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L’irrationalité du gardien de but

Au moment du penalty, en une fraction de seconde, le gardien doit décider s’il va plonger à gauche, à droite, ou s’il va rester au milieu du but. Une étude conclut à l’efficacité supérieure de l’inaction. Une attitude peu prisée dans et hors stade.

A Moscou, l’équipe du Lausanne-Sport vient de créer la surprise en arrachant aux penalties sa qualification pour l’Europa League. Le portier russe du Lokomotiv n’a pas été à la hauteur de feu son compatriote Lev Yachine (1929-1990), considéré comme l’un des meilleurs gardiens de tous les temps. Il aurait arrêté 150 penalties durant sa carrière!

L’épreuve du tir au but fait l’objet d’innombrables palabres. Comment le gardien — angoissé, n’est-ce pas Peter Handke? — doit-il se comporter? Se fier à son instinct? À ses notes, tel Jens Lehmann et son antisèche lors de la Coupe du monde 2006? Ou plutôt aux statistiques?

Peter Schmeichel, l’ancien gardien de Manchester United, cialis buy online sur le site de la FIFA avoir eu une approche vieux jeu du penalty. «Je me fiais totalement à mon instinct. Je choisissais très tôt mon côté et m’y tenais. Parfois ça marchait, d’autres fois pas». Lorsqu’on lui parle de récoltes de données sur ces tirs à onze mètres, il répond: «Cela m’aurait sans doute bien servi si j’avais eu tout ça sous la main pendant ma carrière.»

Mais que nous apprennent les statistiques? Michael Bar-Eli et son équipe de l’Université Ben-Gourion du Néguev, en Israël, ont visionné un échantillon de 286 penalties effectués dans matches internationaux. Premier constat, ils ont vérifié ce que nul n’ignore: les penalties sont très difficiles à arrêter. Ils pénètrent dans la cage dans 85% des cas.

Dans 94% des cas, les gardiens effectuent un plongeon à gauche ou à droite en essayant d’anticiper le choix du buteur. Ils restent au centre des buts dans 6% des cas. Or, cette tactique peu utilisée est la plus efficace avec une probabilité d’arrêt de 33% contre environ 13% pour les plongeons latéraux.

Pourquoi les gardiens choisissent-ils néanmoins de plonger si la probabilité d’arrêter le ballon est plus grande en ne bougeant pas? Pourquoi sont-ils irrationnels? C’est la préférence pour l’action qui biaiserait leur choix, expliquent les chercheurs israéliens en psychologie cognitive. «On ne peut pas ne rien faire, il faut faire quelque chose en pareille circonstance.»

«Même s’il échoue, le gardien pourra dire qu’il a au moins fait quelque chose. Dans le cas contraire, s’il ne fait rien et encaisse un but, il aura l’air idiot et s‘en voudra de ne pas avoir bougé. Car, aux yeux du public et de son équipe, un but encaissé sans bouger est plus dur à admettre qu’un but encaissé en bougeant.»

Hors stade, on retrouve ce type de biais dans de nombreux domaines. Politique et économie n’y échappent pas, souvent victimes de l’action pour l’action. Réagir ou non à un tir de missile, à un attentat, à une agression verbale? Vendre ou ne pas vendre des actions à la baisse, les convertir en or ou attendre, ne rien faire?

Dans le courrier envoyé ce mois à ses clients, le Crédit Suisse débute ainsi: «Entre le football et la finance, il est possible de faire quelques parallèles». Et d’expliquer que, dans son magazine «Investir», l’entraîneur Ottmar Hitzfeld dévoile la stratégie qui conduit à la victoire. Pour la grande banque, l’analogie avec le foot semble évidente pour réussir de bons placements. Le cas particulier du gardien au moment du penalty n’est pas mentionné. Et pour cause! Pas question d’inciter l’investisseur à la rationalité, en l’occurrence à l’inaction: il convient de «toujours rester dans la course en matière de gestion de fortune», conclut l’éditorialiste.