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Le tournant américain

L’été s’annonce électoralement très chaud aux Etats-Unis. Contre les républicains, le sénateur de l’Illinois dispose d’un préjugé favorable. Mais il va encore recevoir des coups avant le 4 novembre.

En principe, Barack Obama sera le candidat démocrate à la présidentielle du 4 novembre prochain. Avec une forte probabilité d’être élu si l’on en croit les derniers sondages qui lui donnent 48% d’avis favorables contre 40% seulement à John McCain.

La clé de ce succès? Une relative jeunesse, un centrisme de bon aloi, un pragmatisme à toute épreuve. L’art d’être moyen en tout, à l’image de son métissage, de sa culture, de son statut social. Le juste milieu pour une juste cause. Avec un sourire juste désarmant.

Cette bonne moyenne n’a rien à voir avec la médiocrité, comme le prouve l’étonnante pré-campagne menée par le candidat à la candidature. Les Américains commencent à saisir qu’ils ont en Obama un homme capable d’imposer les réformes qui leur rendraient la vie un peu plus agréable dans les domaines clés de la santé et de l’éducation.

S’ajoute à cela la promesse d’une politique de grands travaux qui devrait placer l’écologie (surtout l’économie d’énergie) au premier plan des préoccupations gouvernementales avec le renouvellement d’infrastructures de transports (aviation, chemins de fer) frappées d’obsolescence.

Une relance de l’économie américaine doublée d’une inflexion centriste un peu plus respectueuse de la démocratie et des droits de l’homme en politique étrangère serait à coup sûr bienvenue pour des Européens empêtrés dans la montée des néo-conservatismes. Il n’est pas difficile d’imaginer à quel point la haute stature d’un Obama pourrait dominer la servilité des postures d’un Sarkozy ou d’un Berlusconi.

Tout baigne donc? Pas si sûr.

La férocité des luttes pour le pouvoir aux Etats-Unis, l’acharnement des lobbyistes à défendre leur beefsteak, l’influence prépondérante de la droite médiatique annoncent pour les cinq mois qui viennent de dures bagarres et d’innombrables coups tordus.

On annonce en Obama un nouveau Kennedy porteur d’un espoir de changement. A l’époque de son élection, Kennedy scandalisait surtout l’establishment WASP (White, Anglo-Saxon, Protestant) parce qu’il était catholique. Mais ce n’est pas en raison de sa confession qu’il est mort. Même en satisfaisant (via buy cialis) le lobby militaro-industriel par l’accentuation de la guerre au Vietnam, il n’était parvenu à réduire le poids des conservateurs mis en selle à la disparition de Roosevelt au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Quand on parle de changement aux Etats-Unis, c’est ce rapport de force qu’il faut avoir l’esprit. Celui qui a été imposé par Eisenhower, Nixon, Reagan et les Bush père et fils. C’est un demi-siècle de domination de la droite, avec quelques embellies, celle de Kennedy ressentie comme dangereuse, d’autres pâlottes comme Carter ou Clinton.

Les arguments utilisés par Hillary Clinton et ses partisans dans la campagne pour les primaires préfigurent la virulence des échanges McCain/Obama au cours des cinq prochains mois. Le candidat démocrate a montré jusqu’ici qu’il était capable de repousser tous les assauts, même les plus sournois comme l’affaire de son ancien pasteur montée en épingle par les médias.

Il montre aussi une grande habileté à fatiguer ses adversaires en faisant semblant de marcher dans leur sens avec le sourire tout en maintenant le cap sur ce qu’il croit nécessaire à sa victoire: ici un zeste de réformes, ailleurs une pincée de morale, là encore une fermeté sourcilleuse.

L’été s’annonce chaud de l’autre côté de l’Atlantique. La machine démocrate est lancée. Elle ne devrait pas s’enrayer.