CULTURE

«Lausanne, et surtout son lac, nous inspire beaucoup»

Liées par une amitié indéfectible et par une soif de liberté créative, les cinéastes Véronique Reymond et Stéphanie Chuat préparent l’adaptation américaine de « La Petite Chambre » avec un casting prestigieux.

Elles se connaissent depuis l’enfance et partagent la même passion pour la scène. Après une formation pour devenir comédiennes, les Lausannoises Stéphanie Chuat et Véronique Reymond se lancent dans la réalisation. Avec un succès immédiat: leur premier long métrage, La Petite Chambre, sorti en 2010, gagne plusieurs prix et représente la Suisse aux Oscars. Leur documentaire Les Dames, présenté au festival Visions du Réel à Nyon en 2018, connaît aussi un joli succès au box-office suisse. Leur deuxième fiction, Petite Sœur (Schwesterlein), candidate suisse aux Oscars 2021, remporte la même année cinq récompenses aux Swiss Film Awards, dont celle de Meilleur film.

Vous travaillez actuellement sur «The Little Bedroom», le remake américain de «La Petite Chambre», avec Morgan Freeman, Kate Mara et Laurence Fishburne. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Stéphanie Chuat: Ce projet est une aventure de longue haleine. Une étape très importante a été franchie avec le casting et les acteurs qui ont dit «oui». Le film est actuellement au début de la phase de financement, et cela prend du temps. Nous n’avons pas encore de dates de tournage.

Véronique Reymond: La grève des scénaristes et acteurs américains, engagés dans un bras de fer avec les studios pendant plusieurs mois en 2023, a ralenti tout le processus.

Vous êtes désormais habituées aux grosses productions?

V.R: Avoir réalisé quatre épisodes de la série Netflix Transatlantique nous a en effet permis de mettre un pied dans une grosse production, puisque le budget global était devisé à 30 millions d’euros. Nous avons adoré cette plongée dans le Marseille des années 1940, avec des acteurs d’une dizaine de nationalités, et une équipe exceptionnelle. Cette expérience nous a permis d’acquérir des compétences qui nous seront utiles pour d’autres projets de ce genre.

S.C: Mais on ne peut pas dire pour autant que nous avons pris l’habitude de grosses productions, car, quelle que soit leur ampleur, les questions budgétaires sont toujours au cœur de la réalisation, même pour une série comme celle-ci.

Vous travaillez en binôme depuis vos débuts, quels sont vos rôles respectifs ?

V.R: Nous travaillons comme un bimoteur. Comme nous nous connaissons depuis longtemps, nous utilisons les forces et les compétences de chacune pour améliorer notre collaboration. Mais avant tout, il s’agit de création et d’amitié. Ensemble, nous nous laissons la liberté d’imaginer tout nouveau projet, sans jugement. Cette liberté est essentielle à notre créativité. Nous devons être à la fois concentrées et flexibles.

S.C: Comme nous sommes souvent sur plusieurs développements en même temps, Véronique pourra par exemple davantage se consacrer à l’écriture du scénario, ce qui demande une immersion totale, pendant que je travaillerai en parallèle à l’élaboration et la création de projets en cours, par exemple en rassemblant l’équipe de tournage, en avançant sur le casting, etc. Mais nous ne partageons pas les tâches durant la réalisation, le montage et toute la postproduction: nous travaillons vraiment en binôme.

Veronique Reymond (à gauche) et Stéphanie Chuat

Lausanne vous inspire-t-elle ?

S.C: Lausanne, et surtout son lac, nous inspire beaucoup. Il est présent dans à peu près tous nos films, sauf Petite Sœur qui se situe dans les Alpes vaudoises et à Berlin. Il apparaît, disparaît au détour des bâtiments, monuments, ponts et ruelles… Lausanne est construite sur une colline qui surplombe le Léman, donc constamment connectée à sa beauté changeante en fonction des saisons, de la lumière, de la météo.

V.R: Nous y avons tourné La Petite Chambre, avec Michel Bouquet et Florence Loiret Caille, puis, en 2014, notre série À livre ouvert, pour laquelle nous avions créé, le temps d’un été, une bibliothèque de quartier dans un restaurant désaffecté, à la place de la Riponne. Des passants venaient régulièrement pour s’inscrire, persuadés qu’une nouvelle bibliothèque avait ouvert !

S.C: Nous sommes très souvent à Lausanne, c’est ici que nous écrivons et préparons nos projets. La ville est d’ailleurs au cœur de notre prochaine série, Toxic, qui suit la piste d’une mystérieuse contamination du lac Léman.

Est-ce plus facile de tourner à Lausanne ?

V.R: De manière générale, tourner en Suisse coûte cher, à Lausanne comme ailleurs. En revanche, comme nous connaissons très bien la ville, nous avons parfois plus de facilité à trouver des lieux de tournage.

_______

Leurs adresses:

Le parc de l’Hermitage (Avenue Louis-Vulliemin, Lausanne): «Nous apprécions ce parc pour sa vue imprenable sur la ville et le lac, et ses grands arbres.»

Collection de l’Art Brut (Avenue des Bergières 11, Lausanne): «Nous aimons nous y rendre pour ses œuvres atypiques et la créativité foisonnante et insolite des artistes présentés.»

Doki Doki (Avenue du Tribunal-Fédéral 4, Lausanne): «La nourriture y est excellente, et l’ambiance amenée par l’équipe y est très chaleureuse. Les ramens sont délicieux, et les glaces exceptionnelles !»

_______

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 12).