LATITUDES

La vogue des familles accordéon

Après avoir quitté le nid parental, les enfants y reviennent quelquefois à l’âge adulte, et plus particulièrement en temps de crise. Tel un accordéon, la famille se dilate, puis se resserre. Analyse.

«Dire qu’il y a dix ans je souffrais du syndrome du nid vide! Je n’étais vraiment pas préparée à ce retour.» Retraitée depuis un an, Hélène est épuisée; victime depuis quatre mois d’une «fille boomerang» qui, suite à un divorce, a regagné le nid de son enfance avec Emilie, sa fille.

«Enfants boomerang», est le qualificatif donné aux adultes qui retournent vivre chez leurs parents. Avec «buy cheap cialis link online», l’essai de la sociologue américaine Katherine Newman, les familles qui connaissent de tels retours se trouvent désormais labellisées.

Suite à un divorce, un licenciement, des difficultés financières ou l’attente d’un logement, des trentenaires ou quadragénaires — avec ou sans partenaire et enfants — demandent à leurs parents de les héberger quelque temps. Ce qui devait demeurer un hébergement provisoire peut alors se prolonger et mettre la famille à rude épreuve.

Les logements n’ont pas étés conçus pour faire face à cette vie communautaire qui voit plusieurs générations vivre sous le même toit.

En l’absence actuelle de solutions architecturales à même de faciliter ce vécu tribal, la cohabitation se vit plus ou moins bien. Ce qui n’aurait pas été envisageable il y a une trentaine d’années l’est devenu grâce à la réduction du «fossé» entre générations. «On est loin du modèle éducatif tutélaire de l’après-guerre et de la tension qui existait entre les générations autour des valeurs (…) Une grande classe d’âge allant de 18 à 60 ans partage donc les mêmes valeurs (… ) Les parents sont moins prescripteurs de valeurs et davantage accompagnateurs», expliquait récemment le sociologue Olivier Galland dans un article du journal Le Monde.

Avec d’un côté des parents qui se sentent envahis mais se taisent et, de l’autre, des enfants en échec, qui éprouvent une forme de déclassement générationnel, cette période de cohabitation est une période semée d’embûches. Mieux vaut être préparé pour ne pas subir douloureusement ce vécu, à l’instar d’Hélène. «Il est important de garder en tête que l’on ne revient pas chez soi, mais chez ses parents. Il convient de se comporter en adulte responsable, non en enfant gâté ou en étudiant attardé», remarque Simone Korff-Sausse, psychanalyste, auteure de «commander tadalafil 20mg». C’est que, parmi ces «enfants boomerang», on compte d’anciens «Tanguy» qui avaient eu du mal à quitter papa-maman et qui regagnent sans difficulté leur nid encore tiède. En période de crise, la solidarité transgénérationnelle n’est-elle pas censée fonctionner pour assurer la sécurité matérielle?

Une solidarité que l’on se réjouit de voir à l’oeuvre dans quelques années lorsque âgés, les parents de ces ex-«enfants boomerang» feront alors appel à eux pour les accueillir et leur éviter l’entrée en institution! «Aujourd’hui, l’accordéon connaît une extension en direction de la jeunesse. Or, dans le passé, nous avons eu des «familles accordéon» qui s’élargissaient pour incorporer l’ancienne génération. Mon grand-père vivait dans notre famille lorsque j’étais enfant», rappelle Katherine Newman dans une interview.

Pour l’heure, contrairement à Koichi, l’attachant personnage du film «I Wish» (sur les écrans romands en ce moment) qui, lui aussi, vit avec sa mère chez ses grands-parents, Emilie ne compte pas sur les TGV pour exaucer son voeu de voir sa famille à nouveau réunie. Dans les Franches-Montagnes où elle habite, on ne prête pas aux petits trains rouges qui les parcourent la faculté de rétracter l’accordéon familial. Alors, elle compte sur les innombrables lettres adressées à son père pour opérer le «miracle».