Le faible nombre de bactéries qui peuplent l’intestin des abeilles en fait un objet de recherche particulièrement intéressant.
Les spécialistes en microbiologie, comme Philipp Engel, aiment les abeilles au moins autant que certain·e·s de leurs collègues les souris. « Ces insectes ne portent dans leur intestin que 15 à 20 espèces différentes de bactéries contre plusieurs centaines chez l’homme, explique le chercheur bâlois, professeur associé au Département de microbiologie fondamentale de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL. C’est peu et cela permet donc de mieux comprendre le fonctionnement de leur microbiote réalisant des expériences. »
Le scientifique et son équipe, constituée d’une quinzaine de personnes, peuvent aussi créer des abeilles vierges de microbiote puis les coloniser avec une ou plusieurs bactéries. Ainsi, l’équipe peut en étudier les effets plus clairement. Une vingtaine d’équipes de scientifiques travaillent aujourd’hui sur ce thème dans le monde. « Il existe environ 700 espèces d’abeilles. Il est donc intéressant aussi de regarder quelles bactéries se retrouvent chez toutes les espèces, permettant ainsi de mettre en évidence celles qui jouent des rôles clés », explique le chercheur.
« Les bactéries ont une influence directe sur la santé des abeilles. Elles les protègent par exemple contre les invasions de pathogènes, ont un impact sur leur physiologie, leur digestion notamment, leurs comportements sociaux mais aussi leur capacité à apprendre et mémoriser de nouvelles tâches », résume Philipp Engel. À ce stade de cette recherche fondamentale, les scientifiques ne peuvent pas encore tirer de parallèles avec la santé du microbiote humain. « Mais cela pourrait venir », dit Philipp Engel.
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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans In Vivo magazine (no 28).
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