L’autorité palestinienne risque bien de n’avoir plus d’autorité du tout: son dirigeant est physiquement retenu par les Israéliens et son héicoptère personnel n’a pas le droit de décoller.
«Pour la première fois depuis le début du régime d’Autonomie, en 1984, Arafat a été relégué par les Israéliens à Ramallah, une localité de laquelle il ne peut sortir. L’aéroport de Gaza est fermé, Ramallah est enserré par une série de postes de contrôle, l’hélicoptère personnel n’a pas le droit de décoller.»
C’est un intellectuel palestinien le directeur du «Jerusalem Media & Communication Centre», Ghassan Khatib, qui le révèle dans une interview au Corriere della Sera de lundi.
Et Ghassan Khatib de souligner que c’est la première fois que le dirigeant palestinien est ainsi prisonnier des Israéliens, raison pour laquelle personne n’ose le dire trop fort.
En somme, Arafat a été piégé par les extrémistes du Hamas qui, en lançant leur kamikaze contre une discothèque vendredi dernier, ne pouvaient ignorer que le chef de l’Autorité Palestinienne présent dans son pays deviendrait otage de Sharon.
Pour Arafat, l’impasse est donc totale et jamais il n’a été dans une telle position de faiblesse. Non seulement il est prisonnier de Sharon, mais il est aussi désavoué par ses propres troupes. Dimanche, les treize organisations palestiniennes dirigeant l’Intifada depuis septembre dernier ont répété que la guerre (l’Intifada) n’avait aucune raison de cesser. Or le Fatah, l’organisation fondée par Arafat, présente, a accepté cette position.
Dimanche et lundi, les tirs palestiniens ont baissé d’intensité sans cesser complètement. Mais chacun attend la riposte d’Israël. Ariel Sharon, après avoir traité dimanche Arafat de «menteur pathologique» devant Joschka Fischer, a fait savoir aux députés du Likoud qu’il laissait les mains libres à l’armée pour défendre les Israéliens. Pour bien se faire comprendre, il a aussi précisé qu’Israël ne reprendrait des négociations de paix «avant qu’il y ait le calme complet et l’arrêt de la violence, y compris de l’incitation à la violence.»
Cela laisse supposer que la Cisjordanie et Gaza passeront sous contrôle militaire total et que l’Autorité palestinienne n’aura plus d’autorité du tout.
Reste à savoir ce que pense de tout cela le président Bush. Il est le seul à pouvoir freiner l’ardeur guerrière d’Ariel Sharon. Notamment parce que sans soutien financier et logistique américain, l’armée israélienne, malgré sa puissance, ne peut aller très loin.