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De la parité et autres mirages

34% de femmes candidates lors des dernières élections fédérales, ce n’est pas faramineux. Un chiffre qui ne varie plus, entre excuses, regrets et explications bancales.

On ne sait pas trop comment ils sont arrivés à ce chiffre, mais enfin douze mille milliards de dollars, même à la louche ou au doigt mouillé, ce n’est pas rien. C’est en tout cas ce que rapporterait l’égalité des genres en potentiel de croissance économique selon le McKinsey Global Institute, cité par 24 heures.

En politique, cette égalité n’est plus vraiment un thème chez nous. Le Conseil fédéral n’a-t’il pas été, certes brièvement, à majorité féminine et ne compte t’il pas aujourd’hui encore trois femmes sur 7? Sauf que cela fait 20 ans que le taux des candidatures féminines sur les listes électorales pour les scrutins fédéraux n’a plus bougé. 34% et des poussières ce n’est pas rien non plus, mais enfin on est encore loin du fifty-fifty cher aux suffragettes infatigables d’une stricte parité.

Pour commenter cette maigre part du féminin en politique, deux attitudes possibles. Celle d’abord de la directrice du bureau de l’égalité Sylvie Durrer. Qui consiste en gros à nous faire amèrement regretter la situation en soulignant tout ce que l’on rate à se privant d’une forte représentation féminine. En soutenant donc la supériorité politique des femmes. Non contente de s’intéresser à des sujets que snobent les Neandertal en costumes cravates — «l’accueil extrafamilial des enfants, l’égalité salariale ou encore le soin aux personnes âgées ou aux malades» — la femme politique serait aussi «un peu plus pragmatique» que son homologue masculin et aurait «davantage une vision à long terme».

L’autre façon, c’est de battre sa coulpe, de se faire honte, d’expliquer, comme le président du PDC Christophe Darbellay, que si les femmes ne sont pas plus nombreuses en politique c’est parce que la politique ne les mérite pas. Parce que la politique, monsieur, c’est sale: «Regardez les commentaires sur Facebook, c’est le restant de la colère de Dieu! Je pense que cela convient moins aux femmes, qui sont plus pragmatiques et accordent plus d’importance à trouver une solution».

La pirouette est prometteuse et le filon semble bon. Autant s’y engouffrer. En prétendant par exemple qu’il existe peut-être des bastions masculins autrement intéressants à prendre. Autrement valorisants, captivants et réjouissants que la politique. Tandis que certaines femmes, comme au Pakistan en sont à s’immoler par le feu pour protester contre le refus de policiers d’enregistrer leurs plaintes pour viol, dans des sociétés qu’on osera dire plus avancées, les femmes s’attaquent aux citadelles réputées les plus inexpugnables.

Prenons au hasard le bon pays de Vaud, plus au hasard encore le comptoir, et son célèbre concours Jean-Louis couronnant le meilleur dégustateur. Cette année c’est une femme qui l’a emporté, quand il y a peu encore ces dames étaient interdites de carnotzet ou quasi.

Les plus bûcherons d’entre nous tenteront de se consoler en se disant qu’au moins il leur reste, disons, le foot. Autogoal. Ce n’est pas d’hier que les figures angéliques se mêlent dans les stades aux habituelles faces de brutes. Les mauvaises langues auront beau prétendre que le ballon rond, les femmes font semblant d’aimer ça, par pur altruisme, comme elles font semblant de comprendre la pourtant si élémentaire règle du hors-jeu.

Qu’importe, la révolution est en marche et rien ne l’arrêtera. On en est déjà à voir un club espagnol de première division, certes pas le plus prestigieux, Getafe, dans la banlieue de Madrid, proposer une application permettant aux supporters et supportrices de faire connaissance, plus si entente, dans et aux abords du stade. Avec un slogan qui va droit au cœur: «Le Getafe CF est l’une des équipes avec le plus faible nombre d’abonnés de la Liga. Que peut-on y faire? C’est très simple: nous reproduire». Nous voilà très loin de la parité? Pas si l’on tient compte qu’il ne s’agit que de football et que l’erreur que font toujours les non-initiés avec le foot, c’est de lui en demander trop.