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L’hypertension, ce danger insidieux

La maladie concerne désormais aussi des personnes plus jeunes. D’où l’importance de mesurer régulièrement sa tension artérielle à tout âge et d’appliquer les mesures de prévention.

Il y a quelques semaines, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié sa première étude sur l’impact de l’hypertension artérielle au niveau mondial et les moyens de lutter contre cette maladie. Souvent qualifiée de «tueur silencieux», elle touche un adulte sur trois dans le monde. «Des traitements simples et peu coûteux permettent de maîtriser efficacement l’hypertension, et pourtant celle-ci n’est maîtrisée que chez environ une personne hypertendue sur cinq», a souligné Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, à l’occasion de la présentation du rapport. Il conclut qu’une extension des traitements à travers le monde pourrait éviter 76 millions de décès entre 2023 et 2050.

En Suisse aussi, l’hypertension progresse : elle concerne aujourd’hui près de 27% de la population, contre 20% il y a un quart de siècle, selon les données récoltées par l’Office fédéral de la statistique. Pour rappel, l’hypertension est constatée lorsque la force exercée par le sang contre les parois des artères est constamment trop élevée. Cette pression excessive peut entraîner des dommages aux vaisseaux sanguins, au cœur et à d’autres organes du corps, tels que les yeux ou les reins.

La tension artérielle s’exprime en millimètres de mercure (mm Hg). Sa mesure, en général à l’aide d’un brassard de tensiomètre, comporte deux chiffres : la pression systolique (lorsque le cœur bat) et la pression diastolique (quand le cœur est au repos). Une lecture normale correspond à une valeur autour de 120/80 mm Hg. À l’inverse, on parle d’hypertension artérielle lorsque la mesure en milieu médical atteint ou dépasse la valeur de 140/90 mm Hg, ou 135/85 mm Hg à domicile.

«L’hypertension est une maladie silencieuse, car dans l’immense majorité des cas, les patients sont asymptomatiques, explique Grégoire Wuerzner, médecin-chef au sein du Service de néphrologie et d’hypertension du CHUV. Les dégâts se font dans la durée, de manière insidieuse. Une pression artérielle trop élevée provoque une rigidification des artères au cours du temps, ce qui peut à terme conduire à des insuffisances cardiaques ou rénales.»

Trentenaires concernés

Parmi les facteurs de risque qui contribuent au développement de l’hypertension, il y a notamment l’hérédité, l’obésité, une alimentation riche en sel ou encore un manque d’activité physique. Le tabagisme, la consommation excessive d’alcool ou le stress chronique constituent d’autres facteurs aggravants, tout comme certains antécédents médicaux, tels que le diabète ou les maladies rénales. On distingue par ailleurs l’hypertension secondaire, qui résulte de causes sous-jacentes identifiables, telles que les troubles rénaux, ou certaines maladies vasculaires rénales.

Jusqu’à présent associée à la population âgée, l’hypertension touche désormais un nombre croissant de personnes plus jeunes, parfois dès l’âge de 30 ans. «Cela constitue clairement une tendance que nous remarquons, même si nous ne disposons pas de chiffres détaillés pour la Suisse, remarque Grégoire Wuerzner. On sait en revanche que cette situation est liée à l’augmentation du nombre d’adolescents en surpoids ou obèses.» Ainsi, 17% des enfants et adolescents sont aujourd’hui en surpoids, selon une enquête menée il y a deux ans auprès de 29’000 élèves par l’organisation Promotion Santé Suisse, soit une légère augmentation par rapport au précédent pointage réalisé en 2017.

Le spécialiste souligne l’importance de mesurer régulièrement sa pression artérielle, au moins une fois par an pour les personnes adultes, voire davantage lorsque l’on s’approche des valeurs limites. «La pression artérielle peut s’avérer variable, c’est pourquoi plus on la mesure, plus on obtient une image précise.»

À cela s’ajoutent des situations particulières comme « l’effet blouse blanche », qui provoque chez certain·e·s patient·e·s une tension trop élevée lors d’un contrôle chez le médecin, en raison d’une augmentation du stress. « Il existe aussi un phénomène inverse, l’hypertension masquée, soit une mesure normale lors d’un examen dans un cabinet médical, mais plus élevée dans la vie courante. »

Le défi de l’observance thérapeutique

Le traitement de l’hypertension repose généralement sur diverses adaptations en matière d’hygiène de vie, auxquelles peut s’ajouter la prise d’un ou plusieurs médicaments. «Pratiquer davantage d’activité physique ou diminuer la consommation de sel sont des mesures qui bénéficient à toute personne hypertendue, souligne le praticien. À titre d’exemple, la perte de 1 ou 2 kilos de poids corporel entraîne une diminution de 1 millimètre de mercure (mmHg) de la pression artérielle. Même une petite perte de poids entraîne un effet positif.»

Mais que l’hypertension soit traitée par un changement de l’hygiène de vie et/ou des mesures pharmacologiques, le principal défi demeure la persistance dans le temps. «Il est essentiel de posséder une certaine discipline, qu’il s’agisse de la mesure de sa tension ou la prise régulière des médicaments», témoigne Bernard*, qui suit un traitement contre l’hypertension depuis vingt ans.

Concernant son traitement, il a fallu expérimenter différentes choses pour trouver la combinaison idéale. «Il est vrai que certains médicaments peuvent parfois avoir des effets secondaires, qui peuvent être plus gênants que l’hypertension elle-même : dans mon cas par exemple, des crises de goutte (inflammation des articulations, ndlr) déclenchées par un diurétique. D’où l’importance d’instaurer une bonne collaboration entre patient·e et médecin, mais aussi de s’intéresser à son propre cas. Il est essentiel de se montrer curieux, car l’on reste le meilleur acteur pour maintenir sa santé.»

Approches innovantes

Dans certains cas, lorsque l’hypertension est grave ou résistante au traitement médicamenteux, des interventions chirurgicales peuvent être envisagées.

«Un traitement interventionnel s’effectue par voie endovasculaire et consiste à remonter dans les artères rénales pour y désactiver le système nerveux sympathique.» Une technique qui a fait l’objet d’une récente étude au sein du CHUV.

Les chercheurs lausannois s’intéressent aussi aux nouvelles technologies permettant de faciliter la détection et le suivi des patient·e·s. Plusieurs entreprises suisses se profilent d’ailleurs sur ce marché. Ainsi la société lausannoise Biospectal a conçu une solution permettant de mesurer sa tension artérielle en utilisant la caméra d’un smartphone, tandis que l’entreprise neuchâteloise Aktiia développe un appareil de surveillance de la pression artérielle, qui permet d’effectuer automatiquement plus de 70 mesures par semaine, et cela jour et nuit. Autant d’innovations prometteuses, même si le brassard de tensiomètre devrait conserver une place de choix au cabinet médical ou à la maison ces prochaines années. /

* Nom connu de la rédaction

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans In Vivo magazine (no 28).

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