CULTURE

«Les vrais héros de notre temps»

Photographe officiel de l’Hospice général de Genève, Nicolas Righetti a cherché à valoriser les personnes qui font vivre l’institution, au travers de portraits vifs et colorés.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans le magazine photographique Météore.

_______

Avant qu’il ne se lance professionnellement dans la photographie, le premier emploi de Nicolas Righetti était celui d’éducateur à l’Hospice général de Genève. Trente ans plus tard, il revient y travailler, en tant que photographe officiel de l’institution. Un mandat teinté pour lui d’une certaine émotion.

À force d’arpenter les divers centres pour des événements institutionnels, il s’est intéressé de plus près à celles et ceux qui font vivre les lieux : les réfugiés naturellement, mais aussi les travailleurs sociaux, les civilistes ou encore les bénévoles. «À force de les côtoyer, j’ai compris que c’étaient eux, les vrais héros de notre temps. Les réfugiés ont des parcours incroyables, ils ont franchi des mers pour se retrouver chez nous. Et puis le personnel l’est aussi, héroïque: par son engagement, il donne de l’espoir.»

Nicolas Righetti cherche à mettre ces individus en lumière, comme sur des affiches publicitaires, vives et colorées. Chaque cliché s’accompagne d’une phrase forte, enregistrée au détour d’une conversation, révélant un état d’esprit spontané ou bien souvent une vision de l’avenir. Ces images ont fait l’objet d’une exposition au centre Rigot de l’Hospice général, au mois de septembre 2021.

Le témoignage de Dampha Sainey, issu de Gambie et volontaire pour le nettoyage au foyer des Tattes, a particulièrement marqué le photographe. «Il a découvert les montagnes et le ski grâce à l’Hospice général, et il adore ça. C’est un personnage très touchant, extrêmement reconnaissant de ce que la Suisse lui a apporté, qui montre aussi que l’intégration peut se faire à travers le sport.»

À propos de racines:

«Pour les bénéficiaires de l’Hospice général, le foyer représente l’endroit où se reconstruire. Un jour, j’ai pris en photo un Syrien qui plantait des tomates dans le jardin du centre où il réside. Il m’a dit : voilà mes racines, je les plante ici, pour prendre un nouveau départ.»

NICOLAS RIGHETTI, SUISSE

Après des études sociales, Nicolas Righetti a étudié le cinéma aux Beaux-Arts à Genève. Fasciné par les figures de pouvoir totalitaires, il a voyagé et réalisé des reportages en Corée du Nord, puis au Turkménistan, travail pour lequel il a reçu le 1er prix World Press Photo en 2007.

Découvrir l’artiste ici.