Certains groupes de population semblent moins sensibles aux arguments en faveur de la vaccination. Comment les accompagner au mieux ?
Manque de repères, difficultés à comprendre le français, méconnaissance des institutions officielles. Voilà autant de raisons qui font que certaines populations, récemment arrivées en Suisse, ont de la difficulté à s’informer sur l’évolution de la situation sanitaire. Ainsi, 38,6% des patient·e·s admis·e·s aux soins intensifs à Saint-Gall étaient des migrant·e·s, alors que leur part dans la population du canton n’est que de 24%, a relevé au printemps dernier une étude de l’épidémiologiste Matthias Egger – ancien directeur de la task force Covid-19 de la Confédération. «Ces populations présentent souvent des facteurs de comorbidité comme l’hypertension, le diabète ou l’obésité », dit Jean-Daniel Chiche, directeur du Service de soins intensifs au CHUV. Mais elles ont aussi moins accès à une information compréhensible.»
«Des études britanniques ont montré que les minorités ethniques ont eu un accès restreint aux tests de dépistage du Covid- 19 et qu’elles ont aussi été davantage hospitalisées», complète Patrick Bodenmann, chef du Département vulnérabilités et médecine sociale d’Unisanté. Face à ce constat, le Comité de pilotage vaccination du canton de Vaud a mandaté Unisanté et l’Office du médecin cantonal pour mettre en place, au printemps, un dispositif de vaccination mobile allant à la rencontre des personnes issues du domaine de l’asile. Après six mois, environ 30% des requérant·e·s d’asile vivant en foyer et près de 2’500 sans-papiers du canton ont été vacciné·e·s.
Supports multilingues
Le Département de la santé et de l’action sociale (DSAS) vaudois a également intensifié ses efforts pour s’adresser aux résident·e·s étranger·ère·s avec statut légal, mais allophones. «Nous avons produit des affiches et des flyers avec des illustrations et un QR code à partir duquel il est possible d’accéder à de l’information en une quinzaine de langues différentes», expose Sonia Arnal, déléguée à la communication du département. Ces flyers ont été distribués par le biais d’une trentaine d’associations, allant de Caritas aux cercles culturels de communautés spécifiques.
Au bout du lac, c’est la Croix-Rouge genevoise qui s’est chargée de cette mission, en collaboration avec les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), en proposant aux personnes sans assurance-maladie, pour certain·e·s sans papiers, de les aider à s’inscrire à la vaccination. «Cette prestation a été annoncée lors de nos différentes activités, mais aussi par le biais de notre réseau», indique Laura Magdalena, directrice du développement stratégique de l’institution. À la mi-septembre, près de 5’600 personnes ont pu bénéficier de cette aide.
Informer via les médias de communautés
En parallèle, des représentants de communautés ont transmis l’information ad hoc par le biais de leurs propres médias, à l’instar du site destiné à la communauté albanaise en Suisse Albinfo.ch. Le site, qui compte près d’un million de visites par mois, a publié les informations émanant de l’OFSP et réalise régulièrement des interviews avec différent·e·s médecins et expert·e·s.
La chaîne d’information sur internet Diaspora TV relaie aussi les directives de l’OFSP en 16 langues ainsi que dans un journal mensuel en huit langues, grâce au travail de bénévoles. La plateforme bernoise, qui existe depuis 2018, organise également des talk-shows avec des médecins communautaires. «Nous faisons tout notre possible pour encourager les gens qui nous suivent à se faire vacciner», confirme Mark Emmanuel Bamidele, le directeur de la chaîne, qui compte une audience de 350’000 à 500’000 personnes par mois.
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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans In Vivo magazine (no 24).
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