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Radical comme un radical

Le nouveau président du PLR, Thierry Burkart, est très attendu sur le dossier de la politique climatique, dont il paraît un partisan plutôt… tiède. Courage ou témérité?

Très à droite, lui? Vous voulez rire. Le nouveau président du Parti radical, élu sans contradicteur, l’argovien Thierry Burkart, avocat de profession, l’assure: «Les médias me classent plus à droite que je ne le suis réellement. Comme c’était le cas avec Philipp Müller et Petra Gössi.» Bref, il y aurait non seulement continuité entre les différentes et successives présidences PLR, mais aussi dans la calomnie médiatique.

L’homme semble pourtant avoir tout fait pour être catalogué comme un dur. Sur deux débats importants qui ont secoué le parti, il s’est positionné en effet contre l’accord-cadre avec l’Union européenne et surtout contre la loi sur le CO2. On a vu plus à gauche, y compris à droite.

Son parcours personnel et ses différent fils à la patte ne plaident pas non plus pour une poursuite de l’ouverture amorcée par Petra Gössi en faveur d’une réelle politique climatique. Ouverture qui s’était d’ailleurs fomentée contre une large frange du parti.

Thierry Burkart est en effet capitaine au sein de la justice militaire, ce qui n’est pas en soi une tare climatiquement rédhibitoire, actif au sein d’organisations telles que l’Association pour une Suisse sûre, ou l’Association suisse pour une mobilité autonome. Mais il est surtout à la tête de l’Association suisse des transporteurs routiers (ASTAG), hochet écologiquement peu compatible qu’il entend bien conserver, malgré sa nouvelle et absorbante tâche de président du PLR.

Qu’importe. Fort d’un talent certain pour le maniement d’une robuste langue de bois, l’Argovien paraît rôdé dans l’art de se prétendre plus vert que les apparences pourraient le faire croire. ASTAG? «Une colonne vertébrale de l’économie suisse qui se veut progressiste et qui développe aussi une stratégie environnementale. La branche fait d’énormes efforts pour devenir plus écologique afin de respecter l’Accord de Paris sur le climat.»

D’ailleurs, précise-t-il dans une interview au journal «Le Temps», il ne défend pas que la route. Oui, Thierry Burkart est aussi un ami du rail. «Je suis membre du comité de la LITRA, le lobby des transports publics. La guerre des moyens de transport doit appartenir au passé. Il faut miser sur la complémentarité multimodale.» La complémentarité multimodale, allez donc répliquer à ça.

Son opposition à la loi sur le CO2?  «Une loi bricolée. On l’a vu avec la multiplication des oppositions.» C’est ainsi que Thierry Burkart s’annonce partisan «d’une politique climatique qui soit aussi à l’écoute des citoyens», et de sains principes comme «la vérité des coûts» ou encore de mesures ne mangeant pas trop de pain, comme les «taxes d’incitation» ou le «soutien aux innovations technologiques».

Et ce tout en récusant ce qu’il appelle les «gadgets» et au rang desquels il classe la taxe sur les billets d’avion –pourtant incitative–, qu’il a combattue. Pour ceux qui s’y perdraient déjà un peu, le nouveau président précise: «Nous devrons miser davantage sur des bonus que sur des malus, sur la carotte plutôt que sur le bâton. Il s’agira de récompenser ceux qui font quelque chose pour le climat plutôt que de punir les autres.»

Bref, on l’aura compris Thierry Burkart est comme tout le monde, ou en tout cas comme les milieux économiques, chers de tout temps au radicalisme: il rêve d’une transition écologique qui soit parfaitement indolore.

Dans un contexte d’alarmisme mondial, d’appels de tous côtés à des mesures vertes drastiques –surtout quand elles concernent les autres–, face à une jeunesse viscéralement éco-angoissée, cette vision molle et optimiste de la lutte contre le réchauffement parait, malgré son pragmatisme certain, compliquée à défendre sur le long terme. Autant, comme l’aurait dit un poète valaisan bien connu, vouloir «vendre la lune habitée».