Sandu, responsable de l’Unité des voies aériennes au CHUV, ce type de problèmes risque d’augmenter ces prochaines années. «De plus en plus d’enfants naissent prématurés, ce qui nécessite une intubation dont les complications peuvent entraver les voies aériennes.» Dans l’attente d’une opération, les patient·e·s subissant ce type de troubles vivent avec une canule, une sonde placée à la hauteur du cou, à l’extérieur de la trachée, qui permet d’assurer une ventilation correcte. Cependant, ce dispositif est particulièrement angoissant pour les personnes concernées et leurs proches. En effet, un déplacement accidentel de la canule expose l’enfant ou l’adulte qui le porte à l’asphyxie. «Les opérations demandent une grande expérience, car la standardisation n’existe pas, chaque situation est différente. Aussi, il est important de réussir l’intervention dès la première opération, sinon la personne risque de rester handicapée pour le reste de sa vie.»

Cette discipline a été reconnue comme médecine hautement spécialisée par la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé. «Ce type d’interventions est lié à des fonctions vitales, mais il existe seulement trois centres importants et de référence où ces malades peuvent être traité·e·s en Europe: à Londres, à Paris et à Lausanne.» Le CHUV accueille ainsi des enfants et des adultes du monde entier. «Parmi les patient·e·s dont 90% viennent de l’étranger, 70% sont des enfants.»

Le chirurgien s’est donné pour mission de rendre possible la prise en charge des affections complexes des voies aériennes au plus grand nombre. Il est ainsi à l’origine de la fondation Inpaf (International Pediatric Airway Foundation) qui permet de soutenir au niveau logistique, psychologique et parfois financier les familles concernées. Pour les personnes originaires d’Europe, l’intervention est prise en charge par l’assurance maladie.

Hors d’Europe par contre, il faut compter environ 180’000 francs par opération. La fondation s’assure aussi de trouver des solutions d’hébergement pour les accompagnant·e·s. L’accessibilité pour des personnes étrangères passe aussi par la traduction des documents en lien avec l’intervention. Le questionnaire de consentement a, par exemple, déjà été traduit en quatre langues.

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans In Vivo magazine (no 25).

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