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Demain à Jérusalem, «…si nous sommes encore en vie»

La correspondante de Largeur.com est allée à la rencontre de quelques habitants de Jérusalem. Elles les a écoutés. Et puis elle a entendu les sirènes des ambulances…

Un vendredi ensoleillé. Dans les rues de Jérusalem, l’ambiance contraste furieusement avec les images et témoignages reçus des territoires. Alors que les maisons des Palestiniens sont ravagées, une certaine douceur de vivre s’est installée dans une ville qui, il y a quinze jours, ressemblait à une cité fantôme.

«Nous n’avions plus été aussi tranquilles depuis longtemps», déclare Ami, trente-cinq ans, qui tient un café dans le centre. La terrasse de son tea-room n’est plus désertée, au contraire. Et les clients rient. Ils ont cessé de se scruter.

Même impression chez Tamar, qui se remet à peine de cette folle semaine d’attentats pendant la Pâque juive. Et si je l’interroge sur ce qui se passe à trente kilomètres de chez elle en ce moment, elle répond: «Quoi? Ce qui se passe dans les territoires? Je n’en sais rien. Ça m’est égal. Pour moi, maintenant, il peut tout arriver aux Palestiniens, ça ne m’intéresse pas. Ce que je sais, c’est que je peux mettre ma fille dans le bus pour l’école le matin, et aller à son enterrement le soir.»

Tamar parle avec les larmes aux yeux, de rage et de haine. Elle a trente ans, se dit de gauche et a fait les Beaux-Arts.

«Nous sommes beaucoup à savoir que cette incursion ne sert à rien», dit Nissan, 50 ans, responsable au Musée d’Israël du département de la photographie. Il parle de ses prochaines expos et ne peut s’empêcher d’ajouter: «… si nous sommes encore en vie». Que les soldats de Tsahal aient perpétré un massacre ou non dans les Territoires est hors sujet.

Dans les journaux israéliens, la solution du «transfert» est de plus en plus souvent évoquée, alors que seuls les groupes extrémistes de droite en parlaient jusqu’ici. Le transfert, c’est purement et simplement l’expulsion de tous les Arabes, israéliens comme palestiniens, en dehors du grand Israël. C’est-à-dire non seulement en dehors des frontières actuelles, mais aussi hors Cisjordanie et Gaza.

Je rencontre Sana, une Arabe israélienne plutôt bien intégrée dans la société de l’Etat hébreu puisqu’elle co-dirige un programme d’éducation civique pour les écoles israéliennes, aussi bien juives qu’arabes, religieuses que laïques. Sana est en dépression. Elle me raconte que son fils de huit ans lui a dit l’autre soir : «Maman, si tu es tuée par un juif, je deviendrai kamikaze.»

Au moment où j’écris ces lignes, une explosion vient de retentir. Je ne fais pas particulièrement attention mais les sirènes d’ambulances qui résonnent m’amènent devant la télévision. C’est un attentat près du marché Mahane Yehuda, particulièrement peuplé le vendredi avant Shabbat. Bilan provisoire: six morts et une cinquantaine de blessés.

Hier soir, on a pu voir les premières images, terribles, du camp de réfugiés de Djénine, jusque là hermétiquement fermé aux journalistes. Une femme hurlait: «Ils ont tué mon mari et mon fils. J’enverrai maintenant tous mes autres enfants se faire sauter en Israel.»

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Caroline Coutau vit et travaille au centre de Jérusalem, à deux pas de la Vieille ville. Elle achète ses oranges dans les centres commerciaux israéliens et son houmous au marche arabe.