LATITUDES

Debout à son bureau

Dos en compote et jambes engourdies après une journée devant l’ordinateur? La solution pourrait consister à travailler debout. Le point sur une tendance venue du Nord.

«Ah enfin! Les bureaux à hauteur variable arrivent en Suisse», se réjouit Josefin Croxatto, ergothérapeute suédoise travaillant dans la région de Nyon. En Scandinavie, les entreprises ont adopté ce système depuis une quinzaine d’années déjà. En Suisse, on y vient lentement. Le concept: équiper son poste de travail d’un bureau à hauteur variable afin de pouvoir changer de position durant la journée. «Ce n’est pas bon d’être tout le temps debout, ni tout le temps assis. L’idéal est d’alterner le plus possible», explique Josefin Croxatto. L’entreprise suédoise Kinnarps, implantée en Suisse depuis 2003, en sait quelque chose, puisque l’un de ses credo se situe dans le mobilier de bureau ergonomique conçu avec la collaboration d’ergothérapeutes.

«Ce système réduit les troubles musculo-squelettiques, et permet également à l’utilisateur de toujours être en mouvement à son travail, relève Carole Brun, du service commercial de Kinnarps. Celui qui bouge réfléchit mieux. Les ergonomes soulignent les bienfaits pour la santé engendrés par 20% du temps de travail en position debout.»

Depuis mars 2010, les employés du nouveau bâtiment très écologique de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) à Gland, peuvent tester ce mode de fonctionnement. Enfin, presque tous. «Nous les avons installés uniquement dans les open space», précise Christian Laufenberg, responsable de l’administration de cette organisation internationale. «Comme les bureaux fermés sont souvent réservés aux personnes qui voyagent beaucoup, nous avons privilégié le personnel administratif.»

Delwyn Dupuis, chargée de communication à l’UICN, fait partie de ces heureux bénéficiaires, et constate qu’elle n’a «plus de problème de dos». «Avant, je travaillais toujours dans la même position. Là il suffit d’appuyer sur un bouton, et en quelques secondes on peut changer. En ce moment, ma chaise est à mi-hauteur, et le bureau pareil. Et à la fin de la journée, j’ai souvent envie de bouger un peu plus, ça me fait du bien d’être debout.» Utiliser le clavier en travaillant à la verticale n’est pas non plus un problème pour elle: «C’est très agréable, on a les bras plus bas, cela soulage les tensions.»

A Nyon, l’assureur Generali s’y est mis en 2007 déjà. «Le point de départ était notre déménagement de Genève à Nyon, et donc l’achat de nouveau mobilier, explique Debora Akinci, responsable des ressources humaines de l’entreprise. Notre objectif était non seulement de mettre à disposition de nos collaborateurs des outils de travail performants, mais également de répondre aux normes d’ergonomie et de confort.»
Depuis cette transformation, une enquête de satisfaction auprès des employés a révélé des résultats très positifs. «Certains collaborateurs connaissant des problèmes de dos nous confirment que les bureaux à hauteur variable sont bénéfiques, car ils permettent d’alterner la position assise et la position debout.»

Mais tous les employés ne pensent pas forcément à appuyer sur le bouton qui soulagera leur dos… Alors comment les sensibiliser à l’utilisation d’un tel objet? Comment changer les vieilles – et souvent mauvaises – habitudes? «Il faut avoir un moyen de rappeler au personnel de se mettre debout. Stimuler ça, par exemple en envoyant un mail de temps en temps», relève Christian Laufenberg, qui est devenu lui-même un adepte. Nous avons aussi un cours en ligne.» De son côté, l’ergothérapeute Josefin Croxatto pense que «c’est à la personne de sentir quand elle doit se lever. Il faut savoir écouter son corps. Ça paraît simple, mais ce n’est pas évident!»

Du côté économique, évidemment, le budget en prend un coup: un poste variable assis-debout coûte en moyenne trois fois plus cher qu’un poste professionnel classique. Selon la société d’ameublement Kinnarps, il ne faudrait évidemment pas s’arrêter à cet obstacle. «Une personne qui se sent mal à l’aise à son poste de travail, que ce soit physiquement ou psychologiquement, ne travaille pas avec la même efficacité qu’une personne en pleine forme.» Argument que confirme Josefin Croxatto: «J’espère que les directions des entreprises vont de plus en plus prendre soin de leur personnel. Les arrêts maladie sont trop fréquents!»