TECHNOPHILE

Les atouts de la fibre optique en entreprise

Les offres pour l’internet ultra-rapide se multiplient dans les villes romandes, à des prix toujours plus attractifs. Mais les besoins ne sont pas les mêmes pour toutes les sociétés. Nos conseils.

Auparavant réservée aux grandes entreprises, la fibre optique est désormais aussi accessible aux PME à des tarifs abordables. Sous l’impulsion de Swisscom et des services industriels des villes suisses, auxquels l’opérateur s’est souvent associé pour l’édification du réseau, le déploiement de cette technologie s’est accéléré ces derniers mois dans les centres urbains. «La généralisation de la fibre fait chuter les prix», résume Ziad Fokeladeh, directeur technique de la société DFi, spécialisée dans la fourniture de services informatiques aux entreprises.

Bien qu’ils n’y soient pas légalement contraints, comme cela est par contre le cas pour les raccordements traditionnels en cuivre, les constructeurs du réseau se sont engagés à louer les lignes de fibre optique aux autres opérateurs pour leur exploitation commerciale. «Cette décision a été prise non seulement pour rentabiliser les investissements entrepris, mais aussi pour préserver la concurrence», précise Armin Blum, chef des Services fixes et service universel à l’Office fédéral de la communication (OFCOM). Si bien que l’offre explose, avec une multitude de fournisseurs.

Les atouts principaux de cette technologie sont ses débits extrêmement élevés et la stabilité des connexions. Davantage que la taille, ce sont les activités de la société qui déterminent la nécessité d’un raccordement, explique Annina Merk, porte-parole de Swisscom: «La fibre est, par exemple, plus intéressante pour un bureau de graphisme qui veut transférer de gros volumes de données que pour un salon de coiffure, même si le bureau ne compte que cinq collaborateurs. De même, si une PME sauvegarde ses documents dans le cloud (stockage en ligne), ils pourront être transférés nettement plus rapidement grâce à la fibre. La disponibilité sur les lignes est également bien meilleure que pour les liaisons standards lorsque plusieurs collaborateurs utilisent simultanément des services internet.»

Lignes symétriques

Pour ceux qui souhaitent franchir le pas, les options les moins chères sont à chercher du côté des abonnements dits FTTH (Fiber To The Home). Dans ce cas de figure, la connexion est établie gratuitement jusque dans l’entreprise par l’opérateur. A l’origine destiné aux particuliers, le FTTH permet aujourd’hui d’obtenir des vitesses de téléchargement allant jusqu’à 150 Mbit/s, comme le propose UPC Cablecom, quand le haut débit classique sur câble ou ligne de cuivre (VDSL) ne dépasse pas 30 à 50 Mbit/s. Pour y avoir accès, il faut que sa société figure dans une zone desservie par la fibre optique et que le propriétaire des locaux ait donné son accord pour les travaux d’installation. Une fois l’offre conclue, le raccordement s’effectue en quelques semaines (parfois quelques mois).

Les prix des abonnements FTTH démarrent à quelques dizaines de francs par mois pour atteindre jusqu’à 150 francs pour les débits les plus élevés, téléphonie incluse, auxquels s’ajoute le prix du modem qui doit être compatible avec la fibre (parfois compris dans l’offre). A titre comparatif, il faut compter un peu plus de 100 francs par mois pour les abonnements haut débit classique les plus performants.

Si elles sont donc relativement peu coûteuses, les connexions FTTH présentent le désavantage de n’être pas symétriques, c’est-à-dire que l’envoi de données n’atteint pas des vitesses aussi élevées que la réception. Chez Swisscom, par exemple, les débits en montée ne dépassent pas 10 Mbit/s. «Pour la plupart des petites entreprises, cela suffit, commente Ziad Fokeladeh, de DFi. C’est d’ailleurs vers ces solutions que la plupart d’entre elles se tournent.»

Toutefois, des débits montants plus importants sont parfois nécessaires. «Pour les PME qui possèdent des serveurs internes sur lesquels de nombreux collaborateurs ou des clients externes se connectent régulièrement, ou pour les sociétés qui font héberger leurs services informatiques à l’extérieur de leurs murs ou dans le nuage, il est recommandé de se tourner vers des offres symétriques pour faciliter les transferts», conseille Christian Maret, directeur commercial de l’entreprise de télécommunications VTX. Et là, la vitesse devient illimitée ou presque: les opérateurs proposent des débits symétriques allant jusqu’à 10 Gbit/s (c’est-à-dire 500 fois plus qu’une ligne ADSL de base).

Les différences de prix avec le FTTH sont cependant importantes. Chez VTX, une connexion symétrique de 10 Mbit/s revient à 460 francs par mois et les prix montent à 690 francs par mois pour du 20 Mbit/s. Des coûts supplémentaires peuvent en outre être facturés en fonction des travaux à effectuer pour l’installation, à négocier au cas par cas. «Dans le cas de solutions très complexes, une demande d’extension en dehors des zones couvertes par la fibre optique peut également être formulée, mais cela concerne davantage les grandes entreprises que les PME», précise Annina Merk de Swisscom.

Au-delà des vitesses de transfert, les offres varient aussi selon la qualité du service proposé par les opérateurs. «Les abonnements les moins chers n’offrent pas de garantie d’assistance en cas de panne, ce qui signifie que l’intervention technique peut prendre du temps», avertit Christian Maret, de VTX. En outre, il est possible d’opter pour des systèmes de secours plus ou moins élaborés, du basculement sur l’ancienne liaison en cuivre en cas de problème à l’installation d’une deuxième connexion en fibre optique auprès d’un autre opérateur. «On n’aime jamais payer trop cher, continue Christian Maret. Mais comme pour les assurances, il s’agit de mettre dans la balance le montant que l’on est prêt à débourser, et les risques que l’on accepte d’encourir en cas de panne.»
_______

«Un gain de temps important»

Au début de cette année, les cinémas indépendants Scala, à Genève, sont passés à la fibre optique. Une décision motivée par l’abandon du 35 mm au profit du numérique. «Les films que nous recevons du distributeur pèsent en moyenne 150 Go, explique le responsable technique des Scala, Olivier Perrière. Aujourd’hui, ils arrivent encore sur disque dur. Mais demain, le transfert sera dématérialisé et nous les téléchargerons directement chez le distributeur.»

Le technicien explique avoir testé le téléchargement à distance via un serveur en ligne avec un «petit film»: «Avec le haut débit classique, cela a pris 24h. Pendant ce temps-là, internet est saturé…» La fibre optique a abaissé ce délai à 7h. «Il s’agit d’un gain de temps important.» Les Scala reçoivent deux à cinq nouveaux films par mois, en plus des bandes-annonces ou des projections de presse.

Comme les cinémas possèdent surtout des besoins au niveau du téléchargement, ils ont opté pour une offre asymétrique de type FTTH, avec 50 Mbit/s pour la réception de données et 5 Mbit/s pour l’envoi. Quant aux coûts, ils sont quasiment identiques à ceux de leur ancien abonnement DSL, soit un peu plus de 100 francs par mois.
_______

Qu’est-ce que la fibre optique?

Fabriquée pour la première fois en 1970, la fibre optique se présente sous la forme d’un fil de verre ou de plastique de l’épaisseur d’un cheveu et recouvert d’une protection. Contrairement aux câbles de télécommunications traditionnels en cuivre, les données sont véhiculées sous forme lumineuse et non pas électrique, permettant une vitesse de transfert extrêmement élevée, tant pour l’envoi que pour la réception.

Le réseau large bande supporté par cette technologie lui permet de faire transiter simultanément internet, la télévision ou le téléphone. Autre atout: la fibre optique est insensible aux perturbations électromagnétiques et peut transporter des données sur des milliers de kilomètres sans que la qualité du transfert n’en soit affectée.
_______

Outils pratiques

L’atlas suisse de la large bande (www.atlaslargebande.ch) permet de visualiser, avec une précision de 250×250 mètres, où sont disponibles des raccordements à large bande pour toutes les technologies et dans toute la Suisse, y compris pour la fibre optique. On peut également s’adresser directement aux opérateurs pour se renseigner.

Par ailleurs, un guide pour aider les PME à tirer le meilleur profit de la large bande sera publié sur internet au début de l’année prochaine. Sa réalisation est coordonnée par le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB). «Nous avons pris conscience de la nécessité d’informer au mieux les entrepreneurs sur ces nouvelles technologies parfois complexes», souligne le directeur de SAB, Thomas Egger.
_______

Une version de cet article est parue dans PME Magazine.