LATITUDES

«Mon cadre de travail, c’est le lac!»

Depuis dix ans, Claude-Alain Débonnaire est capitaine sur le Léman. Depuis Lausanne, il évoque son métier et le sentiment de liberté qui l’accompagne.

Ce n’est pas sur les eaux mais sur les rails que Claude-Alain Débonnaire entame sa carrière. Une fois son apprentissage aux CFF terminé, ce Valaisan d’origine décide de virer de bord et d’entrer à la Compagnie Générale de Navigation sur le lac Léman (CGN) en 1991. De batelier à contrôleur de billets, en passant par l’administration, il gravit les échelons jusqu’à gagner ses galons de capitaine en 2010. Un amour de la navigation nourri par le sentiment de liberté que lui procure ce métier et le contact avec des passagers venus du monde entier.

À quoi ressemble une journée type à bord?

Claude-Alain Débonnaire : Nous commençons toujours par une séance avec l’équipage au complet durant laquelle les points importants de la journée sont abordés, comme l’accueil d’une personnalité ou un événement spécial. On prépare ensuite le bateau en nettoyant le pont et en faisant les appoints, notamment, avant de mettre nos uniformes et d’aller accueillir les passagers. En haute saison, nous passons énormément de temps à bord, soit entre dix et onze heures, nous pouvons travailler jusqu’à tard le soir et aussi les week-ends.

Quels aspects de votre métier préférez-vous?

La transmission, tout d’abord. En effet, il n’existe pas d’école de navigation, le métier s’apprend sur le tas. Les anciens capitaines m’ont enseigné les bases de la profession, du poste de batelier à celui de capitaine. Aujourd’hui, c’est à mon tour de transmettre le savoir. Et c’est un aspect fondamental de la fonction de capitaine. Je m’estime chanceux de faire ce métier. Imaginez-vous, mon cadre de travail, c’est le lac ! Pour moi, naviguer est une forme de liberté. On est tributaire de la météo mais cet aspect rend chaque journée différente. Enfin, on a le privilège de rencontrer des gens venus d’univers très variés et de tisser parfois des liens avec ceux de la région.

Que représente la CGN à vos yeux?

Elle est là depuis 1873. Elle fait véritablement partie de l’histoire et du paysage romands. En parlant avec les passagers, on constate à quel point le public y est attaché. Certains nous disent même que le Léman sans les bateaux de la CGN, ce ne serait pas pareil.

Quel est le moment le plus marquant de votre carrière?

Il est difficile de n’en choisir qu’un. De façon générale, je dirais que les moments difficiles sont les plus marquants. Comme les bateaux en détresse qui croisent notre route et le sauvetage de personnes tombées à l’eau lors d’une météo exécrable. Dans ces cas-là, on doit travailler dans l’urgence et en équipe. Et des liens se créent. Ce sont des événements intenses sur le plan émotionnel. C’est pourquoi nous nous réunissons tout de suite après ces mésaventures pour en parler, vider notre sac et lâcher la vapeur.

Valaisan d’origine, vous embarquez souvent à Lausanne. Que représente cette ville à vos yeux?

C’est une ville où il fait bon vivre. Proche de la nature, des montagnes et de Genève, sa position est stratégique, cela permet de bien profiter de la région. J’aime aussi la diversité des activités qui y sont proposées, sur le plan culturel notamment. Enfin, je tiens à saluer les efforts de la Ville pour préserver ses endroits verts