Avec «L’Îlot», entièrement tourné à Lausanne, Tizian Büchi est devenu le troisième Suisse à remporter le Grand Prix du festival du film documentaire Visions du Réel.
Caché par l’avenue du Léman, longeant la rivière de la Vuachère, le quartier blotti dans le vallon des Faverges reste méconnu, même des Lausannois. Il offre pourtant une parenthèse sylvestre bienvenue à l’ombre de la ville. C’est là que le réalisateur neuchâtelois Tizian Büchi, installé à Lausanne depuis quinze ans, a planté le décor du docufiction L’Îlot, son premier long-métrage. «J’aime créer un dialogue entre réel et magie, dépasser la barrière qui sépare fiction et documentaire», explique-t-il. Les barrières, justement, il les fait tomber une à une dans ce film qui s’interroge sur leur bien-fondé: «Il montre comment les habitants de cet îlot urbain, principalement des retraités et des familles immigrées, ont tous trouvé leur place et cohabitent.»
L’Îlot nous emmène sur les pas de Daniel Nkubu, figure joviale bien connue des locaux pour avoir longtemps été contrôleur des transports lausannois, et Ammar Abdulkareem Khalaf, ancien colocataire de Tizian. Ils incarnent deux vigiles venus s’assurer que personne ne s’approche plus de la Vuachère. Pourquoi ? Mystère. À travers ce prisme fictif, les habitants qu’ils rencontrent durant leurs rondes élaborent des hypothèses, tout en brossant un portrait des Faverges, entre réel et imaginaire.
Présentée en première mondiale aux 53es Visions du Réel à Nyon en 2022, l’oeuvre a remporté le Grand Prix dans la catégorie reine du meilleur long-métrage international. Sa sortie en salles, en mars 2023, sera accompagnée d’événements, de rencontres, balades scientifiques et visites guidées. «C’est un « trou » d’où on ne bénéficie pas de la magnifique vue sur le lac qu’on a ailleurs en ville. Mais il a d’autres atouts : il est convivial, apaisant et enchanteur, entre rivière et forêt. On peut y observer salamandres, blaireaux, renards… La balade Sur les traces du renard (voir ci-dessous) est d’ailleurs idéale pour le découvrir. Cette nature en pleine ville, c’est une grande richesse», détaille Tizian Büchi qui a emménagé dans le quartier à la suite du tournage.
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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 10).