Toujours plus d’entreprises recourent à des assistants robotisés pour effectuer des travaux quotidiens. Le but: gagner en productivité et en précision, tout en libérant les humains des tâches les plus répétitives.
Que ce soit dans le domaine de la science, de la finance ou du journalisme, un nombre croissant d’entreprises recourent à des robots dans leur travail de tous les jours. Ces derniers remplissent des tâches toujours plus complexes et collaborent de plus en plus étroitement avec les hommes, les assistant notamment dans des fonctions répétitives requérant une grande précision.
Andrew Alliance, une start-up genevoise fondée en 2011, a développé un robot «co-worker», baptisé Andrew, dont la fonction consiste à effectuer le travail d’un laborantin. Concrètement, ce robot, lancé en janvier 2013, assiste les scientifiques dans leurs travaux de manipulation des liquides. Il manie des pipettes conçues pour des opérations manuelles, libérant ainsi les humains d’un travail à la fois stressant et fastidieux. «La biologie est de plus en plus complexe et sophistiquée, souligne le CEO Piero Zucchelli. Cependant, les scientifiques continuent à être formés à la réalisation d’expériences manuelles. Ce travail, effectué par des chercheurs disposant d’une longue expérience, n’a pas de sens. C’est au contraire une source importante d’erreurs, d’imprécisions et de coûts supplémentaires, en particulier dans un pays comme la Suisse.»
Limiter les risques
Grâce à un bras articulé, à un logiciel, à des caméras et à divers algorithmes, Andrew permet d’automatiser des processus de recherche nouveaux ou établis, en limitant les risques, tout en obtenant des résultats reproductibles et traçables. Elu «Nouveau produit de l’année» peu de temps après son introduction par la Society for Laboratory Automation and Screening (SLAS), une organisation internationale de soutien à la science, il a été adopté par divers clients dans le monde académique et dans la pharma. Pour l’heure essentiellement distribué aux Etats-Unis, ce robot, conçu pour être utilisé par les biologistes «dès sa sortie de boîte», est également disponible sur le commerce dans plus de 17 pays.
La société genevoise, dont l’équipe fondatrice se compose de quatre membres travaillant ensemble depuis une dizaine d’années, vient d’annoncer l’ouverture d’un bureau à Boston et a récemment finalisé la clôture d’un financement auprès d’Omega Funds, un important fonds mondial actif dans la santé et spécialisé dans les investissements en sciences de la vie. L’objectif de la start-up consiste notamment à étendre par ce biais le développement commercial de son robot sur le marché américain, où il est actuellement vendu à un prix d’environ 24’000 dollars.
Basée à Hong Kong, la société Deep Knowledge Ventures, spécialisée dans l’investissement dans les entreprises technologiques liées à la santé, utilise pour sa part depuis peu un logiciel d’analyse intelligent, baptisée Vital. Sa fonction consiste à réaliser les meilleures recommandations d’investissement possibles dans le secteur des sciences de la vie. Pour ce faire, il se base sur l’apprentissage automatique (machine learning), qui représente l’un des champs d’étude de l’intelligence artificielle. En d’autres termes, cette machine utilise des méthodes automatisables qui lui permettent d’évoluer grâce à un processus d’apprentissage et de remplir ainsi des tâches difficilement réalisables par le biais d’algorithmes plus classiques. Concrètement, elle analyse des tendances financières dans des bases de données d’entreprises actives dans le secteur des sciences de la vie afin de prédire les investissements les plus prometteurs.
Robot journaliste
Autre exemple, dans le journalisme, l’agence de presse américaine Associated Press (AP) a récemment robotisé la rédaction de certains articles financiers. Son robot se base sur les algorithmes d’Automated Insights, une société américaine d’analyse de big data. Il recherche des informations dans une banque de données et rédige ensuite un court texte présentant les chiffres analysés. Ces articles automatiques sont relus par les journalistes de l’agence. Cependant, à terme, l’objectif est d’attribuer ces tâches simples aux robots, ce qui permettra à l’entreprise d’augmenter sa productivité et aux journalistes de se consacrer à des fonctions plus intéressantes comme les enquêtes ou les analyses.
Ce type d’avancées peut effrayer certaines personnes, pouvant notamment craindre un remplacement progressif du travail des hommes par les machines. Piero Zucchelli, qui a travaillé précédemment en tant que chercheur au CERN, se montre au contraire particulièrement optimiste à ce sujet: «La robotique à l’heure actuelle me rappelle les premiers trains au début du siècle: c’est une opportunité incroyable pour la société qui permet de soulager les travailleurs et d’ouvrir de nouveaux horizons. Personne ne pense aujourd’hui que les trains ont supprimé des emplois, ni que les calculatrices de poche ont remplacé les comptables…»