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L’irrésistible ascension d’une tête à claques

Concilier le néo-libéralisme poussiéreux des années 1980 avec des positions dans l’air du temps sur les questions sociétales et un ressenti quasi de gauche sur la problématique migratoire. Tel est le secret du nouveau vice-président du PLR, Philippe Nantermod, pour réussir à agacer tant de monde.

Tête à claques. L’expression paraît avoir été inventée pour lui. Tant Philippe Nantermod a bâti sa déjà si longue et pourtant encore très brève carrière politique sur la provocation facile.

Quoi de plus facile en effet et de plus provocant que de s’afficher en 2016 en jeune vieux néolibéral des années 1980. De plaider pour un reagano-thatchérisme dont chacun paraît être revenu depuis longtemps. Pour une méfiance systématique envers l’État et une préférence tout aussi systématique accordée comme il dit «aux libertés individuelles plutôt qu’aux libertés collectives». Pour un rejet aussi sans concession de toute forme d’écologie.

Certes le jeune avocat écrit une thèse de doctorat sur l’environnement, mais consacrée à «la planification et la réalisation des domaines skiables en droit de l’aménagement du territoire». Les remontées mécaniques, il faut dire, ce Morginois de naissance, et toujours de résidence, est tombé dedans avant d’avoir chaussé sa première paire de skis. Les maquereaux des cimes blanches, il serait plutôt pour.

Sinon, au rayon des «petites habitudes», il confesse une fréquentation assidue des bars de Morgins. On n’est jamais mieux servi que chez soi. C’est d’ailleurs la tenancière d’un bar local qui l’emmène, adolescent, à une assemblée du parti radical, lui le rejeton d’une famille PDC pur sucre. L’apostasie est d’autant plus facile qu’à cette époque son idole s’appelle Pascal Couchepin.

Candidat perpétuel au Conseil national depuis qu’il a le droit de vote, Philippe Nantermod a fini par être élu à la quatrième tentative, en défendant les thèses qui étaient en vigueur au moment de sa naissance, en 1984. Ce libéralisme tout fou, tout feu, au nom duquel, lors de son passage au Grand Conseil valaisan, il a obtenu dans l’hostilité générale la suppression de la rente à vie des Conseillers d’État. Mais aussi l’obligation faite aux bénéficiaires de l’aide sociale de rendre quelques menus services à leur commune de résidence. C’est ainsi sur les routes valaisannes qu’on peut voir des cinquantenaires défraîchis, hommes et femmes, sécuriser la traversée des passages piétons devant les écoles, tâches dévolues autrefois aux enfants eux-mêmes.

Le jeune homme pressé croit encore «qu’il n’y a rien de plus humaniste que les positions libérales». On le voit ainsi ferrailler contre le prix unique du livre ou contre le recours des associations écologistes. De quoi se mettre à dos une forte cohorte de belles âmes, émues qu’on ose s’en prendre à des choses aussi sacrées que la protection de la nature ou le noble métier de libraire indépendant.

Pour lui «service public» est un gros mot, (sauf lorsqu’il réclame de modifier le tracé de la ligne CFF du Simplon pour la faire passer par Monthey), les Uber l’invention du siècle et la RTS pas loin d’une entreprise de racket. L’abolition de Billag figure naturellement en bonne place au rang de ses obsessions.

Philippe Nantermod compense ces positions viriles et droitières par un profil geek qui le pousse à se montrer très actif sur toutes les formes de réseaux sociaux pouvant exister ou encore à inventer. La musique, il l’écoute sur le «cloud» et il ne lit plus que sur liseuse électronique. On le trouvera aussi très en accord avec les idéologies sociétales contemporaines: n’a-t-il pas poussé le bouchon du conformisme jusqu’à adhérer à la section Femmes du parti radical?

A s’émouvoir surtout de la crise des migrants, allant jusqu’à plaider «coupable de n’avoir pas réagi assez fermement à ceux qui réclament à tort et à travers une politique d’asile toujours plus restrictive». On est libéral ou on ne l’est pas. Propos de campagne électorale, rétorquent les mauvaises langues, assez nombreuses à attendre au tournant sur cette question l’ambitieux pilier de bar alpin.