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“Je suis fier de mon métier ancestral”

Unique ville formatrice au métier de paveur et paveuse en Suisse romande, Lausanne est aussi l’une des rares à disposer d’une équipe de spécialistes à l’année.

Lausanne et ses pavés, c’est une véritable histoire d’amour. Au point qu’on y déguste même une gourmandise en son honneur : le pavé au chocolat de la Confiserie Tony. Dans les rues, des centaines de milliers de pavés entretiennent la flamme, les plus vieux trônant autour de la Cathédrale.

Ces dernières années, la revalorisation des quartiers a donné à l’art ancestral du pavage encore davantage de place. Plus esthétique que le goudron longtemps favorisé par confort pour les véhicules et par gain de temps, le pavage est aussi plus durable : avec un bon entretien, son espérance de vie dépasse le siècle, il ne souffre pas de la chaleur et permet à l’eau de s’infiltrer directement dans les sols sans conditionnement coûteux.

Paveur depuis 2016 à l’Unité Travaux de la Ville après y avoir effectué son apprentissage, Iderlindo Semedo Cabral, 27 ans, nous dévoile toutes les facettes de ce métier d’avenir.

Combien êtes-vous à exercer ce métier à Lausanne ?

Iderlindo Semedo Cabral : Trois. La Ville cherche à recruter, mais ce savoir-faire étant très recherché en Suisse, c’est difficile. Les paveurs sont rares, les paveuses encore plus.

Comment devient-on paveur ?

Pour la Suisse romande, l’apprentissage se fait à Lausanne et dure trois ans. Les cours professionnels, qui comprennent une grande partie de géométrie, ont lieu à Colombier (NE) et les cours pratiques sont donnés en Suisse alémanique, à Alpnach (OW).

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?

J’ai grandi au Cap-Vert. Autour de la maison, on faisait des travaux et mon grand frère ne me laissait pas poser les pavés. Quand je suis arrivé en Suisse en 2012, j’ai rencontré un ami paveur. Son métier m’a beaucoup plu. Aujourd’hui, c’est moi qui pose les pavés ! (Rires.)

Qu’aimez-vous le plus dans votre profession ?

Je suis fier de faire un métier ancestral et de participer à l’entretien de la beauté de la ville. J’aime créer et proposer des nouveautés.

Quel est le pavage dont vous êtes le plus fier ?

Celui des toilettes du Musée Olympique. Nous l’avons même signé ! Nous avions proposé au maître d’ouvrage d’y intégrer les anneaux olympiques en marbre de Carrare et notre idée avait été acceptée.

Quelles sont les qualités d’un bon paveur ?

Il faut une bonne condition physique. Quand on pave une rue en pente, c’est difficile. Il faut être patient et minutieux : on fait entre 10 et 15 m2 par jour en binôme avec un ouvrier qui nous alimente en matériaux. Et 7-8 m2 si on est seul. Quand on répare un pavage, il faut aussi être capable de s’adapter à l’art de celui qui l’a réalisé, comprendre son raisonnement. Pour respecter les rayons, il faut adapter la taille des pierres et sur ce point, chacun a son style.

Quels sont les matériaux utilisés à Lausanne ?

À quelques exceptions près, les pavés, calibrés par tailles et pesant de 500 gr à 10 kg, sont en grès suisse et proviennent d’Alpnach. Le grès a une bonne résistance et n’est pas glissant. On travaille aussi avec du recyclé : quand on démonte une zone, on récupère les pavés. Ceux qui sont endommagés passent au concasseur et serviront de matériau de remplissage de chaussées.

Comment se déroule un chantier ?

L’urbaniste définit le style, mais nous le conseillons si son choix ne nous semble pas adapté. Le pavage peut être en arc, ce qui est le plus résistant, en ligne, circulaire ou irrégulier. Après avoir reçu les plans, nous calculons les alignements en fonction de la taille des pavés choisis. Puis on répand le sable jaune sur lequel on va les poser. On peut aussi, mais c’est rare, utiliser du mortier ou du béton. Le résultat sera plus dur, mais la pose sur sable avec garnissage des joints au sable, c’est la technique ancestrale. Cela rend le pavage perméable. Ensuite, on fait des tirs, c’est-à-dire qu’on décompose le terrain en bandes. Puis, assis sur notre botte-cul, on place les blocs.

Quels outils utilisez-vous ?

Un marteau de taille pour calibrer les pavés et un marteau de pose pour creuser le sable et les mettre à niveau.

Que faites-vous quand il n’y a pas de chantier ?

On fait de l’entretien de pavés, mais aussi du goudron, des canalisations… Je fais les démonstrations lors de la Balade des pavés (organisée trois fois par an, ndlr) et cette année, j’ai suivi des cours pour former les futurs apprentis.

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 10).