La régulation des émotions négatives pourrait participer à prévenir le développement de maladies neurodégénératives.
Lorsqu’elles ne sont pas régulées, les émotions négatives peuvent impacter durablement certaines zones du cerveau. Une recherche européenne en cours, codirigée par l’UNIGE, ajoute que cet effet pourrait même donner lieu au développement d’une maladie neurodégénérative. Cette étude met en lumière la manière dont les émotions négatives peuvent perturber les connexions neuronales, en particulier dans les régions responsables de la gestion des émotions et de la mémoire autobiographique. L’équipe de recherche avance l’hypothèse qu’une régulation émotionnelle appropriée pourrait jouer un rôle essentiel dans la prévention de la neurodégénérescence.
En effet, le vieillissement démographique de notre société s’accompagne de la croissance des maladies neurodégénératives, un défi majeur du XXIe siècle. Tandis que l’espérance de vie augmente, la recherche médicale se concentre sur la prévention et la prise en charge de ces pathologies. Gilles Allali, directeur du Centre Leenards de la mémoire au CHUV, rappelle que l’intérêt pour ces maladies n’est pas nouveau, mais les neurosciences ont fait récemment d’énormes progrès dans la compréhension de leurs mécanismes.
Les émotions jouent un rôle essentiel dans le bien-être mental et par extension dans la santé cérébrale. La tristesse, la colère, la peur ou l’anxiété font partie intégrante de l’expérience humaine, mais peuvent parfois s’installer de manière chronique ou incontrôlable, lorsque l’individu souffre par exemple de dépression. Leur impact sur le cerveau pourrait alors conduire à une plus grande vulnérabilité, donc à ce que l’on désigne communément comme démence. «La démence n’est pas un diagnostic en soi, mais désigne plutôt l’ensemble de troubles affectant la mémoire, la pensée, la communication et le comportement d’un individu», explique Gilles Allali. La distinction est en effet importante, puisqu’elle laisse entendre que la réalité des maladies neurodégénératives est multiple et complexe, de même que l’importance d’en décrypter les rouages.
Des recherches récentes ont également mis en évidence l’importance de l’inflammation systémique dans le développement de ces maladies. Le stress chronique est associé à une inflammation prolongée du corps, ce qui constitue un facteur de risque potentiel. Une piste pour la prévention de ces facteurs aggravants semble ainsi se dessiner du côté d’une prise en charge psychologique et mentale. Des études en cours en neurosciences suggèrent en effet que des pratiques comme la thérapie cognitivo-comportementale ainsi que la méditation en pleine conscience, peuvent avoir un impact positif sur la santé cérébrale, en favorisant notamment la neuroplasticité et en améliorant la régulation des émotions. Ces approches pourraient ainsi jouer un rôle majeur dans la prévention du risque de neurodégénérescence.
Depuis 2013, le Centre Leenaards de la mémoire offre un soutien essentiel aux patient·e·s atteint·e·s de maladies neurodégénératives et à leurs proches. Les avancées dans la compréhension de ces pathologies permettent de mieux adapter les outils thérapeutiques, notamment en ce qui concerne l’encadrement psychologique des patient·e·s et de leur entourage.
Il est aujourd’hui formellement établi que la santé mentale et la santé physique sont étroitement liées, la mise en place de stratégies de prévention devient donc un enjeu majeur. Le récent engouement public pour les domaines de la santé mentale et des neurosciences pourrait constituer un atout précieux pour la promotion de modes de vie favorables à une santé mentale et physique équilibrée et contribuer à ce qui devient rapidement un enjeu de santé publique.
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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans In Vivo magazine (no 28).
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