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Partir en Inde, plonger dans les chutneys de Salman Rushdie

L’Inde est un pays facile d’accès pour les voyageurs. Un pays vertigineux. Bouclez vos valises, et emportez un livre sous le bras: «Les Enfants de Minuit», de Rushdie.

«Je suis né dans la maternité du docteur Narlikar, le 15 août 1947… Il faut tout dire: à l’instant précis où l’Inde accédait à l’indépendance, j’ai dégringolé dans le monde… Grâce à la tyrannie occulte des horloges affables et accueillantes, j’avais été mystérieusement enchaîné à l’histoire, et mon destin indissolublement lié à celui de mon pays».

Ainsi naquit Saleem Sinai, héros des «Enfants de Minuit», dont le corps, mutilé au fil des pages et du temps, portent les stigmates d’une Inde libre et nouvelle qui n’a pas su saisir sa chance. Le ton est donné, mélange d’imagination et de politique, de merveilleux et de tangible. Aventure individuelle et collective d’une Inde éclatée, amputée par la partition du Pakistan et du Bangladesh.

Une Inde que l’écrivain Salman Rushdie, par le biais de son héros, s’évertue à préserver de l’absurdité et de la décomposition en en conservant les morceaux et les sucs dans des bocaux de chutney, cet indispensable condiment indien qui relève le goût des plats, et celui de la narration, pour le palais des lecteurs à venir.

Histoire démente? Sans doute. De cette même démence qui fait le charme de ce si vaste pays – qui, comparativement, s’étendrait du Cap Nord à la Sicile – où se côtoient un nombre inimaginable de cultures, de langues et de dieux.

Mais déjà je doute. Une fois de plus, je me pose la question: faut-il connaître l’Inde pour apprécier la plume délirante de Salman Rushdie? Faut-il avoir goûté à la légère acidité du chutney, respiré le fumet des birianis, l’odeur âcre des curries, trempé ses lèvres dans l’amertume du thé trop infusé pour pouvoir suivre, des montagnes du Cachemire à celles du Pakistan, des vieux quartiers musulmans de Delhi aux rues bondées de Bombay, les aventures de Saleem Sinai, de Parvati la Sorcière, de Shiva le Mauvais, et de tous ces «Enfants de Minuit», nés au même instant que la nation, et qui représentent l’essence même de la multiplicité du pays?

Car c’est bien de cette Inde-là dont parle Salman Rushdie. Une Inde bariolée, aussi incongrue et vertigineuse qu’un songe, qui n’est pas l’Inde des touristes. Complément essentiel au voyage, même si Salman/Saleem nous emmène au gré de son récit burlesque à la découverte des palais de la vieille Delhi, de la grande mosquée du vendredi, du Taj Mahal ou des jardins de Shalimar à Lahore, au Pakistan. Dans les conserves de chutney du romancier, le mélange subtile du safran, du curcuma et de la coriandre font renaître le passé et ses infimes sensations. Il faut y goûter pour saisir l’extravagance de l’Inde.

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En Suisse romande, les spécialistes des voyages en Inde:

La plupart des grands voyagistes proposent des séjours en Inde, mais seules quelques agences sont en mesure d’offrir, en plus des voyages classiques, des découvertes culturelles sur des thèmes plus pointus: «Sur les traces du Livre de la Jungle», «Yoga et méditation à Rishikesh», «Au royaume de Shiva et des épices», «Les sources du Gange», etc. Le prix varie de 3000 à 7000 francs suisses selon la destination.
Pour ceux qui préfèrent se débrouiller seul: l’Inde est un pays facile d’accès, très bon marché si l’on évite les grands hôtels, sans risque pour les voyageurs, à condition de parler un peu l’anglais.

Parmi les agences spécialisées:
Horizons Nouveaux, à Verbier, tél. 027/771 71 71.
Nomade Expérience, à Bulle, tél. 026/913 98 00.
Sakadoh à Lausanne, tél. 021/626 17 70.
Voyages et Culture, à Lausanne, tél. 021/312 37 41
Artou, à Genève, tél. 022/818 02 02.

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L’ouvrage à prendre dans ses bagages: «Les Enfants de Minuit», de Salman Rushdie. Traduite en quinze langues, cette oeuvre a été récompensée du Booker Prize en 1981.