Fait rare dans le domaine de la mode, la couleur violette sera omniprésente en 2010, pour la troisième année consécutive. Et le brun marque un retour en force, notamment dans l’automobile. Analyse chromatique.
Selon les grands bureaux de style parisiens, l’impact de la crise va encore se faire sentir en 2010. Ils évoquent un consommateur réfléchissant à deux fois avant de renouveler sa garde-robe. Ainsi, on pourra porter ce printemps, sans paraître démodé, sa veste couleur lilas achetée il y a deux ans déjà et se contenter de l’achat d’un nouveau foulard.
Des lilas qui refleurissent trois printemps consécutifs, une exception dans le domaine de la mode. Les partisans du slow wear s’en réjouissent.
Pourquoi cette couleur est-elle devenue incontournable? Correspond-elle symboliquement à notre époque ou à nos états d’âme? En psychologie, le violet, couleur de la fusion amoureuse, de la soumission, traduit le besoin d’union, d’approbation et d’identification à un être aimé. Il peut aussi exprimer un état d’esprit mélancolique s’accompagnant d’un besoin de tendresse et de douceur. C’est aussi la couleur des veuves, des évêques et des martyrs.
Lilas, parme, aubergine, améthyste, colombin, indigo, violine, prune, mauve, zinzolin: la grande famille des violets et de toutes leurs déclinaisons continue donc à être tendance. Non seulement dans l’univers de la mode mais dans l’ensemble de notre environnement visuel. Sous-vêtements, vêtements, chaussures, sacs, bijoux, mais aussi emballages de produits cosmétiques et de maquillage, linges de bain, tissus de décoration, literie, tapis et encore logos d’entreprises, uniformes des agents de la SNCF, couverts dans les restaurants; le violet s’immisce partout au risque de saturer.
Le parc automobile a été épargné par cette endémie violette. Il n’a pas vu fleurir de modèles dans cette teinte et demeure tristement noir (31% d’après les statistiques) et gris (40%). Une situation qui est en train de se modifier avec le retour d’une couleur inattendue: le brun.
Une teinte qui a eu besoin de bien des décennies pour faire oublier sa sombre connotation idéologique. Aujourd’hui, elle suggère le végétal, le retour à la terre. Elle se décline en beige, kaki, taupe, terracotta, des couleurs neutres, connotées «développement durable», emblématique de la nouvelle idéologie.
En pleine lutte contre le réchauffement climatique, le vert est certes toujours bien présent mais est désormais épaulé par le brun, couleur du bois et de la terre. La palette très variée du brun va du charbon de bois au chamois et du brun havane au brun biscuit. D’un point de vue symbolique, le brun représente la volonté, la vie saine et le travail. Ce n’est pas le jaillissement de la vie du vert mais sa maturation. Enfin, dans les rêves, les bruns sont interprétés comme un besoin de confort et de sécurité.
Depuis bien longtemps, on se réchauffe et on lutte contre les coups de pompe avec le café ou le chocolat, bien connus pour leurs vertus anti-dépressives. La blonde Nicole Richie, qui vient de se métamorphoser en brune, décrit un bénéfice insoupçonné: «Je me sens déjà plus intelligente.» Une propriété du brun jusqu’ici inconnue.
En Allemagne, c’est le parc automobile qui brunit depuis le premier semestre 2009 (29’770 voitures brunes vendues). Aux yeux des experts, «c’est la nouvelle conscience écologique qui est à l’origine de cet intérêt pour cette couleur associée pour beaucoup d’acheteurs à la terre.»
BMW montre la voie avec son modèle 4X4 pour pères de famille qui, grâce au capot brun posé sur les chevaux fougueux de leur moteur, ont l’impression d’alléger leur empreinte écologique.
Mercedes, Porsche, Toyota ne sont pas en reste. Les marques françaises élargissent elles aussi leur palette dans des déclinaisons du brun. Parfaite illustration du phénomène en cours, le clip de la Mégane Scénic de Renault, met en scène une virée, tellement écolo (avec un panda à bord!), en voiture, brune, naturellement.