Plus rapide et plus efficace, le vélo facilite les déplacements, particulièrement en ville. Entre sensibilisation et choix des équipements, trois entreprises qui ont investi dans une flotte professionnelle de vélos livrent leurs conseils.
«Circuler et se garer dans Genève est devenu extrêmement compliqué. Pour nous, qui travaillons au domicile des patients, le vélo apporte une solution de mobilité douce, rapide et plus efficiente que la voiture.» Mathilde Mangin, cofondatrice de GenèvePhysio à Chêne-Bourg (GE), est convaincue des avantages du vélo. En 2021, son entreprise de 18 physiothérapeutes et ergothérapeutes à domicile a investi dans une flotte de 14 vélos électriques immatriculés. «Depuis, nos collaborateurs se déplacent majoritairement de cette manière. Ce sont leurs vélos attitrés, qu’ils peuvent garder dans le contexte privé. Cet investissement d’environ 5’000 francs par vélo a rapidement été amorti puisqu’il nous permet d’économiser l’essence, les frais de parkings, les éventuelles contraventions et surtout du temps de déplacement.»
Le vélo électrique constitue le moyen de transport le plus rapide pour les distances de 8 à 12 km, particulièrement en ville. Pour convaincre ses collaborateurs, GenèvePhysio veille à fournir un équipement complet, de l’obligatoire casque aux sacoches, aux vêtements de pluie et gants, en passant par le GPS, et même prochainement des gilets chauffants. «Il ne faut pas lésiner sur le matériel, abonde François-Xavier Verly, responsable de la communication interne chez SICPA. Pour obtenir l’adhésion, les vélos doivent être performants, électriques, agréables.» L’entreprise spécialisée dans les encres de sécurité compte 600 employés sur son site de Prilly (VD). En 2023, elle a investi environ 30’000 francs dans six vélos électriques tout équipés, que les employés peuvent réserver via une application interne. L’objectif: inciter à tester une alternative de mobilité pour aller déjeuner en ville, ou se rendre à un rendez-vous client.
«Il faut anticiper les questions logistiques, poursuit François-Xavier Verly. La disponibilité des vélos est essentielle. Il faut donc prévoir une maintenance, vérifier les assurances et faciliter l’accessibilité, avec un parking pour vélos, des douches, ainsi que des rangements protégés pour les batteries, qui seront régulièrement rechargées. Le plus important reste de trouver un partenaire qui assurera l’entretien et les réparations nécessaires.» SICPA a choisi Tandem à Lausanne, GenèvePhysio Charly’s Bike Store à Genève.
Convaincre les collaborateurs
Contrairement aux autres, l’Institution genevoise de maintien à domicile (IMAD) n’a pas acheté ses vélos. Elle a conclu un partenariat avec l’entreprise sociale Genèveroule dès 2006. «Sur 2’400 collaborateurs, 90% se déplacent au domicile des patients quotidiennement. Notre politique en matière de mobilité a donc de forts impacts, explique Thierry Mutrux, directeur adjoint administratif et financier de l’IMAD. À la base, nous avons valorisé le vélo pour des questions de prévention de santé, la mobilité douce ayant notamment un impact positif sur le système cardiovasculaire. Nous avons rapidement réalisé que le vélo nous faisait grandement gagner en efficience en comparaison à la voiture.» Aujourd’hui, avec une flotte de 575 vélos électriques et 75 vélos musculaires, c’est devenu le mode de déplacement principal des équipes, qui comptabilisent environ 900 heures de déplacements par jour. Cette location implique un budget d’environ 700’000 francs par année.
L’IMAD offre à ses employés se rendant à vélo chez les clients la possibilité de l’utiliser également à titre privé – en ayant l’entretien du vélo pris en charge –, pour un abonnement d’environ 30 francs par mois: 10% du parc est aujourd’hui loué de cette manière.
Pour la sensibilisation, l’institution peut compter sur ses employés ambassadeurs, cyclistes convaincus capables d’expliquer et de rassurer leurs collègues. «Obtenir l’adhésion des collaborateurs est central, insiste Thierry Mutrux. Il faut leur montrer comment les nouveaux moyens de mobilité peuvent s’intégrer facilement à leurs pratiques.» Pour le responsable, il faut également prendre en compte l’impact de la mobilité pendulaire. «Un employé qui vient en voiture sera moins enclin à se garer à mi-chemin pour passer au vélo. Il faut donc trouver des solutions de mobilité combinée avec l’usage de transports en commun.» L’IMAD a récemment déménagé à Pont-Rouge, «lieu névralgique pour la mobilité durable». Pour accélérer la transition vers la mobilité douce, ils ont par ailleurs supprimé toutes leurs places de parking en faveur d’espaces pour les vélos.
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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans la Tribune de Genève.