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La barbarie au coin du feu

Les exactions terroristes du Hamas en Israël ont suscité en Suisse un vif débat dans la classe politique. Vif mais unanime, à l’exception d’un PS quelque peu enroué.

Cela peut paraître évidemment dérisoire. Les attaques terroristes palestiniennes contre des civils israéliens ont suscité en Suisse, comme partout ailleurs dans le monde, un vif débat dans la classe politique. Dérisoire comme chaque fois qu’il s’agit d’argumenter sur la barbarie, comme si l’on pouvait tranquillement être pour ou contre, chez soi, au coin du feu.

C’est d’abord la Commission de la politique de sécurité (CPS) du Conseil national, qui a réclamé que le Conseil fédéral aille au-delà d’une simple et mécanique condamnation, et interdise le Hamas pour cause de terrorisme, tout en décidant de sanctions.

C’est ensuite le Conseil fédéral qui répondu, et de manière positive, par la voix d’Ignazio Cassis annonçant que l’exécutif avait chargé «la task force Proche-Orient», créée pour l’occasion, «d’examiner les options juridiques» permettant d’aller dans le sens réclamé par la Commission.

Car oui, comme lorsqu’il avait été décidé d’interdire Al-Qaïda et Daech, il faut un changement de loi pour octroyer à une organisation comme le Hamas le label de terrorisme.

On peut en tout cas parler pour l’heure de quasi-unanimité. Aucun parti, à l’exception peut-être d’un seul, n’a eu cette fois recours au fameux «oui, mais» servant habituellement à vouloir malgré tout excuser l’inexcusable.

L’UDC, par son président Marco Chiesa, s’est bruyamment félicité de la décision du Conseil fédéral, tout en réclamant, en plus de l’interdiction du Hamas, de «suspendre immédiatement toute aide financière aux organisations palestiniennes». Dommage que l’UDC n’ait pas eu, à propos de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la même lucidité et rapidité à distinguer entre agresseur et agressé. D’autant que leur cher ami Poutine s’est déjà empressé, lui, de renvoyer dos à dos le Hamas et l’État d’Israël.

Au PLR, haro aussi sur le Hamas qui a «démontré de manière ignoble, en ciblant délibérément des populations civiles avec une violence inqualifiable, qu’il est une organisation terroriste du même acabit que Daech ou Al-Qaïda» et ne peut donc être considéré «comme un interlocuteur légitime».

Le président du Centre Gerhard Pfister a expliqué lui, comme il l’avait fait pour l’affaire ukrainienne, que «traiter l’agresseur de la même façon que la personne attaquée n’est pas neutre».

Clarté également du côté des Verts et des Verts libéraux, qui saluent l’interdiction du Hamas. Une seule formation, on l’a dit, peine à participer au chorus, comme victime d’une sorte d’enrouement soudain. Il s’agit du PS, défenseur habituel de la cause palestinienne.

Le plus engagé, depuis toujours, dans cette voie, le conseiller aux Etats Carlo Sommaruga, grand habitué du «oui, mais», tente de faire partager à l’Etat hébreux la responsabilité des massacres dans les villages frontières avec Gaza et les kibboutz, invoquant «les coups de boutoir d’Israël sur le territoire palestinien» ne pouvant «qu’aboutir aux intolérables violences actuelles».

A noter que l’unanimité contre le Hamas ne se retrouve pas lorsque l’on évoque l’arrêt des aides financières aux organisations palestiniennes. Là, en gros, à droite on est plutôt pour, et à gauche plutôt contre. Le débat promet d’être insoluble entre ceux qui évoquent le risque de financer sans le savoir la branche armée du Hamas et ceux qui font valoir qu’affamer le peuple palestinien c’est le jeter dans les bras du même Hamas.

Reste que ceux qui ne se sont pas indignés aujourd’hui des massacres commis par le Hamas et s’indigneront demain de la riposte israélienne sur Gaza risquent de n’être que moyennement audibles.