LATITUDES

America’s Cup cherche 2000 volontaires

Organisateur de la prochaine coupe de l’America, Michel Bonnefous évoque la possibilité d’une pré-régate sur le Léman et lance un appel à candidatures pour 2007. Interview.

Le gagnant a le privilège d’organiser la compétition suivante. C’est cette règle immuable de l’America’s Cup qui vaut à Michel Bonnefous de préparer, depuis sa base de Valence, la prochaine édition de la plus prestigieuse des courses nautiques. Ami d’Ernesto Bertarelli depuis l’adolescence et directeur général du team suisse, il a participé, après le triomphe d’Auckland, à la décision de scinder en deux entités distinctes l’équipe sportive chargée de défendre le trophée (Alinghi) et l’organisation commerciale de la compétition, dont il a pris la charge.

«America’s Cup Management (ACM) occupe maintenant environ 70 personnes, explique Michel Bonnefous, joint par téléphone à Valence. Nous n’allons pas augmenter significativement cet effectif, mais nous allons accueillir 2000 volontaires qui viendront en 2007 nous apporter une aide sur le terrain.»

Les jeunes Suisses qui souhaiteraient participer bénévolement à l’organisation de la prochaine Coupe de l’America peuvent d’ores et déjà envoyer leur candidature à l’adresse info@americascup.com.

Pour célébrer le retour en Europe de cette compétition légendaire, l’équipe d’ACM prépare un événement aux dimensions exceptionnelles. Et les autorités locales vont tout faire pour lui donner le maximum de résonnance. La ville de Valence, la région et l’Etat espagnol ont été réunis dans le consortium Valencia 2007, principal partenaire et sponsor d’ACM pour l’organisation de la course et de ses à-côtés. Les changements politiques intervenus récemment en Espagne ont quelque peu bousculé l’agenda, mais les problèmes semblent maintenant résolus.

Sur le plan sportif, l’aventure a déjà commencé avec les pré-régates, appelées Acts, qui vont se poursuivre jusqu’à la Coupe Louis Vuitton (laquelle permettra de sélectionner le challenger d’Alinghi, dès avril 2007), puis l’America’s Cup en juin 2007.

Les prochains Acts auront lieu cette année en Sicile, puis en Europe du Nord (Allemagne ou Suède). On parle même de la possibilité d’organiser une de ces pré-régates en Suisse… Qu’en est-il?

Michel Bonnefous: Nous sommes en train d’étudier la faisabilité technique d’une pré-régate sur le Léman. Nous avons des ingénieurs, ici, qui travaillent sur ce projet car il y a beaucoup questions à résoudre, par rapport au tiran-d’eau notamment. Les principaux problèmes concernent la mise à l’eau et l’entreposage des bateaux. Dès qu’on saura si c’est possible, nous irons de l’avant.

Les pré-régates organisées en 2004 ont-elles été concluantes?

Oui, nous avons eu près de 300’000 spectateurs. Nous sommes très satisfaits.

Qu’y a-t-il à voir, à Valence, pour les spectateurs?

Beaucoup de choses! Les gens viennent flâner au bord de l’eau, boire un café sur les terrasses, voir les bateaux qui sont à quai… Et ils viennent suivre les compétitions, qui sont très populaires. Cela se passe exactement comme à Auckland. Le public aime beaucoup se balader et participer à l’événement. Nous allons stimuler les autorités pour qu’il y ait davantage de bateaux visiteurs qui permettent de suivre les courses. Cette année, dès mars et jusqu’à juillet, il y aura une activité permanente ici, avec 25 bateaux sur l’eau tous les jours. L’environnement est très agréable à Valence. C’est une ville sympa. On peut aussi aller rayonner dans les alentours et visiter la région, qui mérite d’être découverte.

Allez-vous organiser des événements culturels à l’approche de 2007, pour célébrer le retour en Europe de la compétition? Des concerts, des festivals de musique?

Nous allons évidemment tout faire pour que les gens puissent être proches de l’événement. Nous allons créer un village où les visiteurs pourront venir toucher la Coupe de l’America. Il y aura des animations, la ville de Valence va créer un programme de festivités.

Qui finance America’s Cup Management?

Le budget est de 210 millions de francs. Il vient essentiellement du soutien de Valence, des sponsors et des droits télé. Nos partenaires principaux sont Louis Vuitton, Grupo Santander, Endesa et Alcatel. Les supporters sont Ford, Adecco, Nespresso.

Comment se passent les négociations avec les télévisions?

Nous venons de signer un contrat important avec les chaînes allemandes ARD et ZDF, et nous continuons les discussions avec les autres pays, qui se passent très bien. Ça va monter en puissance.

Vous ne négociez pas par l’intermédiaire de l’Eurovision?

Nous avons essayé, mais nous nous sommes rendus compte que l’approche one-to-one était plus intéressante. Pas seulement pour des raisons financières, mais aussi parce qu’elle nous permet de «customiser» nos discussions, en fonction de la participation d’un team provenant du pays en question.

Vous avez effectué une vaste étude de marché. Quels enseignnements en avez-vous retiré?

Pour connaître la notoriété de la compétition, nous avons effectué une étude dans huit pays européens, auprès de 10’000 personnes. Il en est ressorti que près de 70% des gens connaissent et identifient l’America’s Cup. Nous leur avons posé des questions précises, pour vérifier s’ils la connaissent rééellement et nous assurer qu’il n’y avait pas de confusion. C’est la troisième compétition sportive mondiale en termes de notoriété, juste derrière les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde de football. Notre enquête montre aussi que 10 à 15% des gens sont des fans. Il y a là un bon potentiel de développement. L’étude démontre également un bon ratio «femmes» et «jeunes».

Dans quels pays la Coupe est-elle le plus populaire?

Notre étude montre que c’est en Suisse, en Italie, en France et au Portugal qu’il y a le plus de reconnaissance. Les fans sont plus nombreux en Suisse et en Italie. Dans les autres pays, y compris en Espagne, il y a un encore un fort potentiel. Nous allons le développer, notamment avec les télévisions. Les horaires de diffusion seront très favorables puisque les compétitions se passeront la journée pour les Européens. C’est la première fois depuis 152 ans!

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Une version de cet article est parue dans le magazine BabooTime de mars 2005.