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De plus en plus chaud, comme les coûts de la santé

Une seule certitude sous le cagnard de la hausse des primes maladie: elles sont désormais parfaitement incontrôlables.

La canicule passe, la flambée des primes maladies demeure. Celle à venir, annoncée entre 8 et 10%, s’inscrit qui plus est dans un climat de réelle inflation.

Stefan Meierhans, le monsieur Prix de la Confédération, a déjà décrit ainsi une situation où la hausse des coûts de la santé vient s’ajouter à celles de l’énergie, des produits alimentaires et des transports publics: «Par le passé, les gens s’énervaient sur des questions parfois anecdotiques, comme des frais de rappel sur une facture. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, ils expriment de vraies peurs existentielles.»

S’agissant de la santé, monsieur Prix s’avoue «frustré par l’inertie qui règne». «Nous avons mis des mesures sur la table, mais à chaque fois les acteurs de la santé qui s’y opposent s’allient pour empêcher toute réforme. Face à ce lobbying, le Conseil fédéral et le parlement semblent peu déterminés.»

Le politique, parlons-en. Dans une campagne électorale encore balbutiante, chacun y va naturellement de sa petite baguette magique.

Le Centre propose d’inscrire dans la Constitution un frein aux dépenses de la santé, quand le PLR soutient l’idée «d’une concurrence régulée», formule qui ressemble diablement à un oxymore désespéré, alors que le principe même de la LAMAL reposait précisément sur le vœu pieu que la concurrence – non régulée, comme le veut la définition même de ce mot – allait miraculeusement, telle la fameuse main invisible du marché, stabiliser à jamais les primes.

Le PS ajoute à son initiative visant à limiter le montant des primes à 10% du revenu – sur laquelle le citoyen devra se prononcer, sa vieille idée, jadis repoussée en votation populaire, d’une caisse unique.

Quant à l’UDC elle ne dit rien, jugeant peut-être cette question sans beaucoup d’intérêt. Peut-être aussi parce qu’en Suisse alémanique la thématique est nettement moins sensible, sans doute parce que dans de nombreux cantons germanophones, les primes sont moins élevées que la moyenne. Ce qui rend aussi plus aléatoires toutes les solutions reposant sur un vote populaire

Nicole Lamon, cheffe de la rubrique Suisse au Temps, a œuvré sept ans durant comme responsable de la communication du ministre de la Santé Alain Berset et sait donc à peu près de quoi elle parle, quand elle évoque dans un éditorial «un nombre de divisions qui va croissant, entre Confédération et cantons, acteurs privés et publics, médecins et assureurs, spécialistes et généralistes, et dernièrement entre Conseils national et des Etats. Ces tensions ont été si exacerbées par les incitations négatives, les contraintes économiques et le poids des lobbys que plus aucune mesure raisonnable n’a désormais de chance de s’imposer.»

Le moment est donc venu de citer le proverbe russe bien connu, utilisable et utilisé à toutes les sauces: «un pessimiste est un optimiste bien informé.» Ou encore l’injonction fameuse du poète Maurice Chappaz: «Confiance dans la catastrophe!», qui rejoint cet autre aveu de monsieur Prix: «C’est triste, mais je me demande parfois quand le seuil de la douleur sera atteint pour que les choses bougent.»

Bref la canicule est passée, mais pour les assurés, il va continuer de faire très chaud.