CULTURE

Elle veut peindre avec sa harpe

À 29 ans, la harpiste professionnelle Hanna Borka est à la tête du projet HarpeIMage. À l’aide d’un logiciel, elle veut convertir les sons des instruments de musique en images. Une nouvelle voie pour la médiation de la musique et des arts visuels.

Hanna Borka a toujours eu deux passions: la harpe – qu’elle découvre à 9 ans en se promenant dans les couloirs du conservatoire de sa ville natale de Budapest en Hongrie –, et le dessin, qu’elle a pratiqué toute sa vie. Musicienne professionnelle, elle détient un double master de la Haute École de musique de Genève et joue de nombreux concerts, notamment avec ses deux sœurs Eszter et Ráhel. En parallèle, elle a aussi eu l’opportunité d’exposer et de publier certaines œuvres graphiques.

«Pouvoir fusionner ces deux pratiques est un rêve que je poursuis depuis plusieurs années; HarpeIMage en est la concrétisation.» Le concept est simple: une harpe est reliée à un écran et passe par un logiciel qui traduit le son en image. «Si mon projet peut séduire les musiciens et les artistes visuels, le premier axe que nous développons est celui de la médiation culturelle au sein des musées. En jouant avec une harpe, en modulant les paramètres du son produit, le visiteur est amené à recréer sur l’écran une toile du musée en y ajoutant sa touche personnelle. L’idée est d’appréhender, de ressentir d’une façon nouvelle les œuvres exposées.»

En 2019, le Trio des Sœurs Borka avait déjà commencé à tisser des liens entre musique et arts visuels en offrant des concerts pendant lesquelles Hanna peignait, interprétant visuellement la musique de Debussy, Kodály et Bartók. «Le but de HarpeIMage est de trouver un moyen de faire les deux simultanément. Pour y arriver, j’ai dû m’ouvrir et découvrir les techniques de l’informatique.»

Cela l’a poussée à entrer en 2020 chez Pulse, l’incubateur des hautes écoles genevoises, pour dix-huit mois d’accompagnement. Hanna Borka, 29 ans, est aujourd’hui assistée par le développeur Barnabás Takács et un étudiant de la Haute École Arc de Neuchâtel pour la partie logicielle, et par l’entreprise Horions Digital Technology pour la dimension matérielle.

«Si tout va bien, dans trois mois nous devrions pouvoir utiliser notre première version pour les musées.» Complètement autofinancé, HarpeIMage est pour l’instant développé de manière bénévole. «À terme, si les institutions sont prêtes à investir et à payer pour avoir accès à cet outil, j’espère que nous pourrons salarier les personnes impliquées et continuer à développer notre technologie.»

Où la rencontrer

Musée Patek Philippe: «C’est l’un de mes musées favoris à Genève. C’est fascinant de découvrir ces mécanismes complexes.»

Conservatoire populaire: «J’y donne des cours de harpe moderne, et bientôt j’enseignerai la harpe historique également. J’y suis souvent aussi pour assister aux concerts et aux récitals des élèves.»

Centre sportif de Champel: «Avec mes sœurs et mes amis, nous jouons parfois au tennis. Le Centre sportif universitaire est notre lieu de rendez-vous habituel.»

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans la Tribune de Genève.