Depuis deux ans, les jeunes Suisses peuvent passer leur permis deux roues de 125 cm3 dès 16 ans. Depuis l’entrée en vigueur de cette législation, les ventes de ces véhicules ont quadruplé, et le nombre d’accidents grave chez les 15-17 ans a doublé.
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«Le trajet pour aller à l’école dure 1h30 en transports en commun, contre 20 minutes à moto, alors le permis dès 16 ans c’est clairement utile pour moi.» Luke habite à Dardagny (GE) et se rend quotidiennement à l’École internationale de Lancy. A 16 ans, il vient d’obtenir son permis moto 125 cm3. Une mesure possible depuis le 1er janvier 2021: pour s’harmoniser avec ses voisins européens, la Suisse a modifié son règlement sur l’admission de personnes et de véhicules à la circulation. Parmi les nouvelles dispositions se trouve l’abaissement de l’âge limite du permis de conduire motos et scooters (permis A1) de 18 à 16 ans, et la possibilité de rouler directement avec un 125 cm3 avec une puissance max de 11 kW (15 CV) – la loi bridait jusqu’à présent à 50 cm3. «Les jeunes de 16 ans se sont clairement emparés de ce nouveau droit», constate Vincent Bouchardy, moniteur chez AMEV auto-école à Genève. Luke constate aussi l’attrait de ce permis auprès de ses camarades de classe. «Déjà cinq de mes amis se sont lancés dans la préparation du permis cette année.»
Accidents et prévention
En 2022, l’Office fédéral des routes recensait 420 accidents avec dommages corporels pour les motocycles de 15 ans à 17 ans, dont 120 grièvement blessés et deux tués. «Ces chiffres sont inquiétants, alerte Mara Zenhäusern, porte-parole du Bureau de prévention des accidents (BPA). Pendant les quatre années précédant cette réforme, on décomptait en moyenne 56 jeunes grièvement blessés par année. Ce chiffre a donc plus que doublé.»
Pour Motosuisse, l’association des importateurs suisses de motos et de scooters, il faut pondérer le nombre d’accidents avec le nombre de véhicules mis en circulation. «Le nombre de motos ou de scooters 125 cm3 a été multiplié par quatre en une année, passant de 2’000 mises en circulation en 2020 à 8’500 en 2021.» Les ventes se sont stabilisées en 2022 avec 6’500 nouveaux véhicules, faisant du 125 cm3 la seconde cylindrée la plus achetée en Suisse après les plus de 1000 cm3. «En comparant cette augmentation avec celle des accidents, nous ne sommes pas inquiets, développe Markus Lehner, son porte-parole. Il n’y a pas d’augmentation dramatique du nombre d’accidents dans ce secteur d’âge, cela semble démontrer que les jeunes se comportent bien sur la route, contrairement aux craintes des opposants aux motos.»
Pour lui, l’harmonisation législative apporte également un gain économique et sécuritaire. «Seuls des scooters de 50 cm3 à moteur 2 temps existaient pour les jeunes auparavant, ce qui n’était pas optimal en matière de sécurité et de consommation. Les 125 cm3 sont des véhicules modernes, avec des moteurs qui consomment moins et des freins équipés de l’ABS. Elles sont donc mécaniquement plus sûres.»
Pour pouvoir tirer un bilan de cette nouvelle législation, il faudra attendre cinq à dix ans de statistiques, précise la porte-parole du BPA, «mais quels que soient ces résultats, on ne peut pas accepter qu’autant de jeunes se blessent grièvement et se tuent en motocycle. Il faut faire davantage de prévention.» Un avis partagé par le moniteur d’auto-école Vincent Bouchardy: «Il est très compliqué d’interdire quelque chose à un jeune, le mieux qu’on puisse faire c’est de le sensibiliser à la sécurité routière avec un encadrement adéquat, une formation complète et un bon équipement.»
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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans la Tribune de Genève.