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Combien pèse votre tête?

Sauriez-vous peser votre tête? Cette question saugrenue figure parmi les questions pièges, casse-tête et énigmes posés lors des entretiens d’embauche dans la nouvelle économie. Un livre les répertorie et tente de les apprivoiser.

Vous rapetissez jusqu’à la taille d’une pièce de 5 cents et êtes projeté dans un mixeur. Votre masse est réduite, si bien que votre densité n’est pas modifiée. Les lames entrent en action dans 60 secondes. Que faites-vous? Combien coûterait de faire laver toutes les vitres de Seattle? Combien fabrique-t-on d’aspirateurs dans le monde? 10, 9, 60, 90, 70, 66, quel est le chiffre suivant dans cette suite? Comment pèseriez-vous votre tête?

Qui parvient à répondre à ces questions conserve une chance de travailler chez Google, une entreprise qui reçoit plus d’un million de candidatures par an. Des candidats pour lesquels Google et son campus à Mountain View (le Googleplex) concrétisent la cité idéale où les gens les plus intelligents font les trucs les plus cool dans un environnement de rêve. On ne s’étonnera pas de voir Google figurer dans le peloton de tête, sinon à la première place, sur la liste des «100 Entreprises les plus désirables» dressée annuellement par le magazine «Fortune».

Comment l’entreprise s’y prend-elle pour embaucher les éléments les meilleurs dans leur spécialité? Les postulants affrontent des procédures de sélection extrêmement déboussolantes. Dans son ouvrage «Etes-vous assez intelligent pour travailler chez Google?», William Poundstone liste les questions qui peuvent être posées lors d’un entretien d’embauche, non seulement chez Google, mais dans les entreprises innovantes en général.

Premier objet d’étonnement, ces questions n’ont pas nécessairement de réponse. Google s’est ainsi spécialement illustré dans les questions ouvertes qui mettent l’intelligence au défi. Des questions comme celle du «prisonnier dans le mixeur» représentent une tentative pour mesurer la flexibilité mentale et même le potentiel entrepreneurial. «L’imagination est plus importante que le savoir» relevait déjà Albert Einstein.

Les questions les plus insolites tentent d’évaluer la capacité clé des entreprises: la capacité d’innovation. Pour ce faire, Google encourage ses recruteurs à utiliser des questions qui n’ont pas de «bonne réponse» définitive. Le défi est alors de trouver une réponse que le recruteur n’a pas encore entendue et qui soit meilleure que toutes les autres. Ce procédé a suscité un curieux phénomène relevé par Poundstone, «l’adoption par d’autres sociétés des questions d’entretiens Google sans véritable connaissance de ce que la réponse est censée être».

Aujourd’hui, l’entretien de recrutement continue d’être la méthode utilisée pour sélectionner les candidats. Ceci en dépit du fait que cette procédure suscite depuis de nombreuses années de sérieuses critiques. Certes bien intentionnés, la plupart de recruteurs ne sauraient pas véritablement ce qu’ils font. Ces entretiens permettraient au mieux d’éliminer les gens vraiment inaptes mais au-delà, autant jouer la chose aux dés, estiment certains. Le DRH de Google, Lazlo Bock, ne cache pas, lui aussi, un certain scepticisme: «Les entretiens sont de médiocres indicateurs des performances futures.» De l’avis de l’auteur du bouquin, les preuves de l’utilité des entretiens de recrutement seraient comparables «aux preuves de l’existence des enlèvements commis par des extraterrestres».

Les tests de QI ont certes été abandonnés. Les créatifs sont dotés d’une étincelle d’intelligence supplémentaire. Mais comment identifier cette étincelle? En recourant à des questions énigmatiques et parfois saugrenues. On attribue à IBM les premières questions d’entretiens du genre casse-tête. Depuis, elles n’ont cessé d’être au menu dans les entretiens de recrutement dans l’industrie de l’informatique. Aucune entreprise n’a fait autant pour populariser l’usage de ces défis intellectuels que Google. Larry Page et Sergey Brin, ses deux fondateurs, ont d’emblée été connus pour leurs questions inusitées. Exemple: les questions qui testent l’aptitude à ignorer ce qu’on a appris quand ça ne sert à rien! Parfois, la créativité est simplement le bon sens.

Lorsque l’on n’est pas sur la sellette, parcourir l’ouvrage de Poundstone s’averre un exercice stimulant et amusant. Le dernier chapitre consacré à la question «Sauriez-vous peser votre tête» renvoie, non sans ironie, à l’objectif des entretiens d’embauche qui visent précisément, non sans difficulté aussi, à peser le contenu de la tête des candidats.