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«Domicide» et les autres mots de mars

Le langage révèle l’époque. Notre chroniqueuse s’interroge ce mois-ci sur l’usage des termes «domicide» «manifs» et «désinfluence».

Domicide

Chaque apparition d’un nouveau néologisme au suffixe en «cide» est à déplorer, et témoigne d’une société inquiétante. Le suffixe «-cide» vient du verbe latin «caerdere» qui signifie tuer, abattre, frapper. Il tue le radical qui le précède. Après l’usage de plus en plus fréquent d’écocide, génocide, féminicide ou pesticide, voici l’arrivée de domicide.

Trois rapporteurs spéciaux de l’ONU, mandatés par le Conseil des droits de l’Homme, viennent de demander qu’Israël soit tenu responsable pour la démolition des logements de Palestiniens en Cisjordanie occupée. Des actes qu’ils qualifient de «domicide». Ce terme qui vient du latin domus pour «domicile» et homicidium pour «meurtre», est apparu pour la première fois en 2001.

Dans «Domicide: The Global Destruction of Home», Douglas Porteous et Sandra Smith, ses auteurs, tenaient à mettre un nom sur la violence que représente la destruction ou l’expropriation du «chez soi», dans le cadre non seulement d’un conflit mais aussi d’une construction d’aéroport, de zones commerciales ou, encore, d’autoroutes. Reconnaître le domicide comme un crime distinct en droit pénal international permettrait de mieux le combattre.

Manifs

«J’ai fait des milliers de kilomètres en manif», déclare Bernard Thibault, cialis through the mail. Luc, un fonctionnaire vaudois, vient de parcourir ses premiers mètres. Ces deux usagers des pavés sont convaincus que les manifestations de rue restent un bon moyen de se faire entendre et d’être vu. Manifester, étymologiquement, c’est se montrer, se faire voir.

Les raisons invoquées pour descendre dans la rue couvrent un éventail de plus en plus large et impliquent des manifestants très hétéroclites. Bientôt, rares seront les personnes qui n’auront pas foulé les pavés en scandant des slogans.

En 2022, le nombre de manifestations sur la Place fédérale a atteint un record avec, en moyenne, une manifestation par jour. Cette forme sporadique de démocratie directe, cette alliance éphémère de corps constitue un moyen de faire du politique «une expérience charnelle», d’après Romain Huët, chercheur français qui explore la dimension sensorielle des mobilisations

Le printemps, qui réveille la libido, viendra-t-il relancer de plus belle le désir d’expérimenter ce ressenti? Les causes à défendre et les injustices à corriger ne manquent pas.

Désinfluence

L’époque des influenceurs rois sur les réseaux sociaux est-elle révolue? Leur crédibilité auprès des jeunes pourrait s’effondrer avec la divulgation de la publicité déguisée qu’ils diffusent. Leurs messages, visant à encourager de manière plus ou moins subtile l’achat de produits ou de services, perdront-ils leur pouvoir incitatif? Un phénomène en plein essor, la désinfluence, s’est fixé cet objectif.

La démarche des désinfluenceurs consiste à partager leurs avis sur les produits stars et à exhorter leurs «followers» à ne pas les acheter. Un contre-pied qui fait de la désinfluence une tentative d’influence anticonsumériste et décroissante.

Il n’y a donc pas de véritable révolution. Influenceurs et désinfluenceurs continueront à se réjouir de leurs nombreux «followers» tant que ceux-ci renonceront à cultiver leur libre-arbitre et endosseront sans renâcler ce statut moutonnier.