Largement utilisé dans la fabrication du plastique dans les années 1990, le DEHP est aujourd’hui évité en raison de son impact sur les glandes endocrines et la fertilité.
Breveté dès 1949, le DiEthylHexyl Phthalate, phtalate de di-2-éthylhexyle ou phtalate de bis, de son petit nom DEHP, fut d’emblée très populaire pour sa capacité à rendre les plastiques, PVC surtout, moins cassants et plus flexibles. Un pic de production a été atteint dans l’Union européenne en 1997 avec 595’000 tonnes de plastiques produits.
Le DEHP était l’un des perturbateurs endocriniens les plus répandus jusqu’en 2014. « Mais c’est dès 1999 que le retrait de ce plastifiant du marché européen a commencé. L’OFSP l’a même interdit dans les articles de puériculture et les jouets en PVC pour les enfants de moins de 3 ans dès 1986 », rappelle Céline Fischer Fumeaux, médecin adjointe au Service de néonatologie du CHUV.
Pourquoi ? Car les scientifiques ont pu établir que sa présence dans divers objets tels que les rideaux de douche, les tuyaux d’arrosage, les couches-culottes, les films et récipients alimentaires, les sacs de sang, les cathéters, ou encore les gants et autres matériels médicaux comme des tubes pour fluides, affectent les glandes endocrines. Ce qui peut avoir des effets délétères sur la fertilité notamment.
Aujourd’hui, une directive européenne interdit le DEHP dans tous les jouets et articles de puériculture destinés aux enfants mais aussi dans les cosmétiques. « Le DEHP est considéré comme cancérigène, mutagène ou toxique pour la reproduction. L’OMS l’a classé perturbateur endocrinien dès 2012. Il est aussi qualifié de ‹ féminisant ›, car sa présence a pour effet d’amoindrir la synthèse de la testostérone. On peut retrouver de la DEHP également dans le foie, la rate, les reins, le cerveau ou dans le sang », détaille Céline Fischer Fumeaux.
Le DEHP ne se lie pas au PVC avec lequel il est combiné mais migre à sa surface puis vers l’environnement. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, le DEHP est l’un des polluants organiques retrouvé en fortes concentrations dans les sédiments. On le retrouve aussi dans les sols, les eaux et dans l’air. L’exposition à ce polluant est chronique et ubiquitaire.
De nos jours encore, le DEHP se retrouve en association avec le PVC dans certains dispositifs médicaux tels que les cathéters, des tubulures de ventilation ou les poches de sang. « Il nous arrive d’en utiliser en néonatologie, mais uniquement lorsqu’il n’y a pas d’alternative aussi efficace et que la vie du jeune patient en dépend. Sinon notre politique est de nous en passer », précise Céline Fischer Fumeaux.
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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans In Vivo magazine (no 28).
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