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La discussion de la nouvelle loi sur l’approvisionnement en électricité promet de faire des étincelles. Sur fond d’équation insoluble.

Ça promet de chauffer sous la coupole. A priori la loi fédérale qui s’apprête à y être discutée présente un intitulé plutôt sympathique: «Approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables».

Sauf qu’avec un arrière-fond de pénurie menaçante, où s’invite également le bellicisme russe, de crise climatique et de tentative de la droite de remettre le nucléaire dans le jeu, les étincelles sont garanties. Essayez pour voir de lancer chez vous une discussion croisée sur la Russie, l’atome, le climat et le prix de l’électricité.

Au départ, les choses semblaient pourtant simples. A la suite du tsunami japonais de 2011 qui a provoqué l’accident de Fukushima, le Conseil fédéral, à l’image de son homologue allemande Angela Merkel, s’est précipité pour décréter la fin du nucléaire, promulguant l’interdiction de construction de toute nouvelle centrale et la fermeture progressive des autres, choix validé, assez mollement quand même, à 58%, par le peuple.

Si simple que la solution proposée était de remplacer la production nucléaire par les énergies renouvelables. On aurait pu pourtant se douter, dès le départ, que cela serait plus facile à dire qu’à faire.

Tellement, qu’aujourd’hui c’est plutôt la panique qui domine. Les renouvelables ne sont pas au rendez-vous, ayant pris un retard considérable, pour des raisons diverses et multiples –bureaucratie, manque de volonté politique, individualisme crasse.

Pour ne rien arranger, se débarrasser des énergies fossiles devient une urgence chaque jour un peu plus vitale et scientifiquement prouvée. Cerise sur le gâteau brûlé, le continent européen vient de passer un hiver suspendu à la menace de pénuries d’électricité, dont l’une des causes est l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Et surtout les sanctions qui en ont logiquement découlé contre le premier fournisseur mondial d’énergie à destination des démocraties, devenu surtout le premier agresseur des mêmes démocraties.

Dans ce contexte, il était somme toute logique qu’une partie du spectre politique veuille remettre le nucléaire sur le tapis. Le paradoxe veut que ce soit l’UDC, à savoir le parti le plus russophile. Paradoxalement donc, parce qu’il se prive d’un des arguments les plus valables en faveur de l’atome: l’indépendance énergétique, notamment face à un régime russe de plus en plus fascisant et hostile, régime certes qui ne durera pas toujours, mais dont absolument personne pour l’heure ne peut prédire la fin, ni la nature de ce qui suivra.

Ce que propose l’UDC, appuyée par une frange mouvante du parti radical, n’est pas bien compliqué: prévoir, dans le cadre de la nouvelle loi, des exceptions qui permettraient de construire des centrales nucléaires de nouvelle génération et de maintenir en activité celles qui peuvent être considérées comme sûres.

La gauche, farouchement opposée à ce retour en arrière, propose deux pistes pour résoudre l’insoluble équation. Le solaire d’abord: la pose obligatoire de panneaux sur tous les toits et façades du pays permettrait de produire trois fois plus d’énergie que le parc nucléaire actuel. Sauf que cette obligation passe par une politique parfaitement dictatoriale, que les autorités n’oseront probablement pas mener, tant elle est contraire à la tradition, la culture et l’esprit suisse.

Deuxième piste: la part du nucléaire dans la production d’électricité est de 30%. Exactement, affirment par exemple les Verts, le potentiel d’économies d’énergie. Là encore c’est bien joli à dire et à entendre, mais on peut parier, sans pessimisme exagéré, que cela ne se fera pas. La plupart des citoyens sont certes des gens responsables, mais tout de même pas au point de changer radicalement et d’un coup, pour la bonne cause, leur précieux mode de vie.

Pendant ce temps, onze pays de l’Union européenne, France en tête, affirment leur volonté de relancer la filiale nucléaire, principalement pour «gagner la course contre le changement climatique». Mais nous sommes, n’est-ce pas, tellement plus intelligents que tous ces gens-là.