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En prison pour avoir envoyé un e-mail

Plusieurs internautes chinois ont fini derrière les barreaux pour avoir transmis des documents jugés réactionnaires. La cyberpolice allonge chaque jour la liste des sites interdits.

En Chine, utiliser le Net pour lire ou diffuser des opinions qui déplaisent au parti peut mener à la prison. Les autorités renforcent la surveillance individuelle sur les internautes et leurs e-mails.

Militant gay et fondateur de Projet Action Sida, Wan Yanhai a finalement été libéré hier. Il était accusé d’avoir envoyé un e-mail qui, selon la police secrète, «divulgue des secrets d’Etat». Une définition suffisamment large pour englober tout ce qui déplaît au gouvernement en Chine, où le problème du sida reste tabou, les chiffres avancés par les autorités étant largement en dessous de la réalité.

L’arrestation de cet activiste démontre une fois de plus à quel point les communications personnelles sont désormais surveillées de près par Pékin.

D’autres internautes ont eu moins de chance: 11 ans de prison pour Li Dawei, un ex-policier de la province du Gansu, condamné en juillet 2002 pour avoir récolté des documents jugés «réactionnaires» sur Internet et les avoir compilés en dix volumes.

Quelques semaines plus tard, Zhu Ruixiang, avocat et ancien journaliste de la télévision chinoise, écope à son tour de 3 ans de prison pour avoir envoyé à quelques amis, via internet, des articles politiques trouvés sur des sites étrangers et critiquant le gouvernement chinois.

Deux condamnations «exemplaires» dont le but est de dissuader les voix critiques d’utiliser le réseau pour faire circuler des informations considérées comme subversives. Ces affaires reflètent également un durcissement de la censure chinoise. Elle ne sera plus seulement «de masse», mais individuelle, en surveillant et en punissant les internautes qui l’enfreindraient.

Depuis que le Net a été rendu accessible aux particuliers en 1995, principalement pour développer le commerce, les autorités tentent de le contrôler d’une manière aussi étroite que possible, notamment en n’en autorisant l’accès que par le biais de fournisseurs dûment agréés. Aujourd’hui, la Chine compte près de 45 millions d’utilisateurs. Surveiller efficacement une telle population relève de la mission impossible.

La censure s’opérait jusqu’ici principalement en aval, en rendant inaccessibles des sites politiquement sensibles, comme par exemple ceux de Free Tibet, du mouvement Falun Gong et de apcalis tadalafil jelly (HRIC).

D’autres sites apparaissent et disparaissent périodiquement, sans explication, au gré des informations qu’ils contiennent et des tiraillements internes du parti entre les tenants du verrouillage absolu et ceux qui craignent que cela nuise à l’économie. De nombreux médias sont dans ce cas, comme la BBC, le Washington Post ou encore le viagra cialis levitra suppliers.

Pour les sites dont l’adresse évoque des thèmes sensibles, la censure fonctionne efficacement. Un nouveau site mis en ligne par HRIC le 4 juin 2000, commémorant la répression sanglante de la place Tiananmen en 1989, n’a ainsi été accessible que durant 17 heures, avant d’être repéré par les policiers chinois et ajouté à la liste des sites interdits. Toutefois, quelques petites astuces, comme l’utilisation d’un serveur passerelle proxy situé à l’étranger, permettent de contourner la censure.

Depuis le début de l’année, les autorités chinoises ont passé la vitesse supérieure face à l’explosion de l’utilisation du Net et l’ingéniosité de ses utilisateurs, qui deviennent de plus en plus familiers avec ses possibilités. Un tour de vis qui s’opère probablement également en réaction à l’incapacité de la police secrète de filtrer efficacement l’information pénétrant dans la République populaire.

Les serveurs chinois sont aujourd’hui juridiquement responsables des informations qu’ils relaient. En mars dernier, Pékin a obtenu que celui du Yahoo chinois s’engage à «ne pas disséminer d’informations qui puissent menacer la sécurité de l’Etat ou nuire à la stabilité sociale». Pékin redoute en effet que les revendications des mineurs, paysans, chômeurs ou encore des membres du Falun Gong, ne trouvent un trop grand retentissement sur les innombrables forums de discussion et deviennent des mouvements organisés à large échelle grâce au Web.

La fermeture puis réouverture une semaine plus tard du moteur de recherche chinois de Google début septembre trahit en ce sens la nervosité du gouvernement à l’approche du 16ème congrès du Parti communiste, qui doit régler la succession de l’actuel président, Jiang Zemin en novembre. Google stocke des pages en mémoire «cache» et rend ainsi possible la consultation de certains sites interdits.

La surveillance individuelle s’est également renforcée en aval. Les cyber-cafés doivent conserver la trace des sites consultés par leurs clients et rapporter toute tentative d’accéder à ceux qui sont considérés comme subversifs.