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Le laxatif comme arme de destruction massive

L’ambassade russe vient de très opportunément rappeler ce qui sépare le modèle poutinien du modèle occidental prévalant en Suisse. Une vraie leçon pour têtes folles.

L’ambassade russe et son distingué ambassadeur ne sont pas contents. Et quand n’importe quel organe représentant le pouvoir russe actuel est fâché, lui toujours faire ainsi: vitupérer et menacer.

La menace, remarquons le, est toujours la même. Énième preuve que le manque d’imagination est un des signes à quoi se reconnait une dictature obtuse, ou une autocratie hémiplégique: de longues années de prison.

L’ambassade russe à Berne et son distingué ambassadeur ont ainsi cru bon, par voie de communiqué, d’expliquer à l’auteur d’un article paru dans la NZZ sur l’agression russe contre l’Ukraine, ce que lui aurait valu la publication d’un tel texte dans la sainte Russie poutinocrâte: «une amende, une peine de travail forcé ou plusieurs années de prison.»

Voilà qui est tout à fait remarquable. Comme si l’ambassade russe et son distingué ambassadeur avaient voulu souligner lourdement la différence entre le robuste modèle poutinien et le modèle démocratique occidental auquel se rattache la Suisse.

En gros d’un côté la liberté de dire, de penser, d’écrire. De l’autre le goulag sauf à bêler et rebêler, si l’on peut dire, à la lettre près, les communiqués officiels du Kremlin. Un monde pour homme libres, versus un monde pour moutons sages.

Même si on le savait déjà – du moins les esprits non aveuglés par un anti-américanisme de principe – ce qui sépare fondamentalement la Russie poutinienne de l’Occident, il faut être reconnaissant à Monsieur l’ambassadeur de venir le claironner bruyamment. Tant de têtes folles en étant encore à penser, président de la Confédération en tête, que la défense de l’Ukraine agressée ne mériterait au fond pas tant de sacrifices.

Ce que l’ambassade russe et son distingué ambassadeur mettent en évidence, en réalité, au-delà des intérêts et des arrières pensées de chacun, c’est le noyau même, la raison ultime de cette guerre menée et voulue par la Russie de Poutine: balayer une démocratie et la remplacer par une dictature, nier le choix libre des Ukrainiens d’être des hommes libres.

Il faut aussi reconnaître à l’ambassade russe et à son distingué ambassadeur qu’ils ne se vantent pas: le sort promis au journaliste de la NZZ si l’idée baroque lui prenait d’aller découvrir les beautés de la Russie profonde, est bien celui qu’ils disent. L’opposant Vladimir Kara-Mourza ne vient-il pas de récolter un quart de siècle de prison pour avoir prétendument calomnié la glorieuse et si humaine armée russe?

Notons, enfin, que l’article incriminé, décrivant la résistance ukrainienne dans la ville de Melitopol, donnait entre autres comme exemple de cette résistance celui de femmes de la ville distribuant «aux soldats russes des pâtisseries coupées avec des laxatifs».

L’ambassade russe et son distingué ambassadeur y ont vu une apologie du terrorisme. Alors qu’il s’agissait sans doute, plus simplement, de montrer que l’armée russe, comme tout envahisseur, finissait assez vite par se retrouver dans une drôle de mouise.

Heureusement l’ambassade russe et son distingué ambassadeur ont prouvé qu’à la fin, en Russie comme ailleurs, la vérité finissait toujours par sortir de la bouche des moutons récitant trop bien leur leçon.