LATITUDES

Retrouver la dignité corporelle grâce à la chirurgie

Les interventions plastiques permettent non seulement d’ajuster l’aspect du corps, mais la pratique vise également à aider les patients à surmonter les conséquences physiques d’une maladie ou d’un accident.
                                                                                                               

En Suisse, le recours à la chirurgie plastique, esthétique ou de reconstruction est toujours plus fréquent. Près de 50’000 interventions ont été recensées en 2015, selon Acredis, un groupe de centres spécialisés dans la chirurgie. Un chiffre qui place le pays en deuxième position mondiale en termes d’interventions par habitant, derrière le Brésil. «Le sujet était autrefois tabou, remarque Nicolas Chami, médecin agréé pour la chirurgie plastique, reconstructive et esthétique des établissements hospitaliers du Nord vaudois (eHnv) à Yverdon-les-Bains. Aujourd’hui, ce type de chirurgie s’utilise non seulement pour des questions esthétiques, mais aussi pour se redonner du courage ou mieux s’accepter.»
 
Lors de ce type d’interventions chirurgicales, le médecin se place comme partenaire du patient. «En médecine, le docteur va généralement produire un diagnostic ou offrir une solution, explique Nicolas Chami. Or, dans le cas d’une intervention esthétique, c’est le patient qui fait d’abord part de ses envies au médecin. Pour autant, il faut parfois recarder les demandes qui impliquent des risques excessifs.»
 
Des lasers rajeunissants
 
La chirurgie esthétique ou dite de confort concerne majoritairement les corrections de l’ordre du bien-être sur le visage, la poitrine, ou les bras. «Les patients corrigent volontiers certains défauts de la nature, une bosse sur le nez, ou dus au vieillissement à travers un lifting des bras, par exemple.» En Suisse, les corrections du nez comptent parmi les interventions les plus fréquentes, selon le rapport d’Acredis. Il y aurait ainsi près de 5,6 rhinoplasties pour 10’000 habitants, soit le plus haut taux au monde.
 
Dans ce domaine, les retouches deviennent de moins en moins agressives grâce à l’utilisation de nouveaux instruments. Pour retendre la peau du visage ou du corps, les spécialistes peuvent désormais utiliser des machines laser ou de radiofréquence. «Le collagène, protéine responsable de l’élasticité de la peau, sera alors stimulé pour retendre la peau.»
 
Une mince frontière
 
En matière de chirurgie plastique, les interventions s’effectuent principalement au niveau des seins et de l’abdomen. «La frontière entre l’esthétique et le plastique est toutefois mince, même si l’exemple le plus connu concerne l’augmentation de la poitrine, souligne le docteur Chami. Au contraire, une réduction mammaire permet surtout de réduire les douleurs dorsales, mais affine également la silhouette.» Il en va de même dans le cas des paupières tombantes car l’excédent de peau, considéré comme disgracieux, entrave également la bonne vision du patient.
 
Une approche multidisciplinaire
 
La chirurgie reconstructive est plus complexe et demande davantage d’attention. Cette opération vise essentiellement à redonner forme aux parties abîmées du corps par un accident ou une maladie. Lorsque le patient désire de bénéficier d’une reconstruction, les chirurgiens agissent dans un second temps. Dans le cas d’un accident de voiture qui aurait entraîné une défiguration du visage ou en cas de tumeur, les interventions peuvent s’étendre sur plusieurs mois. «Dans ce cas, plusieurs spécialistes du corps médical, comme des neurochirurgiens par exemple, vont devoir intervenir. Nous travaillons en nous basant sur une photographie du patient, puis nous effectuons des radiographies et l’état de la peau du patient est examiné afin d’évaluer s’il est nécessaire de faire une greffe.»
 
Dans le cas d’une tumeur, les opérations de reconstruction peuvent intervenir dès l’ablation des cellules malades. Cependant, tous les patients n’ont pas recours à une reconstruction. Selon Nicolas Chami, si la totalité des personnes atteintes au visage acceptent d’avoir recours à une chirurgie reconstructive, elles ne se sont que 40% dans le cas d’un cancer du sein. «L’une des explications concerne la peur d’une récidive et dépend de l’âge : les femmes plus âgées ne ressentent souvent pas le besoin d’avoir une poitrine reconstruite.»
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Une version de cet article réalisé par LargeNetwork est parue dans Hmag (no 09).