KAPITAL

50 idées de business à lancer en 2018

Tout succès entrepreneurial repose avant tout sur une bonne idée. Voici une sélection de concepts inspirants qui ont fait leurs preuves à l’étranger.

«Les bons artistes copient, mais les grands artistes volent», disait Steve Jobs dans une interview pour «Triumph of the Nerds» un documentaire consacré au développement de l’ordinateur personnel. Pour autant, est-ce que s’inspirer d’une idée à l’étranger est toujours une méthode valable? «C’est une stratégie qui fait ses preuves, Google, Amazon, Facebook, Apple mais aussi Coop, Rolex, UBS ne sont pas les premiers arrivés sur leur secteur et pour autant, ils sont leaders sur leur marché, analyse Maxime Pallain, cofondateur et directeur suisse de la plateforme d’investissement en ligne Raizers. Ils se sont tous inspirés d’autres, à un moment donné, mais ils ont aussi innové pour les dépasser. Je rencontre très souvent des entrepreneurs qui me disent que «leur concept n’a jamais été fait», mais quasiment à chaque fois on peut trouver des contre-exemples. Il ne faut jamais imaginer que vous êtes la première personne sur 7 milliards à avoir eu telle ou telle idée. A moins d’être un ingénieur pointu sur une niche très précise, Il vaut mieux prendre ce qui fonctionne ailleurs et le refaire ‘en mieux’ si possible, ou au moins en aussi bien. Un des plus gros risques concerne les différences culturelles, car nous ne sommes ni aux Etats-Unis ni en Chine.»

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RELATIONS CLIENT

Service de suivi d’entretien automobile
Lancé par un mécanicien français, Car Care Solution se présente sous la forme d’une app visant à permettre aux garagistes de proposer un suivi d’entretien automobile en temps réel à leurs clients. Elle envoie des notifications qui signalent lorsque les opérations de maintenance sur le véhicule doivent être effectuées. L’app inclut également un système de diffusion d’offres de remise personnalisées, ainsi que des outils de planification et de gestion de la clientèle.

Maxime Pallain, cofondateur et directeur suisse de la plateforme d’investissement en ligne Raizers: «La fidélisation chez les garagistes semble être une niche intéressante. Vu le nombre relativement élevé de personnes possédant une voiture en Suisse, il doit y avoir un marché. En revanche, la mise en place d’un produit aussi technologique peut s’avérer compliquée. Ensuite, il faut trouver un bon positionnement prix, qui soit cohérent et garantisse au garagiste de générer du chiffre d’affaires s’il propose cette solution à ses clients. C’est probablement un projet avec peu de concurrents, donc intéressant à creuser.»

Carte de fidélité multi-enseignes
Les portes monnaies des consommateurs sont encombrés de cartes de fidélité ou de bons de réductions. Partant de ce constat, la start-up française Keetiz a développé une application de collecte et de partage d’avantages. En flashant des codes QR placés dans les points de vente et sur les tickets de caisse des commerces partenaires, l’utilisateur peut obtenir une remise à faire valoir lors d’un prochain achat. Il peut aussi les partager avec ses amis ou les échanger avec d’autres usagers sur une marketplace intégrée. A l’heure actuelle, une centaine de commerces et restaurants utilisent l’application dans la ville de Montpellier.

Maxime Pallain: «Cette app peut fournir un excellent outil marketing pour les enseignes de taille moyenne, celles inférieure aux géants que sont Coop, Manor ou Migros. Le challenge va être de convaincre des commerçants de payer pour avoir accès à la plateforme. Ensuite, il faut veiller à ce que la technologie suive. Aussi, quid d’un partenariat avec la société française? Utiliser sa technologie et son savoir-faire pourrait permettre d’aller plus vite, mais tout dépend des ambitions de l’entrepreneur.»

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NOUVEAUX COMPORTEMENTS

Café où l’on paie à l’heure
Sorte d’hybride entre cafés et espaces de coworking, les établissements où l’on paie le temps passé sur place plutôt que ce que l’on consomme se multiplient dans les grandes villes françaises, à l’instar de la chaîne Anticafé. Outre des boissons (sans alcool), ce type d’enseignes propose aussi de déguster gâteaux, pains et autres tartines à volonté, ou encore de profiter des jeux de société et de l’accès internet haut débit. Les prix varient entre 5€ par une heure et 240€ par mois.

Maxime Pallain: «À priori j’adore cette idée! Dans un établissement traditionnel, un consommateur peut monopoliser une place pendant une heure tout en ne consommant qu’un seul café. Là il va payer un peu plus cher, mais il aura l’impression d’en avoir pour son argent, car il pourra prendre un thé, un café et une eau pour le même prix. Pour le restaurateur, le prix de revient d’une tasse ne dépasse les quelques centimes, cela lui coute donc la même chose alors que le client sera très satisfait d’avoir consommé 4 fois plus que d’habitude. L’autre avantage, c’est que cette offre va faire le buzz, vu que cela n’existe pas en Suisse à ma connaissance. Cela garantit une communication forte autour de l’ouverture d’un bar, ce qui est plutôt inhabituel. Évidemment, il faut ensuite que l’endroit corresponde à la clientèle visée en termes d’agencements et de service.»

Vacances pour geeks
Les camps de vacances orientés sport et nature ne suffisent plus à combler les jeunes générations. De nouvelles offres émergent pour répondre à leurs envies, notamment des colonies proposant des activités «geek» telles que la programmation, l’impression 3D ou la robotique. L’entreprise française Destination Découverte, spécialisée dans les colonies de vacances thématiques avec sa marque Telligo, propose une dizaine de camps de ce type pour les enfants de 10 à 17 ans, avec un prix démarrant à 669 euros pour 8 jours. Plus de 20’000 jeunes sont partis avec cet organisme en 2016. Forte de son succès, la société vient d’être rachetée par UCPA, le numéro un français des séjours sportifs. Ce dernier souhaitait justement ajouter cette corde à son arc.

Christine Demen-Meier, responsable du département entrepreneuriat et innovation de l’Ecole hôtelière de Lausanne: «Dans un environnement stable et favorisé comme la Suisse, ces offres de vacances électroniques et technologiques peuvent marcher. J’accentuerais en particulier sur la programmation, qui est très demandée par les jeunes et les parents, mais absente des cours à l’école obligatoire.»

Mini salles de fitness mobiles
A peine plus grands qu’une cabine téléphonique, des kiosques à fitness ont été installés dans les rues de Pékin par la start-up chinoise Misspao.com. Le sportif souhaitant spontanément utiliser un tapis de course ou quelques accessoires de gym simples peut accéder à ce service à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Il doit régler la modique somme de 0,03 dollar par minute, depuis son smartphone à l’aide d’un QR-code. Les mini-fitness existants sont répertoriés sur une carte dans l’application. Afin d’installer environ un millier de ces cabines en Chine, la société a levé 11 millions de dollars auprès d’investisseurs.

Christine Demen-Meier: «Avec 750’000 abonnés en Suisse, le fitness est une grande tendance dans le pays. Mais l’offre est déjà très dense en Suisse. Et comme les distances sont réduites, les usagers trouvent facilement une salle près de chez eux ou de leur travail. En outre, les salles de sport sont déjà nombreuses à proposer des horaires élargis.»

Hôtel pour cyclistes
Sur le littoral japonais, dans la région d’Hiroshima, se trouve un hôtel d’un nouveau genre: l’établissement Onomichi-u2 a été entièrement conçu pour les cyclistes. Des supports muraux accueillent les vélos en toute sécurité dans les chambres; des outils et un atelier dans les espaces communs permettent, en cas de pépin, de réparer son deux-roues; un service d’expédition s’occupe de renvoyer les bicyclettes à la maison. Sans parler de la présence d’un magasin spécialisé dans ce complexe inauguré en mars 2014.

Christine Demen-Meier: «Plutôt que de construire un hôtel uniquement autour du cyclisme, cela semble une idée intéressante pour les hôteliers déjà installés, en particulier ceux situés à proximité de parcours de cyclotourisme. Ce sont des services qui peuvent amener de la clientèle et sont peu onéreux à mettre en place. Ils nécessitent essentiellement un peu de matériel ainsi qu’un espace d’entretien et de stockage des vélos. Ils peuvent être réalisés en partenariat avec des entreprises de transports et des magasins spécialisés.»

Distributeur automatique de denrées saines
Véganisme, végétarisme, consommation locale, slow food, agriculture biologique… Les régimes spécifiques et l’alimentation saine connaissent une croissance importante. La restauration rapide, les cafétérias et même le monde des distributeurs automatiques de produits alimentaires s’adaptent à ces nouveaux comportements. Au Canada, l’entreprise Lean Machine Healthy Vending a mis en place un réseau de machines ne proposant que des produits sains. Le but: encourager les élèves d’une école ou les employés d’un bureau à faire le bon choix et à se passer de snacks trop salés, sucrés, gras, etc. Outre la sélection de produits diététiques, l’originalité du concept réside dans son organisation. L’entreprise fournit la machine, puis elle encourage les entrepreneurs qui acquièrent la franchise -il peut s’agir par exemple d’étudiants dans un collège ou une université- à proposer des produits locaux supplémentaires ou à suivre des cours d’entrepreneuriat.

Christine Demen-Meier: «Le succès d’un tel modèle pourrait être compliqué en Suisse. Les grands acteurs du marché comme Selecta ont déjà dû s’adapter à des cahiers des charges plus contraignants, émis par les établissements scolaires notamment.»

E-sports bar
Le marché international des e-sports devrait atteindre 700 millions de dollars en 2017, pour 190 millions d’adeptes, selon le cabinet hollandais Newszoo, spécialisé dans le domaine du jeu vidéo. Tablant sur cette croissance des sports électroniques, des entrepreneurs japonais ont créé Storia. Ce bar montre des compétitions d’e-gaming sur divers écrans. Il diffuse des tournois de jeux comme DOTA ou StarCraft par exemple. Une idée qui pourrait bien faire son chemin en Suisse romande alors que la première édition de l’International Gaming Show, s’est tenue fin novembre à Beaulieu.

Christine Demen-Meier: «Il s’agit d’une vraie tendance, on parle par exemple d’intégrer les e-sports aux jeux olympiques. J’imagine bien l’installation d’un tel bar à Zurich ou Winterthur, dans un endroit où il y a un bassin de joueurs suffisant. Par contre, l’ouverture d’un tel endroit sera plus chère qu’un café standard car elle nécessite un espace important pour la diffusion des compétitions sur grand écran ainsi que du matériel dernier cri.»

Nettoyage de lendemain de fête
Avec Batmaid ou Book a Tiger, la Suisse dispose déjà de plusieurs applications permettant de réserver en ligne du personnel d’entretien. Un service originaire d’Australie pourrait peut-être également éclore dans le pays. Baptisé Hangover Helpers («les aides de gueule de bois»), il propose aux fêtards un nettoyage de lendemain de soirée, ainsi que la livraison d’un petit-déjeuner en option. Les prix pratiqués par la société créée en 2015 dépendent du nombre de pièces, d’invités, de la localisation de l’appartement ou encore du type de petit-déjeuner choisi. Le personnel d’entretien est joignable «en urgence» par téléphone.

Christine Demen-Meier: C’est une idée facile à mettre en place, en raison de son faible coût. Il y a cependant deux challenges majeurs à l’arrivée d’un tel service en Suisse. La petite taille de la demande d’abord: les jeunes gens en Suisse ne sont pas si nombreux et l’activité se concentre sur deux ou trois jours en fin de semaine. La culture ensuite: contrairement aux anglo-saxons, je ne suis pas sûre que beaucoup de Suisses soient prêts à voir débarquer chez eux des inconnus alors que leur appartement est sens dessus-dessous et qu’ils ont trop bu la veille. Mais peut-être que la génération Y peut être plus facilement séduite.»

Airbnb pour animaux domestiques
Le marché mondial de l’entretien et des soins aux animaux domestiques devrait s’élever à 110 milliards de dollars en 2017, avec une augmentation globale de 3% ces cinq dernières années, selon le cabinet Euromonitor International. Dans ce secteur en pleine croissance, de nouvelles applications voient le jour pour vendre des services aux propriétaires d’animaux. DogHero au Brésil en fait partie. La plateforme met en relation des maîtres avec des dog-sitters afin qu’ils gardent leurs chiens lorsqu’ils partent en vacances. La plateforme créée en 2014 fait un tabac: 100’000 chiens y ont été inscrits, pour 5’000 hôtes dans 400 villes du pays. Des outils similaires existent également aux Etats-Unis sous le nom de Rover.com et DogVacay.

Christine Demen-Meier: «Avec plus de 500 000 chiens sur son territoire, la Suisse pourrait voir la création d’une plateforme similaire. Mais le lien émotionnel entre le chien et son maître rend difficile la décision de confier son animal à des gardiens non-professionnels. On n’est jamais certain de la réaction de son chien.»

Sortie dans les bars sur abonnement
Pour 9,99 dollars par mois, les abonnés de l’application Hooch obtiennent un verre gratuit chaque jour dans un bar ou un restaurant de leur ville. La start-up américaine a des partenariats avec plus de 450 établissements à New York, Los Angeles, Miami, Dallas, Austin, San Diego, San Francisco, New Jersey, Phoenix et Hong Kong. Elle a levé 7,2 millions de dollars de fonds depuis sa création en 2014.

Christine Demen-Meier: «Je pense que ce type d’abonnements, avec des montants supérieurs pour la Suisse, est intéressant et peut marcher, surtout si le client perçoit qu’il appartient à une vraie communauté. Les avantages pour les propriétaires d’établissements sont doubles: ils pré-encaissent le montant de l’abonnement ce qui leur donne un peu de liquidités et ils peuvent augmenter leur clientèle. Par contre il faut prendre garde à l’effet «discount». Ce type d’abonnements demande néanmoins beaucoup d’efforts: il faut organiser la logistique de la répartition des paiements, toucher les bons clients et enfin, il faut construire des partenariats. En Suisse malheureusement, les établissements indépendants aiment cultiver cette indépendance et préfèrent rester autonome.»

Salle de défoulement
La Suisse succombera-t-elle à la vague des Fury Rooms, aussi appelées Rage Room ou Angers Room («salles de la colère» en français)? Ce concept né au Japon en 2008 s’est propagé aux Etats-Unis, au Canada, à la Grèce, la Serbie et, depuis l’automne dernier, aussi la France. Concrètement, une pièce est mise à disposition de particuliers pendant un certain laps de temps. Ils peuvent, à l’aide de battes de baseball, pieds-de-biche ou barres de fer, casser tout ce qu’ils trouvent sur leur passage: objets en verre, ordinateurs, meubles, etc. L’entreprise parisienne propose des formules allant de 10 à 100 euros. Elle entend également franchiser cette idée qu’elle décrit ainsi: «Vivre dans une ville comme Paris peut être extrêmement stressant et nous avons tendance à garder à l’intérieur de nous nos frustrations et notre colère, sans moyen de la laisser s’échapper. Libérez votre colère intérieure dans un lieu sûr et hors de tout jugement.»

Michel de Marsano, collaborateur scientifique à la Faculté des hautes études commerciales de l’Université de Lausanne et Business developer: «Ce n’est pas étonnant que ce concept soit parti du Japon, où l’on trouve des offres pour toutes sortes de services, des bars à chats aux ‘Love hotels’. C’est une bonne idée, mais qui possède une dimension culturelle qu’il ne faut pas négliger. On peut se demander si la population suisse exprime le besoin de se défouler de cette manière? D’autant plus que le sport peut aussi servir d’exutoire. Mais dans un monde toujours plus globalisé, c’est une offre qui pourrait particulièrement séduire les travailleurs expatriés.»

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ENFANTS

Tripadvisor pour parents
A Singapour, la start-up Social Weaver propose une plateforme en ligne qui se présente comme un puits de ressources pour les parents débordés. A la fois place de marché et site communautaire, la plateforme permet de réserver des services locaux (traiteurs, activités sportives, pédiatres, organisation d’anniversaires), de poser des questions aux autres membres ou de noter les services proposés. Elle compte environ 4000 fournisseurs, répartis dans une centaine de catégorie.

Maxime Pallain: «Il faut disposer d’une offre très solide, bien diversifiée et organisée. Il y a déjà beaucoup de concurrents (surtout indirects), avec la vague des marketplaces qui a déferlé il y a quatre ou cinq ans. Cela devient difficile de percer dans ce secteur, d’autant plus le modèle économique n’est pas évident. On peut également se demander combien de parents connectés en Suisse aimeraient utiliser un tel service pour leurs enfants. Insister sur l’étude de marché.»

Service de transport réservé aux enfants
Marcher sur les plates-bandes d’Uber: trois mères californiennes ont osé, en lançant HopSkipDrive en 2014. Cette application permet, comme le géant américain, de réserver un chauffeur pour un trajet précis, payable en ligne et traçable à l’aide de coordonnées GPS. Avec toutefois une différence de taille: elle est réservée aux enfants, qui ne sont pas censés monter seuls dans une voiture Uber. Les conducteurs de HopSkipDrive détiennent tous une expérience d’au moins cinq ans avec des mineurs et ont passé une série de tests de sécurité. Pour un minimum de 16 dollars, ils sont engagés la veille par les parents afin de conduire les jeunes à l’école ou à une activité sportive. L’entreprise a déjà levé 21,5 millions de dollars.

Dina Mottiez, entrepreneure et enseignante, membre du Swiss EdTech Collider: «Une telle app pourrait fonctionner en Suisse, où la population paie facilement pour ce genre de service. Mais avec deux écueils: il faudra convaincre les parents de la sécurité du système et surveiller qu’Uber n’ajoute pas lui-même un service kids à son offre. Quant au coût de développement, il ne sera pas dans la fourchette basse, notamment en raison de la géolocalisation.»

Tutorat instantané pour élèves en difficulté
Le service de messagerie instantanée SnapAsk a déjà attiré plus de 150’000 élèves en Asie (Hong Kong, Singapour, Taiwan). Il permet aux jeunes, de l’école primaire aux premières années d’études supérieures, de poster une photo de leur problème. Un tuteur qualifié répond à leur question à l’aide d’une image, d’un texte ou d’un message audio. Au départ gratuit, l’outil requiert par la suite d’acheter un forfait de 12 questions ou un abonnement mensuel.

Dina Mottiez: «L’instantanéité plaît à la jeune génération qui a l’habitude d’obtenir tout de suite des réponses à ses questions. Le potentiel de croissance avec une partie gratuite est immense et le coût de développement d’un simple ‘chat’ raisonnable. Néanmoins un bon apprentissage ne peut pas se passer d’une interaction en face-à-face Quand -après une première explication d’un sujet complexe- un enseignant demande à un élève s’il a compris, il a trop souvent tendance à répondre par l’affirmative même dans les cas inverses. Seuls des signes gestuels permettent de distinguer le vrai du faux.»

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COMMERCE DE DÉTAIL

Une épicerie sans personnel
Ouverte 24h/24, 7j/7, Farmhouse Market est une épicerie sans personnel et accessible grâce à une carte de membre. Un couple d’entrepreneurs a monté cette supérette dans une petite ville du Minnesota avec pour objectif de proposer des produits locaux sains et abordables sans contrainte d’horaires. Le premier commerce basé sur un concept d’adhésion similaire a ouvert ses portes en 2016 en Suède: une application sur smartphone sert de clé, de porte-monnaie et de scanner.

Dina Elikan, doctorante à la Faculté des hautes études commerciales de l’Université de Lausanne: «L’idée d’une épicerie sans personnel accessible en tout temps paraît adaptée à des rythmes de vies citadins élastiques. Notamment en Suisse où les supermarchés ferment tôt en comparaison avec d’autres pays. L’usage du smartphone pour faire ses courses semble facile à mettre en place. Le système d’adhésion permet d’éviter des problèmes de sécurité. Il faudra néanmoins qu’un tel mode opératoire soit accepté par les législations cantonales et communales, chose qui pourrait poser problème.»

Chaussures customisées via internet
Sur le site australien Shoes of Prey, l’internaute peut sélectionner un modèle de chaussures de base et décider de le modifier à son goût. Type et hauteur de talon, forme du bout, couleurs et matériaux: une interface ludique permet au client de visualiser une création unique à son image, sans qu’il n’ait besoin de s’engager. Défiant toute concurrence, le prix affiché varie au fur et à mesure des choix jusqu’à la validation finale.

Dina Elikan: «Le développement du commerce de masse et en particulier l’augmentation des achats sur internet vont de pair avec la personnalisation et la customisation des marchandises. Un tel concept apparaît particulièrement approprié au domaine de la chaussure. Cela dit, les coûts de production, de livraison et les taxes en Suisse pourraient constituer des freins à cette idée.

Box de bouquets de fleurs
Fondée en 2015, la startup malaisienne BloomThis surfe sur le concept des box à domicile en proposant un service de livraison de bouquets de fleurs. Le client fait son choix sur le site internet et reçoit sa commande le même jour. Exit le fleuriste du coin: les créations florales proviennent directement du maraîcher. Les clients de BloomThis peuvent également souscrire à une formule d’abonnement et recevoir ainsi des bouquets de manière régulière.

Dina Elikan: «L’idée des box à domicile remporte un franc succès en ce moment. La livraison sur le pas de porte de bouquets de fleurs de saison permet d’éviter un lever matinal le samedi pour aller chez le fleuriste et d’en être encombré pendant le reste des courses. De quoi fleurir maisons et appartements avec des bouquets qui plaisent vraiment et en réduisant le nombre d’intermédiaires entre la ferme et le salon.»

Plateforme qui regroupe les promos du moment
Lancée en 2010, ShopFully est une plateforme qui regroupe les promotions et coupons de réduction actuels de détaillants locaux. Grâce à la géolocalisation, elle permet au consommateur de repérer les offres en un coup d’œil. Le site, qui se décline dans plusieurs pays, se positionne comme le leader du domaine: il compte 30 millions d’utilisateurs à travers le monde. Selon ses chiffres, 66% des utilisateurs de ShopFully décideraient de changer de détaillant après avoir consulté la plateforme, ce qui indique son fort pouvoir d’influence.

Dina Elikan: «Avec l’émergence de tous les différents sites de regroupements de promotions et réductions tels que Groupon ou Deindeal ainsi que de toutes les promotions des différents détaillants, difficile de savoir où donner de la tête. Regrouper tout cela en une seule plateforme permettrait de bien guider le consommateur et de lui permettre de ne louper aucun bon plan!»

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DIGITAL

Le détective numérique
L’entreprise Detectify est née du constat que les sites et les applications de Google, Facebook, PayPal et d’autres géants du numérique contenaient de nombreux défauts et failles de sécurité. La nouveauté, c’est que ce son service propose à ses clients un scan automatique et permanent de leurs services en ligne. Les fondateurs n’ont pas oublié leurs origines: ils collaborent avec un réseau de plus de 100 hackers qui les alertent de tout nouveau risque potentiel. Les clients de Detectify sont informés en direct et reçoivent des instructions sur la façon dont se protéger. La société a levé près de 2 millions de dollars de capital-risque et compte parmi ses clients Le Monde et la plateforme danoise d’avis de consommateurs Trustpilot.

Nicholas Niggli, directeur général du développement économique, de la recherche et de l’innovation du canton de Genève: «Le domaine de la cybersécurité a énormément de potentiel. Digitalisation oblige, les risques sont de plus en plus aigus et les entreprises ont tendance à ne pas assez investir dans des systèmes de protection. La présence en Suisse romande d’entreprises comme Protonmail, leader mondial dans le domaine de messageries chiffrées, montre que ce type d’activité peut avoir un important succès. Les technologies qui sont liées aux compétences spécifiques et au branding suisse ont la possibilité de régater au plan mondial.»

Crowdfunding pour la bonne cause
Classy est devenue depuis sa fondation en 2011 la plus grande plateforme de financement participatif (crowdfunding) aux Etats-Unis dans le domaine social. Des ONG et des associations peuvent y présenter leurs projets et récolter des fonds auprès de particuliers. Depuis son lancement, Classy a reçu près de 50 millions de dollars de la part d’investisseurs. Elle a relayé environ 300’000 campagnes de plus de 3’000 organismes, dont notamment Oxfam (une ONG luttant contre la pauvreté), et récolté plusieurs centaines de millions de dollars. La prochaine étape est le développement de la plateforme en dehors du marché américain.

Nicholas Niggli: «Ce secteur s’est développé plus tardivement en Suisse, même si des exemples de succès existent. La plateforme zurichoise Wemakeit connaît un franc succès depuis sa fondation en 2011. A Genève, nous avons également la plateforme WeCan.Fund qui émerge.»

Airbnb du droit
Seulement 10% des PME qui ont un problème juridique vont se tourner vers un professionnel du droit, notamment par manque de moyens financiers. Pourtant, ces problèmes se ressemblent souvent. La start-up française Openflow propose donc depuis cette année un site web où les professionnels de la branche peuvent revendre leurs documents à d’autres professionnels ou des PME ayant le même genre de problème juridique. Ce sont les utilisateurs qui fixent les prix, Openflow prend une commission sur chaque transaction accomplie.

Nicholas Niggli: «Les services dans le domaine du droit sont souvent limités géographiquement à cause des différences entre systèmes juridiques. Une telle limitation donne une opportunité à des petits acteurs locaux de bien s’établir. La plateforme Law-Rence, qui se développe depuis Genève, est un bon exemple.»

Sensibiliser les salariés à la cybercriminalité
La société américaine KnowBe4 propose des cours en ligne pour des salariés d’entreprise afin de les sensibiliser aux pratiques des cybercriminels. Les fondateurs avaient remarqué que dans 70% des cas de panne informatique dans les entreprises, la faute venait d’un employé. Souvent, un virus est introduit lorsqu’un employé clique sur un lien qui se trouve dans un e-mail. Pour compléter l’offre de ses 14’000 clients, KnowBe4 simule régulièrement des attaques afin de voir comment les salariés réagissent. Le client reçoit ensuite un feedback. La société a doublé ses effectifs entre 2015 et 2016 et compte aujourd’hui une centaine d’employés.

Nicholas Niggli: «L’établissement de cours en ligne MOOCs (Massive open online courses) est une tendance vers laquelle toutes les académies tendent, y compris les meilleures. Les académies romandes se sont construit une vraie renommée dans ce domaine. Ces plateformes vont aider à la transition vers les emplois du futur, sachant que la formation continue tout au long de la vie sera de plus en plus indispensable.»

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Collaboration: Sophie Gaitzsch, Blandine Guignier, Robert Gloy, Julien Calligaro, Alexia Nichele, Marisol Hofmann et William Türler

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Une version de cet article est parue dans PME Magazine.