LATITUDES

Berlusconi et le lifting qui tue

Alors que le président italien s’offre un lifting majeur dans une clinique suisse, la célèbre romancière féministe américaine Olivia Goldsmith à la suite d’une opération de chirurgie esthétique…

C’est un Berlusconi nouveau qui s’est présenté ce week-end devant les caméras: rajeuni, les traits reposés, bronzé et svelte. L’intéressé a finalement avoué s’être offert une «petite révision» mais n’a pas tenu à dévoiler en détail le secret de sa nouvelle jouvence. Contrairement à Demi Moore, qui confie avoir déjà dépensé 400’000 dollars pour du travail de restauration, les hommes politiques ne reconnaissent pas volonter qu’ils utilisent des artifices anti-âge.

Une enquête du magazine italien L’Espresso a révélé que c’est en Suisse que le président de 67 ans est venu se faire lifter le 28 décembre, dans une clinique de Gravesano près de Lugano. Un chirurgien américain, spécialement acheminé de San Francisco avec son équipe, s’est chargé de l’opération. Dans une tentative maladroite de maintenir le secret autour de son projet, Berlusconi avait réservé un étage entier de la clinique.

La «révision» a été finalement bien supérieure à ce qui avait été initialement prévu (le contour des yeux): finalement, le président a subi un ajustement facial important ainsi qu’au cou. Il s’est ensuite retiré quelques semaines dans sa maison de Sardaigne, pour se reposer et attendre la cicatrisation.

La presse ne s’y est pas trompée: «Des coups de bistouris ont passé par là», commente, dans la «Republica», le professeur Scuderi de Rome. En professionnel, il a immédiatement détecté sur le nouveau visage du chef du gouvernement italien «une importante asymétrie au niveau de l’œil», une complication bien connue dans ce genre d’opération.

Olivia Goldsmith, s’en est moins bien sortie. La célèbre nouvelliste américaine, auteur du roman dont a été tiré le film à succès de la fin des années 1990, «ordering cialis online legal» («The First Wives Club») — suivant la trace de ses héroïnes — n’a pas hésité à s’allonger sur le billard pour retendre son cou défraîchi.

Elle y a laissé sa peau: le 15 janvier dernier, elle décédait à l’hôpital Lenox Hill de Manhattan, à la suite d’une crise cardiaque en pleine opération de chirurgie esthétique, à l’âge de 54 ans. Evoquant le problème du vieillissement des femmes, Olivia Goldsmith confiait: «Mon unique but dans ma vie est de transformer la culture de sorte que les femmes mûres soient perçues comme des êtres à part entière. Pour l’heure, arrivées à quarante ans, elles deviennent invisibles.»

Son premier ouvrage, «The First Wives Club», paraît au lendemain d’un divorce acrimonieux. Alors journaliste économique, elle rédige pour le magazine «Fortune» un dossier consacré aux hommes grisonnants qui larguent sans scrupule leurs épouses pour placer à leurs côtés leurs jeunes trophées. Elle découvre là une cause qu’elle ne cessera plus dès lors de défendre.

Goldie Hawn, Bette Midler et Diane Keaton incarneront à l’écran trois amies qui décident de se venger de leur triste sort en mettant en pratique le slogan des femmes divorcées trouvé par Goldsmith: «Don’t get mad, get everything». Elle publiera par la suite une demi douzaine d’ouvrages consacrés à ce qu’elle considérait comme «la génération des femmes oubliées».

Non sans humour, elle déclarait qu’après sa mort, «des hommes amers viendraient cracher sur sa tombe». Mais imaginait-elle un instant qu’elle mourrait d’avoir voulu supprimer quelques rides, elle qui ne cessait de dénoncer la stupidité d’un combat perdu d’avance contre la vieillesse? Se sentait-elle, elle aussi, devenir «invisible»? Ce grand écart entre théorie et pratique a de quoi fragiliser ses millions de lectrices cramponnées à ses encouragements à accepter l’inéluctable.

Alors que disparaît l’avocate des rides, le magazine anglais Tatler consacre, ce mois, un supplément d’une soixantaine de pages à la cosmétique esthétique. «La chirurgie esthétique est entrée dans nos mœurs, commente l’éditorialiste Peter York, «C’est devenu un produit de consommation parmi d’autres. Les gens la mettent dans la même catégorie qu’un traitement dentaire ou une séance de massage. Tout le monde en parle.»

Les risques sont cependant moins connus du grand public, et ils sont rarement évoqués par les magazines féminins, les pubs des cliniques privées ou des émissions de TV américaine comme «Extreme Makeover» qui prétendent régler les problèmes existentiels à coup de bistouris.

Une étude de marché de l’institut Mintel estime que 45% de femmes et 27 % d’hommes recourraient à la chirurgie plastique s’ils en avaient les moyens. Cette tendance est à la hausse et les listes d’attente s’allongent chez les spécialistes.