LATITUDES

Les Genevois, pros du «polo des prolos»

Genève s’est imposée comme une capitale du vélo-polo. Deux équipes de ce sport atypique participeront aux Mondiaux de la discipline en septembre à Seattle, dont l’une est déjà championne d’Europe.

On avait remarqué un engouement pour le polo auprès de l’élite bancaire genevoise; les marques horlogères se battent depuis quelques années pour en sponsoriser le moindre tournoi dans une ambiance très cottage-champagne.

Ce que l’on connaissait moins, c’est le succès d’une version urbaine et carrément plus populaire de ce même sport: le vélo-polo (ou polovélo). Au point que Genève s’est même imposée comme la capitale européenne de la discipline, la ville regroupant les meilleurs joueurs du continent. Ils participeront début septembre aux Championnats du monde à Seattle. Loin des luxueux club-houses et des dames à chapeaux, les adeptes de vélo-polo s’entraînent sous un pont autoroutier.

«Nous avons gagné les Championnats d’Europe en 2009, 2010 et 2011, raconte Mario Rhyner, joueur du team genevois, sobrement baptisé L’Equipe. Ce succès est encourageant et nous donne envie d’aller plus loin. En ce moment, on s’entraîne pour les Championnats du monde. Nous sommes arrivés troisièmes en 2010 et nous avons toutes nos chances d’obtenir de bons résultats cette année.»

Une autre équipe genevoise, baptisée Iron Ponies, sera du voyage. «J’ai découvert le vélopolo il y a deux ans, grâce à mon frère, raconte Quentin Bailat, architecte d’intérieur genevois, membre des Iron Ponies. J’ai tout de suite croché. Ce sport de contact s’apparente un peu au street hockey. Il est à la mode depuis peu et du coup, tout le monde a sa chance. C’est stimulant. D’autant plus qu’à Genève, on a le privilège de pouvoir s’entraîner avec d’excellents joueurs!»

Les adeptes se retrouvent trois fois par semaine sur le parking à côté du centre commercial de La Praille. Avec un vélo, un casque, une balle et un maillet, ils redonnent vie à ce sport inventé il y a plus de cent ans par un cycliste irlandais. Les règles du jeu? Il est interdit de poser le pied par terre et il faut marquer cinq buts pour gagner.

«Ce vélo-polo est souvent surnommé “polo du prolo”, remarque Quentin Bailat. Le parallèle est amusant mais ne reflète pas tout à fait la réalité: les joueurs passent beaucoup de temps à bricoler leur monture et à améliorer leur équipement. Au final, ce sport peut devenir relativement cher à cause de l’entretien et l’achat de pièces de plus en plus spécifiques. Sans compter que les vélos utilisés sur le terrain ont un rapport de vitesse tellement petit qu’ils sont difficilement utilisables dans la vie de tous les jours. Cela implique donc d’en avoir un deuxième.»

Mais on reste loin du budget du prince Charles, et cela ne freine pas l’afflux rapide de nouveaux adeptes. «De nouveaux joueurs arrivent chaque année. Cet engouement est positif, mais risque de bientôt poser un problème d’espace», explique Quentin Bailat, qui a déjà entrepris des démarches auprès de la Ville pour obtenir d’avantage d’infrastructures.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.