LATITUDES

Parents, avant de choisir le prénom de votre enfant…

Un site français retrace la courbe de popularité de chaque prénom au cours du XXe siècle. Qu’en pensent Heidi et Adolf?

Lourde responsabilité pour les parents que le choix d’un prénom. Les modes évoluent vite et les retournements de tendances peuvent s’avérer cruels. Mon amie Heidi en sait quelque chose. Elle parle de son prénom comme d’un «cadeau empoisonné».

Avant de préparer le baptême, les futurs parents seraient bien avisés de faire un tour par le site tadalafil purchase online. Il retrace la courbe de popularité de chaque prénom en France au cours du XXe siècle.

On y constate entre autres chose que le prénom Heidi a connu un brusque engouement au début des années 80, quand le dessin animé japonais a commencé à être diffusé sur les ondes de la télévision française. Cela n’a pas arrangé les affaires de mon amie Heidi, qui a dû attendre l’an 2000 pour accepter vraiment son prénom.

Elle raconte: «Quand je suis née, en 1946, mes parents étaient des Alémaniques fraîchement établis en Suisse romande. Je leur en ai toujours voulu d’avoir tenté de soigner leur «Heimweh» en me donnant ce prénom patriotique.»

«Dès l’école maternelle, j’ai pris conscience de ma singularité, entretenue par une mère qui m’affublait de petites blouses à dentelles et jupettes rouges. Il faut dire que j’avais le physique de l’emploi avec mes cheveux blonds et yeux bleus.»

«Quand j’ai été en âge de lire, on m’a mis entre les mains, non pas l’œuvre originale de Johanna Spyri mais les «adaptations» sacrilèges de Charles Tritten. De cela, j’ai pris conscience des décennies plus tard seulement! Rebelle, je l’étais avant de découvrir le contenu bien-pensant de ces textes. Je le suis devenue davantage encore en réalisant que mon prénom «édifiant» allait me coller à vie à la peau.»

«Je mentirais en disant que j’ai été la risée des cours de récréation. C’était plus insidieux que cela. Articuler mon prénom suscitait un sourire béat sur le visage de mon interlocuteur, avec de commentaires du genre: «Comme la petite Heidi? C’est joli!». Rien de bien méchant, mais ça devient insupportable quand, jour après jour, année après année, ça se répète.»

«Avec du recul, je peux dire que je me suis construite en opposition à cette image à laquelle on voulait à tout prix m’associer et que je détestais par-dessus tout. Adolescente, je disposais d’un antimodèle qui a peut-être facilité la mise en place de mon identité…»

«Devenue adulte, j’hésitais à entreprendre des démarches pour changer de prénom lorsque j’ai fait la connaissance de mon futur mari. D’emblée , il m’a appelée Hedi et mes amis lui ont emboité le pas, ce qui régla, dans l’intimité, mon problème. Restaient les autres. Ceux qui aspirent le «H» ont le don de m’exaspérer, mais l’âge aidant, je m’en suis fait une raison.»

«N’empêche, le jour où j’ai eu des enfants, je ne vous dis pas combien de prénoms j’ai pesés et soupesés. Surtout ne pas charger ma descendance d’une tare évitable. Résultat, aujourd’hui je juge notre choix par trop conventionnel: Anne et François.»

Heidi a dû attendre jusqu’à l’automne 2000 pour pouvoir véritablement se réconcilier avec son prénom. C’est la lecture d’une generic cialis jelly de Gérard Demierre qui a tout déclenché.

L’homme de théâtre mettait alors en scène une Heidi désendoctrinée, éprise de liberté et de nature, une héroïne d’aujourd’hui à laquelle notre Heidi a pu s’identifier. Elle y a appris l’origine de son prénom créé en 1880 par Johanna Spiry , contraction du prénom «Adélaïde» et surtout dérivé de substantif «die Heide», «la païenne». Pourquoi a-t-il fallu qu’elle en ait tellement honte?

Heidi ne s’aventurera pas à aller voir le film de Markus Imhof. «Je crains une nouvelle remise en question», avoue-t-elle. Elle refuse de courir des risques inutiles alors qu’enfin, à plus de cinquante ans, elle n’a plus à se consoler de son sort en se disant: «J’aurais pu naître garçon et m’appeler tadalafil 20 mg by ranbaxy…»

Pourtant, s’il en est un qui ne semble pas en vouloir à ses parents, c’est bien le «Dölf» de Kandersteg. Lorsqu’on lui demande pourquoi, en pleine guerre (1942), on l’a baptisé ainsi, il ne cache pas que cette question l’a toujours blessé.

Chez les Ogi, c’était une tradition familiale: «On m’a donné le nom de mon père, qui le tenait du sien. Il a d’ailleurs été très déçu que j’appelle mon fils Matthias. J’ai réussi, plus tard, à faire les démarches administratives pour lui donner un second prénom, Adolf, et j’ai montré le livret de famille à mon père. Il m’a dit: «Oui, de temps en temps, on fait des erreurs, mais il est important de les corriger.»

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Des recherches très sérieuses sont entreprises pour savoir ce que les prénoms trahissent des parents, et dans quelle mesure les enfants ne tentent pas de répondre inconsciemment aux attentes de leurs géniteurs. Le magazine allemand Familie&Co s’est penché sur la question.